Recomposition politique et sociale : LUTTE DE CLASSE EN FRANCE dans "Le Monde diplomatique"

Geoffroy Roux de Bézieux pdt du Medef et Emmanuel Macron : des deux qui est le partron ?

Commun COMMUNE

le blog d'El Diablo

Un article à lire d'urgence...

Par Serge Halimi et Pierre Rimbert  [Le Monde Diplomatique]

Au mouvement des « gilets jaunes » le chef de l’État français a répondu en lançant un « grand débat national ». Ce genre d’exercice postule que les conflits sociaux s’expliquent par des problèmes de communication entre le pouvoir et ses opposants, plutôt que par des antagonismes fondamentaux. Une hypothèse hasardeuse…

La peur. Pas celle de perdre un scrutin, d’échouer à « réformer » ou de voir fondre ses actifs en Bourse. Plutôt celle de l’insurrection, de la révolte, de la destitution. Depuis un demi-siècle, les élites françaises n’avaient plus éprouvé pareil sentiment. Samedi 1er décembre 2018, il a soudain glacé certaines consciences. « L’urgent, c’est que les gens rentrent chez eux », s’affole la journaliste-vedette de BFM TV Ruth Elkrief. Sur les écrans de sa chaîne défilent les images de « gilets jaunes » bien déterminés à arracher une vie meilleure.

Quelques jours plus tard, la journaliste d’un quotidien proche du patronat, L’Opinion, révèle sur un plateau de télévision à quel point la bourrasque a soufflé fort : « Tous les grands groupes vont distribuer des primes, parce qu’ils ont vraiment eu peur à un moment d’avoir leurs têtes sur des piques. Ah oui, les grandes entreprises, quand il y avait le samedi terrible, là, avec toutes les dégradations, ils avaient appelé le patron du Medef [Mouvement des entreprises de France], Geoffroy Roux de Bézieux, en lui disant : “Tu lâches tout ! Tu lâches tout, parce que sinon…” Ils se sentaient menacés, physiquement. »

Assis à côté de la journaliste, le directeur d’un institut de sondage évoque à son tour « des grands patrons effectivement très inquiets », une atmosphère « qui ressemble à ce que j’ai lu sur 1936 ou 1968. Il y a un moment où on se dit : “Il faut savoir lâcher des grosses sommes, plutôt que de perdre l’essentiel” (1)  » […]

LA SUITE EN LIEN CI-DESSOUS : 

Lutte de classes en France

https://www.monde-diplomatique.fr/2019/02/HALI

Comments

[Jean-Yves LEBLANC]

Cet article dit toute une série de choses justes: Recomposition politique et sociale, Clarification sociologique, Brouillage idéologique ... Pourtant, à mon avis, il n'est pas pertinent. C'est à dire qu'il ne dit pas, ou pire esquive, les choses fondamentales qui s'imposent désormais depuis le mouvement des gilets jaunes.

Que EELV, la CFDT ou le PS rejoignent le front uni de la bourgeoisie n'a rien d'une recomposition politique. C'est simplement leur vocation.
Ce qu'il faut relever, par contre, c'est la véritable recomposition politique, celle qui fait mal et qui est en train de s'opérer à grande vitesse au sein de la gauche radicale et qui l'amène à ressembler de plus en plus au PS. De ce point de vue, le mouvement des gilets jaunes a précipité la chute des masques. Le signe de cette recomposition? Depuis 14 semaines, les gilets jaunes sont SEULS et ils le resteront jusqu'à l'extinction du mouvement.

Le PCF et la CGT ex-moteurs du peuple font particulièrement fort. Non seulement ils ne prennent pas part au mouvement mais ils prennent des positions carrément provoquantes tant sur les gilets jaunes que sur le Vénézuela ou Annie Lacroix-Riz. Quant à FI, au-delà de son soutien verbal aux GJ, elle donne un solide coup de barre européiste et sociétal et vire ses éléments les plus souverainistes et populistes.

De cette recomposition-là, Halimi et Rimbert ne parlent pas et pourtant il n'est pas anodin qu'un des principaux mouvements populaires de l'histoire récente soit boudé par la gauche soi-disant radicale!

A propose de brouillage idéologique, l'article dit:
"Cet hiver, les revendications de justice fiscale, d’amélioration du niveau de vie et de refus de l’autoritarisme du pouvoir occupent bien le devant de la scène, mais la lutte contre l’exploitation salariale et la mise en accusation de la propriété privée des moyens de production en sont largement absentes."
On croit rêver: Parmi ceux qui ont vocation de mettre en accusation l'exploitation et la propriété privée, qui donc le fait (a part quelques groupuscules inaudibles)? la CGT? le PCF? FI ? Comment les gilets jaunes pourraient-ils le faire alors qu'il sont avant tout (et c'est leur force) un mouvement de ras-le bol populaire? N'est-ce pas le rôle des "avant-gardes" politiques d'instiller une dimension socialiste aux luttes? Là encore, Halimi et Rimbert ne disent pas (ou n'osent pas dire) l'ampleur du désastre à gauche. La gauche radicale, elle aussi recrute sa clientèle parmi les "classes intermédiaires" et, comme la social-démocratie, elle est en train de tourner le dos au peuple. De ce fait, penser que le mouvement des GJ pourrait bénéficier aux forces "populistes" de droite est tout à fait justifié mais à qui la faute? Et quand on voit la Miterrandisation de Mélenchon et l'enfoncement du PC et de la CGT dans la collaboration de classes, on acquiert la certitude qu'il n'y a aucun changement de cap à attendre.