Les actionnaires de LVMH, dont l'entreprise Louis Vouitton, et en premier ses administrateurs, touchent chaque année un pactole en augmentation constante. Ces profits suffiraient à réduire nombre d'injustices subies par ceux qui ne spéculent pas en Bourse.
Et LVMH n'est qu'une valeur parmi celles du CAC 40. Celle qui personnifie le luxe dans notre pays. La fortune de Bernard Arnault a crû de 3,8 milliards de dollars sur un an. Son PDG, l'homme le plus riche de France, accapare pour lui seul 85,9 milliards USD - plus qu'il en est dépensés pour le budget de l'Education Nationale...!
Et Macron comme son ministre prétendent qu'il n'y a pas d'argent pour augmenter les salaires des enseignants et pour construire des écoles !
Et LVMH n'est qu'une des sociétés du CAC 40 ...
Avec la seule fortune de Bernard Arnault , tous les SDF pourraient être relogés décemment.
Mais les privilégiés ne l'entendent pas de cette oreille. Ils défendent le système économique - le capitalisme mondialisé et financiarisé - qui fait d'eux les maîtres de la France, qu'ils considèrent comme leur bien propre. Et pour plus de sûreté, ils ont placé à l'Elysée un des leurs, chargé de généraliser le pillage de notre pays par les hommes du CAC 40. Et de les protéger de la colère populaire.
C'est toute l'histoire des gilets jaunes, de leurs manifestations, et de la répression policière et judiciaire dont ils sont l'objet.
C'est ce conflit de classe que nous analysons ci-dessous.
"Ca n'empêche pas Nicolas" :
Au XVIIIème acte de la mobilisation des gilets jaunes, la violence a envahi les Champs-Elysées : banques, commerces de luxe, le Fouquet's, sont dévastés. Des blessés de part et d'autre. Les pavés volent et les grenades lacrymogènes pleuvent.
Actes "révolutionaires" ou provocations de minorités, qui servent le pouvoir ?
Ou simplement exaspération d'une part de la population, qui voit dans l'affrontement le seul moyen d'être entendu ?
D'abord, la violence sociale est quotidienne depuis de nombreuses années. Elle s'étend de gouvernement en gouvernement et frappe une population chaque jour plus nombreuse. Cette violence touche de plus en plus de Français, jusqu'ici préservés.
On pense aux milliers de gens contraints, faute de revenus, de vivre dans la rue par les froids les plus rigoureux. Les statistiques officielles attestent de la hausse en France des sans-abri. 3622 SDF dénombrés à Paris contre 3035 en 2018. Et cela alors que tant d'appartements sont inoccupés à Paris.
Et pour ceux qui sont logés, des centaines de miliers de ménages et de retraités doivent sacrifier les dépenses de chauffage, leurs maigres pensions ne suffisant plus à couvrir les dépenses contraintes, et une alimentation plus que sommaire. De nombreux Français ne se soignent plus ou se soignent mal :ils ne vont plus, malgré la Sécu, consulter les spécialistes, aux honoraires largement non remboursés. Et de plus, ils sont privés d'hôpitaux de proximité.
La pauvreté jusqu'à la détresse conduit à réduire l'hygiène domestique, faute de pouvoir acheter du savon...!
On pourrait à l'infini, multiplier les chiffres de la misère galopante dans notre pays
Et à l'autre pôle, le clan des Riches où tout va très bien, et même de mieux en mieux.
Les journaux financiers annoncent, véritables bulletins de victoire :
L’année 2018 a été une année record en matière de redistribution aux actionnaires des entreprises du CAC 40. Comme l’indique l’étude annuelle réalisée par les auteurs de La Lettre Vernimmen.net, citée par Les Echos, 57,4 milliards d’euros (dont 10,9 milliards de rachat d’actions) ont ainsi été redistribués.
Ces chiffres représentent une hausse de 12,8% sur un an et de 62% par rapport au plus bas de 2009, notent Les Echos. Avec 92 milliards d’euros de bénéfices en 2017, le CAC 40 avait par ailleurs réalisé sa meilleure performance depuis 10 ans.
Le fossé, qui s'accroît entre le très grand nombre de pauvres et la minorité des très riches, est devenu de plus en plus insupportable. Il génère colère et révolte. Ainsi est né le mouvement des Gilets jaunes en novembre 2018 dans nos villes et nos campagnes, avec l'éclosion des ronds-points qui réclament justice.
Le paysage de la France en est transformé.
Le pouvoir direct de l'oligarchie financière se trouve ainsi confronté à une force populaire qui contrecarre ses ,objectifs, et l'oblige, un temps, à temporiser car l'opinion leur est favorable à 80%. Les médias pris de court en novembre contraints de publier des reportages sur l'évènement, popularisent de ce fait les nouveaux Robins des Bois.
Certes, Emmanuel Macron escompte l'essoufflement du mouvement. Et pour tenter de disqualifier celui-ci, un moment, fait courir le bruit que nombre de ceux qui s'habillent en gilets sont des "fachos", antisémites chevronnés, voués au culte Le Pen...
Une campagne qui ne prend guère face à la réalité. Les Français ne s'en laissent pas accroire.Le mouvement s'est bien accroché au terroir.
Et mois après mois, tous les samedis, les gilets jaunes mobilisent en province comme à Paris.
Des violences, le 1er décembre, déjà ont lieu aux Champs-Elysées. Le luxe, des hôtels particuliers sont visés. Le patronat prend peur Des consignes sont données : "Versez des primes (défiscalisées) aux salariés des entreprises du CAC 40" pour les neutraliser...
Le président de la République et son gouvernement usent, eux, de la répression : arrestations préventives, mises en examen, condamnations. La matraque jusqu'aux balles sont utilisées, des dizaines de gilets jaunes sont éborgnés.
Les semaines se suivent et se ressemblent.
Et les gilets jaunes sont toujours là.
Certes, les chiens de garde du grand capital crient en meute contre ces pelés, ces galeux d'où viendrait tout le mal. Les manifs sont moins massives avec le temps qui passe, un pouvoir qui se raidit. Mais la détermination des manifestants est intacte. La colère monte d'un cran. Celle-ci fait monter au créneau des groupes organisés, Black Block et autres qui croient en l'action violente. Certains se réclament de l'Anarchie. Ils font valoir que les démonstrations tranquilles ne mènent à rien : ils prônent l'affrontement.
Le 16 mars aux Champs-Elysées, ils ont voulu le démontrer.
Est-ce la bonne solution pour accoucher d'une révolution ?
Les expériences historiques de l'anarchie, tant en Russie tsariste qu'en France au début de la Troisième République, ne plaident pas en faveur de cette stratégie. Ces groupes qui n'étaient pas prémunis contre l'infiltration policière et les provocations du pouvoir, pouvaient-ils conquérir le pouvoir sans le soutien des masses ?
Les Marxistes ont répondu non. Et de plaider pour un Parti centralisé, organisé, s'appuyant sur un peuple acquis à ses idées. Lénine et ses compagnons ont ainsi réalisé la révolution bolchevique d'Octobre 1917 en Russie. Mais depuis, les expériences révolutionaires qui ont réussi n'ont pas emprunté le même chemin, ni à Cuba, ni à Pékin.
Face à l'oligarchie financière et à l'Etat accaparé par le pouvoir macronien qui gère la France à son profit, il faut tenir compte de la situation réelle du pays, bien analyser les rapports de force, déterminer qui est l'ennemi principal dans un moment donné. Il est nécessaire de réaliser les alliances nécessaires pour rassembler toutes les couches victimes afin d'atteindre les objectifs prioritaires comme jalons en direction d'une nouvelle révolution.
Et ceci nous conduit à soutenir sans réserve dans sa diversité le mouvement des nouveaux sans-culottes, les gilets jaunes, contre Macron et ses aristocrates de la Finance.