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La Russie et la Chine musclent leur coopération économique et stratégiqueSource: Sputnik
Réunion russo-chinoise au Kremlin le 6 juin.

RT France

Depuis la crise ukrainienne de 2014, la coopération entre la Russie et la Chine a connu un développement exceptionnel. A l’occasion de la visite de Xi Jinping en Russie, l’équivalent de 20 milliards d’euros de contrats a été annoncé.

Vladimir Poutine et Xi Jinping ont signé le 5 juin au Kremlin une déclaration commune sur l'établissement d'un «Partenariat global et d’interaction stratégique pour une nouvelle ère». Depuis sa prise de fonction en mars 2013, le président chinois s’est déjà rendu huit fois en Russie. Mais la visite de cette année revêt une importance particulière parce qu’elle coïncide avec le 70e anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques entre la Chine et la Russie.

Lors de la conférence de presse commune qui a suivi la rencontre entre les deux dirigeants au Kremlin, le président russe a confié qu’ils avaient discuté «en détail» des relations économiques entre les deux pays et a précisé : «La Chine tient fermement la position de premier partenaire commercial de la Russie. L'année dernière, les échanges commerciaux ont augmenté d'un quart pour atteindre un record de 108 milliards de dollars (96 milliards d’euros) […] Une trentaine de projets d'investissement d'une valeur totale de 22 milliards de dollars sont en cours avec nos partenaires chinois et des capitaux chinois. Une partie substantielle de ces fonds est investie dans des projets dans l'Extrême-Orient russe [3,5 milliards de dollars].»

Cité par l’agence Chine nouvelle, le président Xi Jinping a pour sa part exhorté les deux pays à «renforcer leur coopération économique et commerciale, à promouvoir la coopération sur les grands projets stratégiques et dans les domaines émergents, et à renforcer leur coopération au niveau local, ainsi qu'en matière d'économie et de commerce, et dans les secteurs de la technologie, de l'aérospatiale, de l'interconnectivité, de l'agriculture et de la finance».

 

Dé-dollarisation des échanges russo-chinois

 

Les deux Etats ont aussi profité de la rencontre de leurs dirigeants pour renforcer la dé-dollarisation de leurs échanges en signant une série d’accords visant à développer l'utilisation du yuan et du rouble dans les opérations financières bilatérales.

A l’issue de la rencontre, l’entreprise nucléaire russe Rosatom et la Compagnie nucléaire nationale chinoise ont conclu un accord portant sur la construction des troisième et quatrième réacteurs de la centrale nucléaire de Xudapu, dans le nord-est de la Chine. Les travaux, dont le coût est évalué à 1,5 milliard d’euros, devraient commencer en octobre 2021.

Le Fonds d’investissement direct russe (RDIF), la plateforme de commerce en ligne chinoise Alibaba et la société de services internet russe Mail.Ru sont en outre convenus d’investir l’équivalent de 340 millions d’euros dans une joint-venture de commerce électronique. Alibaba contribuera pour un montant avoisinant 90 millions d’euros, le reste étant financé par la partie russe.

 

Un fonds d'investissement commun pour l'innovation

 

Le RDIF a également signé un accord avec la société d’investissement China Investment Corporation (CIC) en vue de créer un fonds commun pour l’innovation scientifique, en s'engageant à y investir l’équivalent d’un milliards d’euros.

Iouri Ouchakov, sherpa du président russe pour les affaires internationales, a en outre confié que les parties russe et chinoise devraient discuter de collaboration industrielle dans des projets aéronautiques comme la construction d’avions gros porteurs et d'hélicoptères.

Selon Iouri Ouchakov, l’énergie est toujours la «locomotive» de la coopération entre les deux Etats. Des entreprises des deux Etats sont notamment impliquées dans plusieurs projets énergétiques de grande envergure, comme l’usine de liquéfaction de gaz de la presqu’île de Yamal et le gazoduc Force de Sibérie

 

Great Wall Motors (GWM), l’un des plus importants constructeurs automobiles chinois, a par ailleurs ouvert une nouvelle usine pour l’assemblage complet de ses véhicules de la marque Haval dans la région de Toula, dans l’ouest de la Russie. L'investissement initial dans le projet, basé dans le parc industriel d'Ouzlovaïa, est d’environ 450 millions d’euros et GWM doit encore y investir près de 300 millions d’euros dans les années à venir. L’usine devrait produire 80 000 véhicules par an avec un objectif de 150 000 véhicules d'ici quelques années.

 

La guerre commerciale sino-américaine comme toile de fond

 

Le contexte de guerre commerciale entre la Chine et les Etats-Unis pourrait aussi contribuer à renforcer la coopération industrielle entre Moscou et Pékin. Dans une interview accordée à l’agence de presse russe Ria Novosti, He Zhenwei, secrétaire général de la China Overseas Development Association (CODA), a confié étudier la possibilité de transférer en Russie une partie de la production de nombreuses PME chinoises affectées par le relèvement des droits de douane auxquels sont soumises leurs exportations vers les Etats-Unis.

Enfin, le rôle de la Russie comme corridor de fret terrestre entre la Chine et l’Europe s’est considérablement renforcé ces dernières années dans le cadre de l’initiative chinoise des Nouvelles routes de la soie. Selon des données de la Société des chemins de fer chinois citées par le quotidien russe Kommersant, le fret ferroviaire passant par la Russie est passé de 58 à 4 600 convois, représentant 270 000 conteneurs entre 2014 et 2018 avec une augmentation de 34% l’an passé.

Plus discrète, la coopération militaire s’est également intensifiée, et, selon l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (SIPRI), la Russie a représenté sur la période 2014-2018 70% des importations chinoises d’armements, constituées en grande partie de systèmes de défense antiaérienne S-400 et de chasseurs multirôles Sukhoï-35. 

Enfin, les échanges touristiques ont également le vent en poupe avec le doublement du nombre de touristes chinois (de 860 000 à 1,6 million) s'étant rendus en Russie entre 2014 et 2018.


Lire aussi : Sommet de l'OCS : après le fiasco du G7, la relation Russie-Chine «encore plus forte» ?

Tag(s) : #Chine - RUSSIE
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