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Michel Pinçon & Monique Pinçon-Charlot, Le président des ultra-riches, Zones, 2019

et consumimur igni

Michel Pinçon & Monique Pinçon-Charlot, Le président des ultra-riches, Zones, 2019

Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot se sont fait une spécialité de dénoncer la classe des riches et donc de leur comportement misérable qui mène forcément et logiquement à l’affrontement avec la classe des pauvres. Ils avaient il y a quelques années publié un ouvrage qui s’en prenait à un autre président, Nicolas Sarkozy, ils l’avaient intitulé Le président des riches[1]

C’était en 2010. On ne s’en souvient plus, mais Sarkozy était désigné comme une sorte de parvenu au service d’une oligarchie sans complexe. On appelait cela la droite décomplexée, et certains trouvaient même que Sarkozy était bien trop timide dans ses réformes néo-libérales.

Aujourd’hui, ceux-là sont servis ! On est passé du président des riches au président des ultra-riches. Et encore sans complexe qui plus est. Avec Macron on a franchi un cap dans la mise en scène de la violence des riches : non seulement ils se comportent en prédateurs, mais ils affichent une morgue qui nous fait revenir à des siècles en arrière.

Bien entendu Macron s’est un peu calmé, les gilets jaunes l’y ont forcé. Ce que décrivent Pinçon et Pinçon-Charlot, c’est une classe en ordre de marche qui vise à en écraser une autre, comme jamais. Cette formidable régression est sans doute très bien symbolisée dans le personnage de Macron, le président-fou, qui, en s’affranchissant de toutes les règles de la bienséance commune, dévoile ce qu’est au fond le pouvoir du capital.

Rien ne retient Macron dans son illumination qui le conduit à croire qu’il est une réincarnation de la monarchie. Cette seule référence plus que réactionnaire aurait dû faire comprendre que Macron était complètement cinglé.  

Michel Pinçon & Monique Pinçon-Charlot, Le président des ultra-riches, Zones, 2019

 
 

L’ouvrage se divise si on peut dire en trois parties : d’abord la description d’un réseau endogamique qui choisit Macron comme marionnette porteuse de son projet, comme d’autres, Branco, Ruffin et quelques autres, les auteurs démontrent que Macron ne s’est pas fait tout seul, il a été fabriqué. Il est le résultat d’un milieu où s’entremêlent les grandes fortunes et les grands corps de l’Etat, à commencer par les écoles où on les forme, l’ENA. C’est ce qui a peut-être évolué le plus au fil des années, les privilégiés qui sont formés, payés d’ailleurs, par l’Etat, utilisent cette formation et ces moyens contre l’Etat en tant que représentant de la collectivité.
 

C’est le pantouflage qui permet à un vulgaire Macron de faire des allers-retours du public au privé, puis de se targuer ensuite qu’il a l’esprit d’un chef d’entreprise, alors qu’au mieux il s’agit d’un détournement des moyens de l’Etat quand il va s’enrichir chez Rothschild. Il n’est pas le seul, il y a toute une frange de hauts fonctionnaires dont on ne peut plus distinguer quel jour ils ont servi la collectivité, tellement ils ont été obsédés par leur enrichissement personnel qui leur permettra de consommer comme des riches, de se retrouver avec eux dans les mêmes lieux, et pour cela se sont mis au service d’une classe. 

Michel Pinçon & Monique Pinçon-Charlot, Le président des ultra-riches, Zones, 2019 

Evaluation de la politique fiscale macronienne 

Le second point traité par les auteurs est le formidable transfert de richesses que Macron a effectué des pauvres vers les riches. Ce sont des milliards d’euros qui ont été détournés du financement des besoins collectifs vers la satisfaction des besoins de la classe la plus privilégiée. Le CICE, 40 milliards, l’abrogation de l’ISF, près de 5 milliards, baisse des impôts pour les plus riches et pour les entreprises, etc. On sait que ces transferts justifiés par des économistes stupides comme Aghion ou Cette au nom de la croissance et de l’emploi n’ont jamais eu aucun effet sur la croissance et sur l’emploi, mais cela a arrondi les fins de mois des actionnaires.

C’est plus une politique économique, c’est du banditisme. Macron et sa bande, au nom de la confiance nécessaire pour faciliter la vie des investisseurs, a refusé par ailleurs de s’attaquer aux niches fiscales et à la fraude fiscale : cet ensemble vaut à peu près 200 milliards d’euros, presque le budget de l’Etat central[2] !

C’est de la connivence, du conflit d’intérêt, comme on veut, mais moi j’appelle cela du pillage. Le pire est sans doute atteint avec ce fameux verrou de Bercy qui permet au Ministère des finances de porter ou nom plainte en lieu et place de la justice. Il permet surtout des petits arrangements entre amis : ceux qui ont la main sur les dossiers de la fraude fiscale les monnayeront facilement. Par exemple HSBC était accusé d’avoir fraudé le fisc de 1,6 milliards d’euros, c’est ce qu’un procès public lui aurait coûté, mais Bercy en a décidé autrement : il a été négocié une amende de 300 millions d’euros. Soit un bénéfice net pour la banque d’1,3 milliards.

Un tel service se paie et se monnaye forcément. La presse n’enquête que très peu sur ce genre de turpitude, les hauts fonctionnaires de Bercy restent dans l’ombre, à quelques exceptions près, et peuvent continuer leur sale boulot, tout en balançant des notes vengeresses sur la dette, les déficits et les aides aux plus pauvres qui nous coûtent un pognon de dingue.

Il va de soi que si nous voulons changer un peu quelque chose, il faudra purger Bercy complètement de cette racaille en col blanc, et interdire le pantouflage. Combien de hauts fonctionnaires de Bercy ont pu obtenir des postes bien rémunérés dans le privé ? Ne s’agit-il pas là d’un détournement des ressources de l’Etat ?  

Michel Pinçon & Monique Pinçon-Charlot, Le président des ultra-riches, Zones, 2019

Le troisième aspect, et non des moindres pourtant, c’est l’amour nouveau-riche du couple Macron pour le décorum et ce qui coûte cher. Car on n’est pas un vrai riche si on ne consomme pas stupidement. Les Macron, bien que venant chacun d’une famille aisée, sont des parvenus, avec les goûts de chiottes qui vont avec. La vieille Brigitte Macron dépense un pognon de dingue en maquillage et en perruque pour tenter de mieux passer à l’image. Et bien sûr la presse complice ne met en avant que des photos retouchées sous la surveillance de Mimi Marchand, l’ex-délinquante qui s’occupe contre une rémunération de dingue de la commercialisation des images de Brigitte Trogneux.

C’est pourquoi j’ai été très étonné de voir la photo ci-dessous dans le journal Ouest-France qui montre qu’au naturel, en dessous de sa perruque, elle fait bien son âge.

Bien entendu, il ne s’agit pas de moquer une femme vieillissante, tout le monde vieillit. Mais plutôt de dénoncer les mensonges de ce couple. Brigitte Trogneux est représentative de ce nouveau régime, elle n’assume pas son âge : elle ment en permanence derrière un sourire imbécile, mais ça se voit, parce que c’est grossier, parce que c’est laid.  

Au-delà de ces masques, Brigitte Trogneux impose ses goûts de parvenue dans la réfection de l’Elysée pour laquelle elle dépense des millions qui ne sont pas à elle. Comment cette femme qui n’est rien, sauf dotée d’une ambition consumériste démesurée, peut-elle avoir le droit, l’outrecuidance de changer pour 300 000 € la moquette de la salle des fêtes de l’Elysée, et de passer du rouge au gris – tout un symbole comme le soulignent les auteurs – ou de commander pour 500 000 € de vaisselle ?

Le comportement de ces deux arrivistes vulgaires est évidemment pour beaucoup dans la détestation qu’ils engendrent. Les biens de l’Etat ne sont pas les leurs, l’Elysée ne leur appartient pas. Mais il est vrai que quand Macron était ministre de l’économie, il ne s’est pas gêné pour détourner des fonds publics pour son usage personne.

Michel Pinçon & Monique Pinçon-Charlot, Le président des ultra-riches, Zones, 2019

La liste de ces débordements proprement crapuleux est extrêmement longue, certes Macron n’est pas le premier à se servir, mais ses prédécesseurs apparaissent en la matière comme des amateurs. Le comble de la vulgarité affichée de ce couple improbable s’est mise en scène lors de la fête de la musique 2018 à l’Elysée qui a tant choqué l’opinion.

Jamais la fonction présidentielle n’avait été aussi rabaissée : transformer le palais de l’Elysée en boîte de nuit de quatrième catégorie, il fallait y penser ! C’est un point sur lequel les Pinçon-Charlot et Charlot n’insistent pas assez.

Sous ses dehors bien proprets, Macron n’est qu’une vulgaire racaille en col blanc, d’où ses débordements langagiers récurrents, d’où cette admiration qu’il a pour les voyous comme Benalla, ou comme cet ex-braqueur avec qui il aimât se faire prendre en photo – il n’aurait pas osé embrasser un ouvrier ! Fils de grands bourgeois sa tendance naturelle le porte à l’encanaillement. C’est sans doute le fruit d’une adolescence mal vécue, d’un vieux complexe de culpabilité qu’i l’encline à rechercher une punition.

Ce qui m’épate c’est que l’oligarchie ait choisi un tel pantin pour la représenter. Il faut qu’elle soit vraiment à l’agonie pour se lancer dans ce genre d’aventure. 

Michel Pinçon & Monique Pinçon-Charlot, Le président des ultra-riches, Zones, 2019 

Fête de la musique à l’Elysée en 2018 

Les auteurs prétendent faire une analyse sociologique. Je ne sais pas si le mot est juste puisqu’en effet il y a une grande partie de ce livre qui est consacré à l’économie. Mais au fond ce n’est pas important je dirais que c’est un ouvrage sur la lutte des classes en France qui montre d’abord que c’est bien la classe d’en haut qui est responsable de l’affrontement qui se traduira ensuite dans ce qu’on appelle improprement la crise des gilets jaunes et qui n’est que la crise d’un capitalisme finissant. Au moins ils savent dans quel camp ils se trouvent. Ils signalent au passage un fait sur lequel on revient ces temps-ci.

Non content de voir Macron faire voter par ses godillots des lois en sa faveur, l’oligarchie l’a convoqué pour lui demander d’accélérer le calendrier de l’abrogation de l’ISF[3], et évidemment le petit président s’est empressé de souscrire à cette exigence, mais faut il que cette caste soit rapace pour en vouloir toujours plus, alors même que les bénéfices du CAC40 – leur boussole – avaient explosés !

La cupidité n’est pas un horizon politique viable, même enrobé d’un discours fleuri. Tôt ou tard cela se voit et entraîne la haine. Certains oligarques comme Pinault s’en sont inquiétés[4], mais les autres préfèrent continuer encore pour obtenir toujours plus, quitte à instaurer une sorte de fascisme en France. 

Notes :

[1] Zones, 2010

[2] Pour donner un ordre de grandeur, le budget 2019 est évalué à 338 milliards d’euros, et l’impasse budgétaire à un peu plus de 100 milliards. https://www.performance-publique.budget.gouv.fr/sites/performance_publique/files/files/documents/ressources_documentaires/documentation_budgetaire/chiffres_cles/LFI2019-budget-chiffres-cles.pdf

[3] https://www.lepoint.fr/economie/isf-les-grands-patrons-ont-ils-influence-le-choix-du-gouvernement-21-02-2019-2295332_28.php

[4] https://www.ouest-france.fr/politique/emmanuel-macron/pour-pinault-macron-ne-comprend-pas-les-petites-gens-les-macronistes-repliquent-5842590

 
Tag(s) : #Lutte de Classe, #Macron
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