Le gouvernement veut passer outre les règles pour atteindre son projet ambitieux de restauration de Notre-Dame de Paris en cinq ans. Dix jours après l’incendie de l’emblématique cathédrale, Le Monde précise qu’un projet de loi spécial Notre-Dame de Paris a été présenté ce mercredi 24 avril en Conseil des ministres. Il a pour objectif de donner "la possibilité au gouvernement de prendre par ordonnance les mesures d’aménagement ou de dérogation nécessaires pour faciliter la réalisation des travaux" du monument parisien.

Le projet de loi vise en effet à accélérer les procédures pour que la restauration s’achève plus rapidement. Une procédure exceptionnelle qui permettrait au gouvernement de déroger à des obligations en matière de marchés publics et de lois de protection du patrimoine. Le texte législatif donne également le droit au gouvernement de créer un établissement public chargé de concevoir et réaliser les travaux de restauration et de conservation de la cathédrale incendiée le 15 avril dernier. Une dérogation aux règles en vigueur qui inquiète Stéphane Bern, chargé de la mission patrimoine par le chef de l’État. Il s’est en effet dit préoccupé de la création d’une "loi d’exception".

Stéphane Bern inquiet d’une "loi d’exception"

"Cela nous inquiète. Le risque est de créer des précédents. Il y a beaucoup de précipitation. Les lois d’exception, ça m’angoisse toujours", a-t-il confié à l’AFP. Il n’est pas le seul à regretter cette dérogation aux règles du marché public. Jack Lang fait valoir les nombreux chantiers de restauration de monuments à Paris qui ont eu lieu sans déroger aux règles en vigueur. "Nous avons, par le passé, mené à bien des chantiers d’ampleur sans avoir besoin d’une telle disposition. En neuf mois, nous avons redoré ainsi le dôme des Invalides en 1988, et, en quatre ans, nous avons restauré la totalité du palais du Louvre sans aucune dérogation. De même la cathédrale de Strasbourg et beaucoup d’autres chantiers", a détaillé l’ancien ministre de la Culture.

Le Monde précise que la Fédération des professionnels de la conservation-restauration avait déjà regretté mercredi d’être exclue du débat sur la restauration de Notre-Dame de Paris. "Nous avons constaté l’absence totale du terme conservation-restauration au sein des débats, [alors] qu’en matière de préservation, de conservation ou encore de reconstruction seuls le temps long et la concertation garantissent une prise en compte globale, réfléchie, harmonieuse et pérenne des enjeux", a regretté l’organisme.