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L’absence

Le temps des insurrections ? Chili, Colombie, Equateur, mais aussi Hong-Kong, et bien sûr Iran, Irak, Liban, Algérie… Faut-il d’ailleurs ajouter la France, ainsi que la Finlande (où une puissante vague de grèves s’annonce) ? La tentation de l’analogie est grande. Mais elle est périlleuse, tant chaque mouvement est ancré dans des réalités historiques, économiques et sociales, culturelles et politiques propres et dissemblables.

Bien souvent, il s’agit d’incendies qui ont pris tout le monde de court. Mais les similitudes s’arrêtent là. Quel sens y a-t-il à fourrer dans le même sac les manifestants qui ont déferlé à Bogota contre un pouvoir ultra-libéral, et la jeunesse dorée de La Paz réussissant à annuler le verdict des urnes qui venait de reconduire le progressiste Evo Morales ? Ou bien les émeutiers aisés pro-occidentaux de Hong-Kong, et les révoltés de Santiago du Chili, pour qui la hausse du ticket de métro signifie le basculement dans la misère ?

Deux critères, parmi d’autres, permettent de se faire une première idée de chaque mouvement. D’une part la description qu’en proposent les médias dominants : selon que vous défilerez à Caracas pour renverser le pouvoir chaviste, ou à Bogota pour exiger un niveau de vie décent, vous serez salué avec enthousiasme, ou juste évoqué de manière distraite. Et d’autre part leur composition sociale. Ainsi, la fureur du peuple irakien s’exprime en première ligne au travers des plus démunis, notamment la classe ouvrière. Au Liban en revanche, les classes moyennes ont fait figure de moteur du mouvement.

Si l’on veut vraiment établir un trait commun, du moins pour les soulèvements d’inspiration progressiste, il en est un… qui apparaît plutôt en creux : l’absence d’alternative politique. Un manque cruel qui, objectivement, ne laisse pas beaucoup d’espoir aux révoltés. De Bagdad à Beyrouth en passant par Alger, nombreux sont ceux qui refusent même l’idée de porte-parole – ce qui n’est pas sans rappeler l’état d’esprit des Gilets jaunes. Ce rejet de la représentation est compréhensible après l’expérience de la désinvolture et des trahisons des partis politiques traditionnels. Mais elle constitue un fatal handicap. Dans aucun des pays cités – pas plus que dans l’Hexagone – ne s’esquisse une force politiquement déterminée, rigoureusement organisée et idéologiquement cohérente susceptible de porter des perspectives de rupture.

"Contraintes » économiques, ingérences politiques, intoxication idéologique : ces armes font obstacle aux aspirations au progrès et à l’indépendance"

Une absence que les tenants de l’ordre mondialisé cultivent évidemment avec soin, et qui repose en outre sur trois catégories d’entraves. La première est économique : les Etats on été mis en situation d’« interdépendance », c’est-à-dire en réalité de dépendance mutuelle, du fait de la libre circulation des biens et des capitaux : la globalisation des chaînes de valeur vise aussi à désamorcer les révolutions sociales. La deuxième consiste en la mise en place d’institutions intégrées dont l’objectif même est de placer les choix politiques hors de portée des peuples par le vol de leur souveraineté réelle. L’Union européenne en constitue un prototype, et le départ désormais imminent du Royaume-Uni un contre-exemple formidable.

La troisième est idéologique, à l’heure où la pensée dominante tend ...

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Tag(s) : #Ruptures
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