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Source : Libération - 26 mars 2018

Comment on fabrique l'antisémitisme
MIREILLE KNOLL, SARAH HALIMI : QUAND UN MEURTRE DEVIENT-IL "ANTISÉMITE" ?

MIREILLE KNOLL :

RÉACTIVITÉ MÉDIATIQUE ET POLITIQUE

Le meurtre de Mireille Knoll le 23 mars, a été très largement couvert par les médias et dénoncé par toute la classe politique comme un acte antisémite. L'année dernière, celui de Sarah Halimi avait dans un premier temps été très peu traité. Pourtant, les cas sont similaires : des femmes juives, âgées, agressées à leur domicile par un voisin, des meurtres présumés antisémites. Pourquoi cette différence de traitement ?
Nous avons cherché à comprendre.

23 mars 2018 : Mireille Knoll, une octogénaire juive, est retrouvée morte dans son domicile incendié. Le lendemain, dans Le Parisien, elle n'est encore décrite que comme une "femme de 85 ans", décédée "dans un mystérieux incendie." Mais dès le 25 mars,  un jeune voisin qu'elle connaissait et qui avait été vu chez elle le jour des faits, est en garde à vue. On apprend que la victime a été poignardée, elle serait d'après la maire de Paris Anne Hidalgo une rescapée de la Shoah, et le député Meyer Habib la qualifie de rescapée du Vel' d'Hiv'- elle a plus précisément fui la ville de Paris avec sa mère peu de temps avant la rafle du Vel' d'Hiv' lors de laquelle 13 000 personnes ont été arrêtées pour être déportées. Même si elle "doit être encore approfondie", la piste de l'antisémitisme est déjà évoquée. Le 26 mars, le parquet de Paris met en examen deux suspects pour "homicide volontaire". Le caractère antisémite est retenu. Une vieille femme vulnérable, qui a échappé à l'extermination des Juifs pour être assassinée sauvagement chez elle 75 ans plus tard : l'indignation est immense

Dès lors, la couverture médiatique est très importante : la presse met régulièrement à jour les informations sur l'enquête en cours, les journaux télévisés s'en emparent, les journalistes se rendent sur place pour interroger le voisinage. Les politiques de tous bords s'indignent sur Twitter et dans les médias, dénonçant l’antisémitisme. Le 28 mars, lors de la cérémonie d’hommage au gendarme Arnaud Beltrame, tué quelques jours plus tôt après avoir échangé sa place avec celle d’une otage lors de l’attentat de Trèbes, Emmanuel Macron évoque Mireille Knoll, faisant un parallèle entre son meurtre et le terrorisme djihadiste. Le président dénonce ainsi l'"obscurantisme barbare [qui] nie la valeur que nous donnons à la vie, valeur niée par le terroriste de Trèbes, valeur niée par le meurtrier de Mireille Knoll, qui a assassiné une femme innocente et vulnérable parce qu’elle était juive." Le même jour, une marche blanche à l’initiative du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) rassemble des milliers de personnes contre l’antisémitisme.

Une réactivité médiatique et politique qui comporte aussi son lot de rumeurs, d'erreurs ou d'approximations. Par exemple, l’information selon laquelle Mireille Knoll avait déposé une main courante contre son voisin et agresseur, Yassine M., parue dès le premier jour dans Le Parisien, est fausse. 

Tag(s) : #Idéologie
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