Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Résultat de recherche d'images pour "Le monde francophone Carte Images"

1516002626226.jpg 

                                           Le CERMF

         Centre d'Etude et de reflexion sur le monde francophone

La population du monde francophone dépasse

celle de l’Union européenne 

(21/01/2020)

 

 

 

Après avoir dépassé l’espace hispanophone, le monde francophone compte désormais 512,5 millions d’habitants, et vient ainsi de dépasser l’Union européenne, hors outre-mer français (mais Royaume-Uni inclus). Une progression essentiellement due à l’Afrique francophone, dont l’émergence démographique et économique fait toutefois face à une certaine indifférence contre-productive de la France.

 

 

En se basant sur les statistiques démographiques détaillées publiées en septembre 2019 par le PRB (Population Reference Bureau), organisme privé américain et une des références mondiales en matière de démographie, la population du monde francophone, qui avait atteint la barre des 500 millions d’habitants fin 2018, peut être estimée à environ 512,5 millions au 1er janvier 2020. Soit légèrement plus que celle de l’Union européenne, hors outre-mer français (512,4 millions) (1).

 

 

512 millions d’habitants début 2020

 

Cette estimation correspond à la population du monde francophone dans sa définition géographique la plus stricte et la plus sérieuse, qui ne tient compte que des pays et territoires réellement francophones, dans lesquels la population est en contact quotidien avec la langue française, et où l’on peut donc « vivre en français ». Un ensemble qui rassemble 33 pays répartis sur quatre continents, et dans lequel ne sont pas comptabilisés les territoires non francophones de pays comme la Belgique, la Suisse ou le Canada, tout comme un certain nombre de pays membres à part entière de l’organisation internationale de la francophonie (OIF), mais ne remplissant aucun des critères nécessaires afin de pouvoir être considérés comme francophones (tels que le Liban, la Roumanie ou encore le Rwanda). Le français n’y étant pas, seul ou avec une langue locale partenaire, la langue de l’administration, de l’enseignement pour l’ensemble de la population scolaire (au moins à partir d’un certain âge), des affaires et des médias (ou au moins la langue maternelle de la population, sous sa forme standard ou sous une forme créolisée, un peu comme l’arabe dialectal par rapport à l’arabe standard dans les pays du Maghreb).

 

Dans ce vaste espace, qui s’étend sur près de 16,3 millions de km2, soit près de quatre fois l’Union européenne tout entière (et auxquels l’on peut également ajouter les zones économiques exclusives maritimes - ZEE, dont celle, gigantesque, de la France, seconde plus grande au monde avec ses près de 10,2 millions de km2), les cinq premiers pays francophones sont aujourd’hui la République démocratique du Congo (RDC,  88,2 millions d’habitants), la France (67,7 millions, territoires ultramarins inclus), l’Algérie (43,9 millions), le Maroc (36,4 millions) et la Côte d’Ivoire (25,8 millions).

 

Avec une croissance démographique annuelle de 2,2 %, le monde francophone constitue l’espace linguistique le plus dynamique au monde, devant l’espace arabophone (2,1 % et 443 millions d’habitants) (2), et avait dépassé en 2012 l’espace hispanophone dont la population est aujourd’hui estimée à 466 millions d’habitants (+ 1,0 % par an, avec une estimation de population légèrement revue à la baisse par rapport aux précédentes). Une croissance démographique qui devrait demeurer supérieure à celle des autres espaces linguistiques, bien qu’étant sur une tendance baissière comme presque partout ailleurs dans le monde, et qui devrait porter la population du monde francophone à un peu plus d’un milliard d’habitants en 2060. À cet égard, Il convient d’ailleurs de rappeler que ce dernier demeure assez largement sous-peuplé, même en tenant compte des territoires désertiques ou recouverts par de denses forêts équatoriales. À titre d’exemple, sa population actuelle est à peu près égale à celle de l’Union européenne (UE), qui est pourtant répartie sur une superficie près de quatre fois moins étendue.

 

Par ailleurs, il convient aussi de rappeler que le chiffre de 300 millions de francophones fréquemment avancé par l’OIF, ne correspond à aucune réalité économique (seule la population totale d’un pays ou territoire francophone devant être prise en compte pour évaluer l’importance d’un marché), ou encore géopolitique. D’un point de vue social, il est également largement inapproprié pour la simple raison que de nombreuses choses de la vie courante se font en français dans les pays et territoires francophones, où l’ensemble de la population est en contact quotidien avec la langue française, y compris dans les zones les plus reculées (en consultant les médias, en demandant certains services à l’administration publique, en recevant ou en rédigeant une facture…).

 

Toute statistique ne tenant pas compte de l’ensemble de la population des pays et territoires francophones, et diffusée à un large public (au-delà, donc, de certains fonctionnaires, notamment au sein de l’Éducation nationale), n’a donc pour seule et unique conséquence que d’induire en erreur les acteurs et décideurs économiques et politiques, ainsi que l’ensemble de la société civile, en dévalorisant considérablement à leurs yeux le monde francophone et la langue française.

 

 

L’émergence démographique et économique de l’Afrique francophone

 

La progression démographique du monde francophone résulte essentiellement du dynamisme de l’Afrique francophone, qui croît actuellement à un rythme de 2,6 % par an (2,9 % pour sa partie subsaharienne). Ce vaste ensemble de 25 pays rassemble désormais 418 millions d’habitants (ou 81,6 % de la population de l’espace francophone) contre seulement 74 millions en 1950, soit à peu près autant que l’Allemagne seule, à ce moment-là (69,5 millions). Cette même année, la population du monde francophone était d’ailleurs estimée à seulement 128 millions d’habitants, soit quatre fois moins qu’aujourd’hui.

 

Ce dynamisme de l’Afrique francophone se traduit notamment par la montée en puissance des villes africaines, qui occupent désormais huit des dix premières places du classement mondial des métropoles francophones. À partir des dernières données publiées par l’ONU, dans son rapport « Les villes du monde en 2018 », la capitale congolaise, Kinshasa, conforte sa position au sommet du classement avec une population pouvant être estimée à 14,0 millions d’habitants au 1er janvier 2020, et creusant ainsi considérablement l’écart avec la capitale française, Paris (11,0 millions). Suivent ensuite les agglomérations d’Abidjan (5,2 millions), de Montréal (4,2 millions), de Yaoundé (3,9), de Casablanca (3,8), de Douala (3,6), d’Antananarivo (3,3), de Dakar (3,1) et d’Alger (2,8), ville « arabo-berbéro-francophone » à l’instar de Casablanca.  Il est également à noter que la ville de Port-au-Prince, en Haïti, occupe la 12e place (2,7 millions).

 

Mais cet essor démographique s’accompagne également d’un grand dynamisme économique, et notamment en Afrique francophone subsaharienne qui constitue le moteur de la croissance africaine, en plus d’être globalement et historiquement l’espace le plus stable au sud du Sahara (avec le moins de conflits et de tensions ethniques, et avec une moindre criminalité). Ainsi, cet ensemble de 22 pays a enregistré les meilleures performances économiques du continent pendant six des sept années de la période 2012-2018, avec une croissance annuelle de 4,2 % en moyenne (4,9 % hors cas très particulier de la Guinée équatoriale), contre 2,9 % pour le reste de l’Afrique subsaharienne. Un dynamisme notamment dû aux nombreuses réformes accomplies par une majorité de pays afin d’améliorer le climat des affaires et de progresser en matière de bonne gouvernance, et qui est particulièrement important dans les pays de l’UEMOA (en Afrique de l’Ouest francophone), qui continue à être la plus vaste zone de forte croissance de l’ensemble du continent (6,3 % en moyenne annuelle sur la période 2012-2018, et 6,4 % en 2018), en plus d’en être la zone la plus intégrée, devant la CEMAC (qui recouvre une partie de l’Afrique centrale francophone).

 

Enfin, il convient également de souligner que les bonnes performances de l’Afrique francophone s’accompagnent d’un endettement globalement inférieur à celui du reste du continent. À titre d’exemple, et selon les dernières estimations fournies par le FMI en octobre 2019, seuls deux pays francophones font partie des dix pays les plus endettés du continent début 2020 (Djibouti, 5e, et la Mauritanie, 9e).

 

 

Un certain manque d’intérêt de la France

 

Pourtant, force est de constater un certain manque d’intérêt de la France pour l’Afrique francophone, où, et même si elle est assez présente économiquement dans certains pays qui lui permettent de faire globalement à peu près jeu égal avec la Chine en matière de part de marché, en particulier grâce au lien linguistique (environ 11,9 % pour la France dans l’ensemble de l’Afrique francophone en 2016, contre environ 13,7 % pour la Chine), est presque absente d’autres, dont les pays stratégiques que sont la RDC et Djibouti.

Tag(s) : #Histoire, #Géographie
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :