📢📢📢📢 A l'approche des dernières audiences concernant l'extradition vers les Etats-Unis de Julian Assange, voici le communiqué du Syndicat National des Journalistes @SNJ_national, 1ere organisation de la profession en France #FreeAssange
— Fabien Rives (@Fabien_Rives) February 11, 2020
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Le 24 février 2020 marque le début des dernières audiences concernant l'extradition vers les Etats-Unis de Julian Assange, demandée par Washington. Sur le sol américain, le fondateur de la société d’édition WikiLeaks risque jusqu’à 175 années de prison, notamment pour avoir participé à la diffusion de documents concernant des crimes de guerre en Irak et en Afghanistan. ONGs, avocats ou encore parlementaires, les observateurs redoutent que l'extradition de Julian Assange précède la peine de mort pour celui qui est accusé par les Etats-Unis d'espionnage et de divulgation de secrets d’Etat. L’enjeu est crucial pour la liberté d'informer. L'affaire Assange consiste à «présenter le journalisme comme espionnage» afin que «dire la vérité devienne un crime», a récemment déclaré le rapporteur spécial des Nations-Unies sur la torture, Nils Melzer, dans un entretien accordé au média suisse Republik.
Partout depuis des mois, de très nombreuses voix dénoncent l’acharnement de l’administration américaine, avec la complicité de plusieurs Etats, contre un homme qui incarne cette liberté de l’information. Le 27 novembre 2019, dans une démarche conjointe avec les organisations syndicales représentatives de la profession ainsi qu’avec la Fédération Internationale des Journalistes (FIJ), le Syndicat national des journalistes (SNJ) a pour sa part écrit une lettre ouverte au président de la République française pour attirer son attention sur la situation de Julian Assange, lettre restée sans réponse concrète à ce jour. Début février 2020, dans un courrier adressé à l’Elysée, nous avons encouragé la diplomatie française à proposer l’asile politique au fondateur de WikiLeaks.
Le SNJ, première organisation de la profession, appelle ses adhérents à informer les citoyens, par tous les moyens, de l’urgence de la situation qui touche notre confrère australien. Par trois fois en à peine un an, des citoyens français ont traversé la Manche dans le cadre d'actions de soutien à Julian Assange. Un déplacement historique au Royaume-Uni est organisé le 24 février* 2020 pour s'opposer à son extradition sur le territoire américain, action que le SNJ salue.
En créant la société d'édition WikiLeaks en 2006, Julian Assange entendait informer le monde sur ceux qui nous gouvernent. « WikiLeaks est la conséquence d’un secret omniprésent et reflète le manque de transparence de notre système politique moderne, a déclaré Nils Melzer. Si nous ne savons plus ce que font nos gouvernements et les critères qu’ils suivent, si les crimes ne font plus l’objet d’enquêtes, alors cela représente un grave danger pour l’intégrité de la société ».
Rassemblons nos forces pour défendre la liberté d’informer à travers le monde ! Ensemble, exigeons la liberté de Julian Assange.
* Pour participer à l'action de soutien le 24 février 2020 : https://www.facebook.com/events/467998704155446/
Visé depuis 2010 par un enchaînement d'opérations de diffamation le plaçant au cœur d'une affaire de viol imaginaire, Julian Assange a longtemps été soupçonné à tort de délinquance sexuelle sur le territoire suédois. Alors même que la principale intéressée a toujours récusé de telles allégations [1], la Suède a définitivement abandonné ses poursuites en novembre 2019 : Julian Assange est aujourd'hui lavé de tout soupçon à ce sujet.
Fait notable : le calvaire juridique du fondateur de WikiLeaks a débuté au mois d'août 2010, au moment précis où, comme le démontrent des documents révélés en 2014 par le lanceur d'alerte Edward Snowden [2], l'administration américaine venait de solliciter ses pays alliés pour l'ouverture d'enquêtes pénales à l'encontre du fondateur ainsi que des membres de WikiLeaks, qui venait de diffuser quantités de publications compromettantes pour Washington. Après avoir été cloîtré près de sept ans - plus précisément 2 487 jours - dans un appartement de la petite ambassade de l'Equateur à Londres (où nous savons aujourd'hui qu'il a été espionné dans son quotidien par une société espagnole au service de la CIA [3]), Julian Assange a vu son asile politique réduit à néant par l'actuel président équatorien, Lenin Moreno. Si celui-ci l'a officiellement accusé d’avoir violé des conventions internationales, de nombreuses voix se sont élevées pour dénoncer une décision réclamée par Washington, à travers un accord passé avec le FMI [4].
Accusé par les autorités britanniques de ne pas avoir respecté ses engagements en matière de liberté conditionnelle en 2012, le journaliste australien est aujourd'hui enfermé à la prison de Belmarsh, où il a passé plusieurs mois en isolement, bien que libérable depuis le 22 septembre 2019. Sa santé s'étant significativement détériorée ces derniers mois, des médecins estiment que sa vie est en danger [5]. Dénonçant le non-respect des normes onusiennes concernant les périodes d'isolement imposées à Julian Assange, le rapporteur de l’ONU sur la torture Nils Melzer pointe aujourd'hui «les dommages cognitifs et neurologiques» causés au journaliste australien. Pour rappel, en fondant sa société d'édition en 2006, Julian Assange a rendu possibles les fuites les plus massives du 21e siècle, abondamment reprises par les médias internationaux et notamment par la presse française. Entre autres révélations permises par Wikileaks : le meurtre de deux journalistes de l'agence Reuters tués en 2007 par des soldats américains en Irak, les conditions de détention dans la prison de Guantanamo ou encore l'espionnage américain des présidents français dans les années 2000 [6].
Le travail de Julian Assange lui a valu de nombreuses récompenses dont plusieurs prix de journalisme : en 2009, il fait par exemple partie des gagnants dans la catégorie «nouveaux médias» à l'Amnesty International Media Awards ; en 2011, il obtient le prix du journalisme Martha Gellhorn ainsi que le prix de la Walkley Foundation for Journalism pour «contribution majeure au journalisme», en 2019 il se voit attribuer le prix du Club des Journalistes de Mexico, etc.
[1] https://www.republik.ch/2020/01/31/nils-melzer-about-wikileaks-founder-julian-assange
[6] https://wikileaks.org/nsa-france/index.fr.html
* Pour participer à l'action de soutien le 24 février 2020 : https://www.facebook.com/events/467998704155446/
Le communiqué sur le site du SNJ : http://www.snj.fr/article/julian-assange-emprisonn%C3%A9-et-menac%C3%A9-dextradition-agissons-pour-d%C3%A9fendre-la-libert%C3%A9-dinformer-908970009
Le rappel des faits sur le site du SNJ : http://www.snj.fr/article/affaire-julian-assange-petit-rappel-des-faits-123526927