Guillaume Faury (sur les écrans et au centre) lors de la conférence de presse annuelle du groupe le 13 février 2020 au siège d'Airbus à Blagnac dans le sud-ouest de la France (illustration).
Les mesures prises pour endiguer l’épidémie mondiale de Covid-19, ont déjà coûté au géant européen de l’aéronautique un tiers de sa production. Le président d’Airbus prépare les esprits à une restructuration coûteuse en emplois.
Dans une lettre adressée aux 135 000 employés du groupe à la fin de la semaine dernière, le président d’Airbus Guillaume Faury, a déclaré que le groupe «saignait de l'argent à une vitesse sans précédent» et que la baisse récente de plus d’un tiers du rythme de production ne reflétait pas le pire des scénarios.
En effet, les mesures de confinement imposées un peu partout dans le monde ont quasiment interrompu les livraisons d’avions commerciaux depuis la mi-mars. L’action du groupe aérospatial européen a clôturé en baisse de 2,4% ce 27 avril après avoir enregistré en cours de séance une des plus fortes baisses de l'indice CAC40.
Airbus a publié le 29 avril une perte nette de 481 millions d'euros au premier trimestre, contre un bénéfice net de 40 millions d'euros un an plus tôt. Le chiffre d'affaires a lui affiché une baisse de 15,2% sur les trois premiers mois de l'année, à 10,6 milliards d'euros.
La compagnie a commencé à mettre en œuvre des programmes de chômage partiel en France en avril pour quelque 3 000 travailleurs en France. Mais, dans sa lettre, Guillaume Faury prévient que des mesures à plus long termes pourraient se révéler nécessaires.
«La survie d'Airbus est en question si nous n'agissons pas maintenant», a-t-il ajouté. Le 27 avril, Airbus a mis en chômage partiel 3 200 personnes dans son usine de Broughton au Pays de Galles, où s’est déjà accumulé un stock d’ailes d’avions construites en surnombre en prévision de la sortie de la Grande-Bretagne de l'Union européenne.
Vers 10 000 suppressions de postes cet été ?
Des «sources dans l’industrie» citées par Reuters affirment qu’un plan de restructuration prévoyant 10 000 suppressions d'emplois pourrait être lancé cet été, et Guillaume Faury a annoncé qu'Airbus explorait déjà «toutes les options» en attendant d’y voir plus clair sur les futurs besoins du marché de l’aéronautique civile.
Des sources proches du dossier citées oar Reuters affirment qu'Airbus est également en pourparlers actifs avec les gouvernements européens au sujet des plans d’aide pour aider les industries en difficulté, y compris des milliards d’euros de prêts garantis par l'Etat. Plus tôt dans le mois, Airbus a restructuré ses lignes de crédit «le temps de s'adapter et de se redimensionner», selon les termes de la lettre du président de l’avionneur européen. Les responsables syndicaux français se préparent d’ores et déjà à une restructuration majeure cet été et ont promis de défendre les emplois.
Un tiers d'activité en moins
Pour endiguer les sorties de trésorerie, Airbus a annoncé ce mois-ci une réduction de la production de la gamme des A320 et A 321 d'un tiers à 40 appareils par mois. Sur le segment des gros porteurs comme les A330 et A350, la baisse de charge pourrait atteindre jusqu'à 42% par rapport à l’année dernière.
«En d'autres termes, en seulement quelques semaines, nous avons perdu environ un tiers de notre activité», écrit Guillaume Faury dans la lettre, ajoutant que ce n'est pourtant «pas le pire des scénarios» auquel Airbus aurait pu être confronté. Début avril des sources citées par Reuters envisageaient même des réductions de production allant jusqu’à 50%. Le rival américain Boeing n’est guère mieux loti et devrait lui aussi annoncer dans les prochains jours des suppressions d’emploi et une chute brutale de sa production mensuelle de 787 à six appareils seulement.
Malheureusement, l'industrie aéronautique va émerger dans ce nouveau monde beaucoup plus faible et plus vulnérable que ce que nous avons connu
Faisant face à une situation financière plus dégradée que son concurrent européen en raison des difficultés du 737 Max, Boeing a dû renoncer la semaine passée à sa «fusion» (dans les faits une absorption) avec le constructeur brésilien Embraer.
Dans sa lettre, le patron d’Airbus précise que le nouveau plan de production réduit sera maintenu le temps de procéder à une évaluation plus approfondie du marché, ce qui pourrait prendre deux et trois mois. Jusqu'à présent, les analystes et les compagnies aériennes ont pour la plupart évoqué une récession sectorielle qui pourrait durer de 3 à 4 ans. «Malheureusement, l'industrie aéronautique va émerger dans ce nouveau monde beaucoup plus faible et plus vulnérable que ce que nous avons connu», prophétise également Guillaume Faury.
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Certes, ce dernier ne sera pas versé en 2020.
Mais, les années précédentes, des salariés aux cadres,le personnel a-t-il vu sa feuille de paye plus que doubler comme le dividende des actionnaires, alors que c'est bien le personnel qui est à l'origine des performances des avions Airbus. ?
Si Airbus était société nationale au sens de sa possession, la somme globale versée aux actionnaires serait répartie en faveur du développement industriel de l'entreprise, les conditions de travail et la rémunération du personnel.
Quelle solution correspond-elle le mieux à l'intérêt national et à celui du peuple travailleur ?
Jean LEVY