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Au-delà de ses combats intellectuels et politiques, Zeev Sternhell (ici dans son jardin à Jérusalem en 2015) rêvait que "les Juifs deviennent un peuple comme les autres".

 

L'OBS

Historien du fascisme français, militant engagé pour la paix avec les Palestiniens, homme arc-bouté contre la droite montante en son pays, l’historien Zeev Sternhell, décédé ce dimanche à l’âge de 85 ans, était l’une des figures phares intellectuelles et politiques de la gauche en Israël.

Il était aussi l’un des plus francophiles des grandes personnalités de ce pays, un legs de son histoire tragique: celle d’un enfant né dans une famille juive en Pologne. Son père, qui combattait dans l’armée polonaise, meurt au début de la guerre, puis sa mère et sa soeur sont tuées par les nazis.

Pour l’historien, « Vichy n’est pas une parenthèse, c’est précédé, préparé, par des écrits, des théories, des publications, des organisations, des ligues, des factions, etc... Et c’est vrai que de ce point de vue-là, il mettait en cause une lecture plus indulgente de la France », dit à l’AFP M. Charbit qui se souvient d’un professeur « très exigeant » mais aussi « attentif » à ses meilleurs étudiants.

« Un champ considérable d’analyse sur le fascisme français »

En novembre 2019, Denis Charbit avait animé une conférence de Zeev Sternhell, sans doute l’une de ses dernières, à l’Institut français Romain Gary de Jérusalem, devant certains de ses plus fidèles lecteurs mais aussi des critiques, ce qui avait suscité des échanges pointus et animés.

« Il a été pour tous les historiens de ma génération, celui qui a ouvert un champ considérable d’analyse sur le fascisme français », a commenté l’historien français Benjamin Stora.

Professeur de sciences politiques à l’université hébraïque de Jérusalem, Zeev Sternhell aimait descendre de sa tour académique pour plonger sa plume dans les plaies de la Cité et s’engager, parfois au péril de sa vie, pour la paix avec les voisins arabes et palestiniens.

LIRE AUSSI > « La droite israélienne est porteuse d’un désastre sans nom »

En septembre 2008, il avait été atteint à la jambe droite par l’éclat d’une bombe qui avait explosé alors qu’il fermait la clôture de sa résidence.

Militant

de La Paix Maintenant

« Le problème ce n’est pas Zeev Sternhell ou une attaque contre la personne de Zeev Sternhell, c’est un problème de société, c’est un problème politique. Notre société devient de plus en plus violente », avait-il alors déclaré à des centaines de personnes venues devant chez lui pour manifester leur soutien après cet incident.

L’historien avait participé à la guerre de Kippour en 1973, avant de s’engager dans l’ONG Peace Now, « La Paix Maintenant », favorable à un accord de paix entre Israël et l’Egypte.

Pour le droit

des Palestiniens

L’ONG est aujourd’hui engagée dans la lutte contre l’essor des colonies israéliennes, sujet sensible et actuellement à la Une de l’actualité en raison du projet d’annexion de pans de la Cisjordanie occupée par Israël, considéré par les Palestiniens comme justement « la mort de la solution à deux Etats ».

« Il était l’exemple même d’une personne qui a réussi à combiner excellence académique à un engagement profond envers notre société et notre pays », a souligné son université alors que les hommages affluaient du champ gauche de la société israélienne et en France.

« Dans son enfance, Sternhell a fait la terrible expérience du fascisme et toute sa vie durant il a eu le courage et la force de la combattre. Pendant des décennies, il a été une voix fondamentale pour le droit des Palestiniens et contre l’occupation des territoires », a salué Ayman Odeh, chef de la liste des partis arabes israéliens.

Tag(s) : #Hommage
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