Brive se trouve sur une des deux dernières lignes de train de nuit en France. Mais le service n’est pas à la hauteur, dénonce la CGT, avec quelques exemples ubuesques à l'appui. Le syndicat appelle les élus du territoire à se mobiliser pour sa défense et son développement.
Dans une interview donnée le 14 juillet, Emmanuel Macron a annoncé son intention de « redévelopper les trains de nuit ». Le président de la République a précisé que ce moyen de transport, qui a peu à peu disparu, « permet de faire des économies et de réduire nos émissions » de CO2.
En Corrèze, la CGT a rebondi sur cette déclaration présidentielle pour dénoncer l’état dans lequel se trouve le train de nuit circulant entre Paris et Toulouse, puis jusqu’à la côte méditerranéenne. Cette ligne, une des deux dernières encore en service en France, passe par Brive où certains wagons sont ensuite dirigés vers Rodez puis Albi.
Un service au ralenti cet été
Sauf que cet été, le service n’est pas à la hauteur, dénonce Franck Arrivé, secrétaire du syndicat CGT à Brive.
« Faute de personnel, la manœuvre en gare de Brive n’est possible que du vendredi au dimanche et pas tous les jours comme cela devait être le cas », déplore le syndicaliste.
Conséquence : en semaine, les voyageurs doivent obligatoirement passer par Toulouse, avec un temps de trajet de 11 h 41 au lieu de 8 heures.
De Brive à Paris en passant par... Cahors !
La CGT déplore également que sur cette ligne, l’arrêt de Brive soit un simple « arrêt de service » et pas un « arrêt commercial ».
En clair : les voyageurs ne peuvent pas monter dans le train de nuit dans la gare corrézienne.
Un exemple, pour mieux comprendre : un Briviste souhaitant se rendre à Paris en train de nuit devra ainsi passer par… Cahors après des arrêts à Souillac et Gourdon. Soit une centaine de kilomètres, cap au sud, avant de reprendre la direction de Paris.
Ironie de l'histoire, le train de nuit repasse par Brive, où il s'arrête même pendant une trentaine de minutes pour une escale technique sans pouvoir faire monter ni descendre d'usagers !
« Aberrant » pour la CGT, qui aimerait voir la situation évoluer. « Des arrêts avaient été supprimés pour renforcer la sécurité, après le meurtre d’Isabelle Peake (en 1999, dans le train Limoges-Paris ; NDLR). Il est peut-être temps de se repencher sur la question », estime Franck Arrivé.
Dans le sens Paris-Toulouse, le syndicat estime par ailleurs qu'un arrêt commercial vers 4 heures du matin permettrait aux Brivistes d'arriver tôt à Toulouse et ainsi d'avoir accès à de nombreuses correspondances.
Une proposition : remettre des voitures sur les trains
La CGT réclame enfin le retour de l’offre TAC (train, auto, couchettes) entre Paris et Narbonne avec un point de desserte à Brive dans les deux sens.
Ce service permettait aux clients de voyager en même temps que leur voiture, également prise en charge par la SNCF. « Nous avions à Brive deux rampes d’accès qui permettaient de l’assurer », rappelle Franck Arrivé qui voit dans le TAC un moyen de concrétiser les promesses d’Emmanuel Macron. « On est en plein dans la complémentarité des transports », estime le représentant de la CGT.
Une lettre aux élus corréziens
Jugeant qu’il existe un décalage entre les « déclarations d’intention » du président de la République et la politique de la SNCF, le syndicat a envoyé un courrier aux parlementaires corréziens, au président du conseil départemental Pascal Coste (LR) et à Frédéric Soulier (LR), le président de la communauté d’agglomération de Brive.
« On leur demande de se mobiliser pour l’avenir des trains de nuit et particulièrement de la branche Brive-Rodez », insiste Franck Arrivé.
Tanguy Ollivier