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Nouvelle preuve que le "Ségur de la santé " n'a rien réglé!

 

SOURCE : Le Huffington Post

“Hôpital sous tension, personnel épuisé, population en danger, mort du service hospitalier.” La banderole accrochée aux grilles de l’hôpital de Laval a des airs de déjà vu. Depuis jeudi 20 août, des infirmiers et aide-soignants du service chargé d’accueillir des malades du coronavirus sont en grève illimitée. 

Le but? Réclamer des moyens supplémentaires pour cet établissement situé en Mayenne, département qui a franchi le seuil d’alerte épidémique cet été. Un peu plus à l’ouest, à Saint-Brieuc ce sont les médecins urgentistes qui se sont mis en grève jusqu’au 15 septembre, avec le même mot d’ordre. Dans le même temps, les urgences de l’hôpital de Boulogne-sur-Mer ont dû être fermées cet été après une vague de démissions dans le service.

Autant de mouvements sociaux en plein été qui témoignent d’un mal-être persistant à l’hôpital public. Une situation loin d’être nouvelle, mais que le fameux Ségur de la Santé n’a visiblement pas réussi à apaiser. 

Le monde d’avant “en plus dégradé”

Et pour certains, les raisons de la colère, comme de l’inquiétude, sont nombreuses alors que le personnel soignant, à peine remis de sa première bataille contre le covid-19, se prépare à une rentrée à hauts risques marquée par la reprise épidémique sur le territoire. Car malgré une certaine accalmie sur le front du coronavirus, l’été n’a pas été de tout repos à l’hôpital.


Contacté par Le HuffPost, Christophe Prudhomme, médecin à Avicennes et porte-parole de l’association des urgentistes de France témoigne d’une situation toujours tendue dans certains établissements. “La normalisation a fait qu’on est revenu au monde d’avant en plus dégradé”, tranche-t-il d’emblée avant d’expliquer: “Cet été a été difficile, nous avons eu cette forte période de chaleur qui a provoqué une petite augmentation d’activité. Or toute augmentation met l’hôpital en tension car on est en permanence sur le fil du rasoir.”

Dans ce contexte, la poursuite des plans de restructuration ou de suppressions de lit, comme le retour de la “logique comptable”, décrite par plusieurs de nos interlocuteurs, ne passe pas du tout. 

“Tous les bureaucrates qui étaient en télétravail et qu’on n’avait pas sur le dos sont revenus avec leurs petits tableaux de bord”, regrette Thierry Amouroux du syndicat national des professionnels infirmiers. Et d’ajouter: “en septembre on se retrouve avec moins de lits qu’on en avait en janvier.”

Fatigue et démotivation

Un constat qui provoque un regain d’inquiétude au sein du personnel soignant. D’autant qu’un certain nombre d’entre eux n’ont pas pu jouir d’un repos estival mérité. “On appréhende tous l’automne et un éventuel plan blanc, surtout les soignants qui n’ont pas encore pris leurs vacances”, nous raconte Anne-Claire Rafleugeot du collectif Inter Urgences.

Et pour elle, comme pour de nombreux soignants, les négociations autour du Ségur de la santé n’ont pas arrangé les choses. Au contraire. L’accord pour l’hôpital public, signé par trois syndicats permettant d’atteindre le seuil de 50 % de représentativité nécessaire, est dénoncé par certains comme une source de “grande déception”, selon les mots de Christophe Prduhomme. 

“Le texte a été signé par trois syndicats qui n’avaient pas participé aux mouvements sociaux”, regrette le médecin qui pointe une revalorisation (de 180 euros en deux temps) ne permettant pas de compenser le pouvoir d’achat perdu depuis le gel des salaires dans la fonction publique. “On sera un peu moins exploité”, ironise de son côté Thierry Amouroux en ajoutant: “beaucoup de jeunes n’ont pas supporté et ont donné leur démission pour passer dans le libéral.”

“L’état d’esprit général c’est l’épuisement et une baisse de motivation sachant qu’aujourd’hui l’hypothèse la plus probable est qu’il va falloir vivre avec ce virus pendant deux ou trois ans avec des périodes d’augmentation d’activité qui placeront l’hôpital en situation de crise”, avance également Christophe Prudhomme. 

De nouvelles pénuries? 

Dans ce contexte, il est une autre question qui inquiète une partie du personnel soignant: les stocks d’équipements de protection et de médicaments. “Ce qui a été le plus dur lors de la première vague, c’est que nous n’avons pas seulement dû combattre l’épidémie, mais aussi le manque. Le manque de matériel, le manque de masques, le manque de tests...”, énumère Thierry Amouroux qui parle d’une épreuve “psychologiquement très dure.”

“On sait qu’il y a des petits manques. On ne connait pas les stocks de médicaments, mais on a des inquiétudes vu qu’on était très ricrac sur la fin de l’épidémie”, explique Anne Claire Rafleugeot. “De nouvelles pénuries font jour, on est notamment en tension sur les gants, en grande partie parce que la matière première vient de Chine”, ajoute de son côté Christophe Prudhomme. 

De quoi leur rappeler de mauvais souvenirs. “Si on est confronté à une deuxième vague aussi importante que la première on sera vite démuni. Et on n’a pas envie de se retrouver au bout de quelques jours à retravailler avec des sacs poubelles sur le dos”, s’inquiète Thierry Amouroux, alors que fleurissent dans certains hôpitaux des notes expliquant que le port des gants n’est pas indispensable pour certains actes médicaux. Comme un air de déjà vu.

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Coronavirus : le blues des soignants avant une rentrée à hauts risques
Tag(s) : #Services publics, #Santé
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