Militaires et civils maliens, mains dans la main.
Le président malien Ibrahim Boubacar Keita (IBK), son premier ministre, Boubou Cissé ainsi que de hauts responsables du gouvernement ont été arrêtés mardi par des soldats mutins dans la capitale Bamako, plongeant le Mali déjà confronté à une insurrection djihadiste et à des manifestations de masse dans une crise plus profonde et sans précédent.
La détention de Keita à sa résidence dans le sud-ouest de Bamako fait suite à des heures d’incertitude après que des soldats se sont mutinés dans la matinée à la base militaire de Kati à l’extérieur de Bamako et ont rassemblé un certain nombre de hauts responsables civils et d’officiers militaires.
La coalition au Mali derrière des manifestations de masse appelant à la démission du président Ibrahim Boubacar Keita a déclaré que la détention d’IBK mardi par des soldats en mutinerie n’était « pas un coup d’État militaire mais une insurrection populaire ». Nouhoum Togo, porte-parole de la coalition M5-RFP, a déclaré à Reuters « IBK ne voulait pas écouter son peuple. Nous avons même proposé une alternative mais il a répondu par des meurtres ». Au moins 14 personnes ont été tuées en juillet lors des manifestations réclamées par une coalition d’opposants politiques, de chefs religieux et de militants de la société civile de Keita.
Le Premier ministre Boubou Cissé avait auparavant appelé au dialogue et exhorté les mutins à se retirer, avant d’être mis en détention avec le président ce que plus tard l’Union africaine a confirmé. La chaîne publique malienne s’est déconnectée après la vague de détentions, avant de revenir à l’antenne en début de soirée avec une programmation préenregistrée. On ne sait pas actuellement qui dirige les mutins et qui gouverne en l’absence de Keita et quelles sont les motivations des mutins. Un porte-parole militaire a déclaré qu’il n’avait aucune information.
Des rumeurs plus tôt dans la journée selon lesquelles les mutins avaient arrêté Keita ont poussé des centaines de manifestants anti-gouvernementaux à se rendre sur la place centrale de Bamako pour célébrer et scander qu’il était temps pour lui de démissionner. Les manifestants ont accusé Keita de corruption et d’aggravation de la sécurité dans le nord et le centre du pays ouest-africain où des militants islamistes sont actifs.
Une mutinerie en 2012 dans cette même base de Kati a conduit à un coup d’État militaire qui avait renversé le président de l’époque, Amadou Toumani Touré, et précipité la chute du nord du Mali aux mains des militants djihadistes.
Les forces françaises sont intervenues l’année suivante pour les repousser. Mais les militants se sont depuis regroupés et ont étendu leur influence au Burkina Faso et au Niger voisins, attaquant des soldats, des civils locaux et des touristes occidentaux. La France et d’autres puissances internationales ainsi que l’Union africaine, craignent que la chute de Keita ne déstabilise davantage le Mali et toute la région du Sahel en Afrique de l’Ouest ont dénoncé la mutinerie.
« Je condamne énergiquement l’arrestation du président Ibrahim Boubacar Keita, du Premier ministre et d’autres membres du gouvernement malien et j’appelle à leur libération immédiate », a déclaré le président de la Commission de l’Union africaine Moussa Faki Mahamat sur Twitter.
Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a déclaré que la France « condamne dans les termes les plus forts ce grave événement ». L’envoyé américain au Sahel, J. Peter Pham, a déclaré sur Twitter que « les États-Unis sont opposés à tous les changements de gouvernement extraconstitutionnels ».
La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a appelé les soldats maliens à « regagner leurs casernes » et le Secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, a exhorté les Maliens « à protéger les institutions démocratiques ».
Le Conseil de sécurité se réunit d'urgence à l'appel de la France.
Les Nations Unies doivent défendre les revendications portées par peuple malien.