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Sans-culotte», «patriote»... Des mots de la Révolution à nos jours |  Révolution, Révolution française, Sans culotte

La République française est née les 21 septembre 1792, date de l'abolition de la monarchie par la Convention, et le 22 septembre, où est décidée de dater les documents officiels" an I de la République".

Ce sont les Sans-Culottes et les Jacobins qui sont les artisans de la  Première République et qui lui donnent son caractère démocratique et populaire. Après Thermidor l'aile droite rompt le front bourgeoisie/classes populaires. Après l'exécution de Robespierre, la République, qui avec lui avait un caractère populaire, prend un caractère plus nettement bourgeois. 

En 1804 ce caractère est confirmé par le passage de la République à l'Empire, même si Bonaparte ne renie pas toute de la Révolution.

La Restauration monarchique en 1815 , imposée par l'étranger vainqueur de la France, va finir par laisser place à la  IIe République en 1848 après les mouvements révolutionnaires de 1830 et de 1848.

Le IIe Empire de Louis-Napoléon Bonaparte commence par son coup d'état en 1852 anti-républicain et s'achève par sa défaite militaire contre la Prusse en 1871.

C'est à cette date qu'est proclamée la IIIe République, le 4 septembre 1871.

Celle-ci s'appuyant sur une majorité monarchiste et de républicains de droite à l'Assemblée nomme Thiers à la tête de l’exécutif et signe un traité de paix humiliant pour la France, contrainte à d'énormes indemnités de guerre et qui perd l' Alsace et la Lorraine. 

Le peuple de Paris s'insurge contre cette capitulation et proclame La Commune. Les insurgés vibraient d'un patriotisme de gauche et d'une soif de justice sociale. Mais la Réaction monarcho-républicaine de droite va écraser La Commune dans le sang.

 La IIIe République est donc baptisée dans le sang des ouvriers, artisans, boutiquiers, du peuple de Paris, c'est elle qui vint à bout de la Commune et "rétablit l'ordre". Cela lui valut le ralliement, à plus ou moins long terme et avec plus ou moins d' enthousiasme, des monarchistes par ailleurs divisés. Mais surtout la République désormais divise plus encore les républicains. Si elle reste une référence pour la bourgeoisie et pour le prolétariat, elle n'a plus la même signification pour les uns et les autres. Les répressions des courants ouvriers et républicains de gauche lors de 1830 et 1848, les fosses communes remplies de Communards tracent une ligne rouge entre les deux camps où la lutte des classes va se déployer.

En attendant les monarchistes tentent bien de restaurer la monarchie mais après la crise qui oppose Mac-Mahon à une Assemblée à majorité républicaine (1877) le président monarchiste finit par "se soumettre ou se démettre" et les Républicains l'emportent.

La IIIe République durera jusqu'à la prise du pouvoir par Pétain en 1940 qui abolit la République et instaure l'Etat français. Il ne s'agit pas seulement d'une question de mots : pour la réaction la plus obscurantiste, la plus brutale et pour le fascisme, dans les années 1920-1930, il faut en finir "avec la gueuse". C'est ce programme que Pétain mettra en place à l'ombre des baïonnettes allemandes.

Mais dans cette prise de pouvoir de Pétain et sa clique fascisto-monarchiste la IIIe République a une immense responsabilité. La République conservatrice et bourgeoise si elle prend des mesures qui sont restées comme progressistes dans la mémoire collective avec Jules Ferry et l'école, etc il reste que cette République a :- mené une guerre de classe violente contre le mouvement ouvrier,

- mené une politique colonialiste sauvage, l'école relayant la vision raciste du colonialisme.

- mené la Première Guerre Mondiale impérialiste de 1914 à 1918, avec la collaboration de la social-démocratie. Guerre qu'elle a préparé idéologiquement à travers l'école publique où la "revanche" ( de la guerre de 1871) était diffusée dans la jeunesse. 

Enfin on peut dire que la IIIe République a très mal fini.

Après la victoire du Front Populaire due à un sursaut anti-fasciste et aux conquêtes du mouvement ouvrier grâce aux grèves de 1936, le parti Radical retomba dans ses pires travers, ainsi que par le Parti socialiste qui s'engage dans une politique de démolition du Front Populaire avec la non-intervention en Espagne et la "pause" sociale en France.

Les gouvernements qui se succédèrent alors menèrent une politique sociale de plus en plus réactionnaire, détruisant les acquis du FP, s'attaquant aux syndicalistes qui résistaient, sombrant dans un anti-communisme primitif, gouvernant par décrets-lois et abaissant le Parlement, s'attaquant aux libertés. Et sur la plan extérieur la politique "d’apaisement" vis à vis d'Hitler connu son moment le plus déshonorant avec les Accords de Munich en 1938.

La IIIe République sombrait : autoritarisme, réaction, déshonneur et finalement capitulation.

Le sang des Résistants marquera la fin du cycle comme celui des Communards avait marque son début.

Voilà pourquoi on peut comprendre que le rapport du mouvement ouvrier avec la République nécessite la clarté.

Le mouvement ouvrier est le continuateur de la République des Sans-Culottes de 1793, de Marat et de Robespierre. Il continue Babeuf, exécuté en 1797 par la République thermidorienne parce qu'il voulait continuer la Révolution ( une loi punit de mort l’apologie de la Constitution de 1793), il continue 1830, 1848 et La Commune. A la fois il est le continuateur de ce qu'a de meilleur la grande Révolution française mais il est aussi l'opposant principal de la République de la bourgeoisie et du capital qui cache son caractère de classe derrière le concept d'une République abstraite et de valeurs républicaines tout aussi abstraites. 

Quand on entend Macron célébrer la République il est difficile de ne pas être plié de rire. Car ceux qui démolissent les services publics, qui cassent l’hôpital, privatisent la SNCF et EDF et même les barrages après les autoroutes, comment peuvent-ils oser parler de République? Car la République c'est du concret, on pourrait dire la Res publica ce sont les services publics.

Comment osent-il parler de République  quand ils s'assoient sur la volonté librement exprimée du peuple souverain lors du référendum de 2005 ?

Comment osent-ils parler de République quand ils essayent de la dissoudre dans l'Union Européenne qui n'est que l'outil anti-démocratique et anti-social du capital?

Que devient la souveraineté des peuples dans ce nouvel Empire Européen? 

En fait depuis 1789 il y a leur République et la nôtre. La leur est censitaire et répressive, guerrière et coloniale, anti-ouvrière et anti-patriote. La nôtre démocratique et libre, pacifique et anti-coloniale, ouvrière et patriote. La leur s'identifie au fric, la nôtre à "la lutte obstinée de ce temps quotidien". 

Alors oui, la République née à la Bastille un certain 14 juillet 1789,  c'est nous. Parce que la Liberté, l’Égalité et la Fraternité ne sont pas les objectifs de la bourgeoisie qui n'aime de liberté que celle du renard dans le poulailler, qui déteste l'égalité qu'elle appelle égalitarisme parce qu'un riche ne peut se considérer l'égal d'un pauvre, quant à la fraternité soit elle ne sait pas ce que c'est, soit ça la fait beaucoup rire.

Liberté, Egalité, Fraternité ce sont nos objectifs. Ceux de la République de 1793, celle qui abolit l'esclavage alors que la leur le rétablissait. Ceux des Résistants qu'on fusillaient à l'aube quand eux "faisaient des affaires". Ceux qui spontanément retrouvent les accents de La Marseillaise avec le badge de la CGT ou un Gilet jaune et l’étendard sanglant élevé. Bref ceux qui font vivre la République et luttent pour la Sociale.

 

Antoine Manessis

 

Tag(s) : #Histoire
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