RT France
Journée de manifestations contre la loi Sécurité globale au lendemain de l'adoption de l'article 24
Un jour après le vote de l'article 24, objet d'une vive controverse sur la liberté d'informer, de nombreuses organisations appellent à manifester à Paris et dans toutes les villes de France contre le projet de loi Sécurité globale.
13h55 La place du Trocadéro, où se déroulera la manifestation parisienne, a été barricadée. L'accès à l'esplanade du Trocadéro a été bouclé et les bouches de métro fermées. Des dizaines de camions de police et de CRS balisent les avenues qui entourent la place.
Alors que la manifestation débute à 14h à Paris, un rassemblement a débuté à Montpellier (Hérault) dès la fin de matinée
15h25
A Paris, les manifestants scandent «Tout le monde peut filmer la police» tout en brandissant des pancartes «Cachez ces violences policières que je ne saurais voir».
David Khalifa, reporter pour RT France présent sur la place du Trocadéro, a noté la mise en place d’un «dispositif de sécurité impressionnant». Il souligne que les manifestants se sont déplacés pour demander la «dissolution de l’Assemblée nationale et le RIC [référendum d’initiative citoyenne] en toute matière».
Interrogée par RT France, Sophie Tissier, l'une des organisatrices du rassemblement, s’inquiète d’observer un «climat de guerre civile». Elle estime que «la police provoque par ce dispositif ultra-puissant», et ajoute : «Aujourd’hui, c’est un appel massif, une unification d’énormément de gens pour dénoncer cette loi sur la Sécurité globale qui va permettre d’amenuiser notre liberté d’informer puisque cette loi est passée. Il y a aujourd’hui un climat qui est de plus en plus tendu et qui est délétère.»
15h13
L’adjoint au maire du XIXe arrondissement François Bechieau s’est joint au rassemblement à Paris. Interrogé par RT France, il a déclaré : «Nous sommes réunis ici devant le parvis des droits de l’Homme place du Trocadéro pour revendiquer la liberté de la presse, les droits fondamentaux. Ces droits que le pouvoir en place actuel de messieurs Macron, Castex, Darmanin et consorts, veulent restreindre.»
Concernant l’amendement apporté à la loi établissant que la publication d’images de policiers ne serait punie qu'en cas d'une «volonté de nuire manifeste», il fait part de son indignation : «Comment allez-vous prouver que cette volonté est manifeste ? Aujourd’hui, je ne connais pas de journaliste faisant son travail qui veut violer la liberté des forces de l’ordre.» Il ajoute que «les forces de l’ordre ont besoin d’autre chose comme soutien du gouvernement que de cette loi. Les forces de l’ordre ont besoin de moyens, d'une police de proximité, et de renseignements adaptés».
15h22
Gilles Manceron, l’un des responsables de la Ligue des droits de l’Homme, présent sur la place du Trocadéro, a expliqué à 20 Minutes que, selon lui, la loi prévoyait des «dispositions attentatoires aux libertés publiques».
L’une d’entre elles, très importante selon lui, «prévoit l’interdiction de diffuser des images de violences policières, en fait». «Ils disent dans le texte "de policiers, avec diffusion mal intentionnée", quelque chose comme ça. Mais en fait c’est le reportage par la presse de ce qui se passe dans les comportements des forces de police dans les différentes manifestations qui est réprimé, que l’on veut interdire», ajoute-t-il.
Ces manifestations se déroulent dans un climat tendu, l'Assemblée nationale ayant voté le 20 novembre au soir la mesure la plus controversée de la proposition de loi, à savoir son article 24. Celui-ci pénalise la diffusion malveillante de l'image des forces de l'ordre.
Face à la controverse qui n'a cessé d'enfler depuis l'annonce de ce projet de loi dénoncé comme une atteinte aux libertés – et notamment à celle d'informer –, le gouvernement a promis des garanties sur ce dernier point. Ainsi, un amendement réécrivant l'article 24, adopté par 146 voix contre 24, précise que la mesure ne peut porter «préjudice au droit d'informer» et que l'intention malveillante contre les forces de l'ordre doit être «manifeste».
«L'équilibre est réaffirmé entre la liberté d'informer et la protection des forces de l'ordre», a assuré le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, lors d'un débat houleux à l'Assemblée le 20 novembre. Pas de quoi calmer la colère des opposants qui y voient une mesure liberticide qui vient ajouter un contenu flou et suspect à un arsenal juridique déjà jugé par certains protecteur contre les menaces à l'encontre des policiers et gendarmes.
L'article 24 pénalise d'un an de prison et 45 000 euros d'amende la diffusion de «l'image du visage ou tout autre élément d'identification» des forces de l'ordre en intervention quand elle porte «atteinte» à leur «intégrité physique ou psychique».
RT France 17h53 Après plusieurs provocations de la part de certains individus cagoulés présents aux abords de la place du Trocadéro, les forces de l'ordre ont fait usage du canon à eau. «Les manifestants continuent de faire face aux forces de l'ordre malgré des tirs de canon à eau. Pas de gaz lacrymogène pour l'instant», rapporte notre journaliste Lucas Léger.
18h20 Alors que les tensions se sont multipliées sur la fin du rassemblement parisien, les forces de l'ordre ont effectué des interpellations. «Changement de stratégie pour les forces de l'ordre. Elles se sont regroupées et procèdent désormais à des interpellations individuelles», relate notre journaliste Nadège Abderrazak.
18h07 Plusieurs personnes auraient été blessées lors des tensions en cours en marge du rassemblement à Paris, selon l'agence d'images Line Press. «Homme touché à la tête par un projectile soigné par les medics au Trocadéro», témoigne également notre journaliste Lucas Léger, image à l'appui.
18h24 Présente pour la couverture du rassemblement parisien, notre journaliste Meriem Laribi a reçu l'ordre de la police de «circuler» alors qu'elle filmait l'interpellation d'une femme. L'officier qui s'est adressé à elle lui a expliqué qu'elle serait interpellée si elle restait sur place. «La jeune femme est palpée (chevilles) à l'abri des regards.
Les policiers sont venus vers moi : "si vous ne circulez pas dans 30 secondes vous êtes interpellée, ce sont les ordres"», relate-t-elle dans un tweet, vidéo à l'appui.
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