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Ricœur et Macron, le philosophe et l'étudiant - Reforme.net

Ricœur et Macron, le philosophe et l’étudiant

La politique étrangère d’Emmanuel Macron étant difficile à saisir, on se réjouit de la publication d’un texte de référence, publié sous la forme d’un entretien accordé au Grand continent. On se précipite au risque de la noyade car on se trouve pris dans un torrent de mots (12 000 mots, 150 fois cet éditorial), de formules étranges et de raisonnements qui ne le sont pas moins. Il s’agissait sans doute de montrer une pensée en ébullition, projetant l’homme-en-réflexion dans le mouvement de l’histoire. Le résultat est pour le moins déconcertant.

De brefs relevés, qui peuvent être démentis par d’autres fragments, semblent prouver qu’Emmanuel Macron a compris ceci :

1/ Nous vivons des crises simultanées qui représentent autant de défis “structurels” : changement climatique, transformation numérique, “insoutenabilité des inégalités entre nos sociétés et dans nos sociétés”…

2/ Le fonctionnement de “l’économie de marché contemporaine et financiarisée” est responsable de ces inégalités et a provoqué toutes sortes de drames : “nos classes moyennes en particulier, et une partie de nos classes populaires ont été la variable d’ajustement de cette mondialisation ; et cela est insoutenable”.

Douze ans après la crise de 2008, le constat est aussi tardif que banal. Pourtant, inquiet de sa propre audace, Emmanuel Macron confie “qu’on ne sait pas si on est à un moment qui permet de penser la période” et prend une altitude philosophico-poétique en avouant ne pas savoir “s’il fait encore nuit pour que la chouette de Minerve puisse se retourner sur ce qui s’éteint pour le comprendre”. Chez Hegel, l’oiseau de Minerve prend son vol au début du crépuscule quand il y a encore assez de lumière pour voir et comprendre le processus historique qui s’est accompli. La chouette macronienne est quant à elle dans le pot au noir d’où elle lance des messages empreints de solennité : “acter que les cadres de la coopération multilatérale sont aujourd’hui fragilisés”, et la relancer ; “renforcer et structurer une Europe politique” en vue de cette nouvelle coopération ; refonder le capitalisme ; lancer le consensus de Paris “mais qui sera le consensus de partout (…) pour interroger l’élément de concrétisation du consensus dit de Washington” qui a été construit sur le “paradigme” d’une économie de marché, avec privatisations, libre-échange, réformes structurelles, financiarisation.

Dans une Europe qui a trop pensé par le truchement de l’Otan et qui est en proie à la fragmentation, il faudrait instaurer une “idéologie”, “c’est-à-dire une lecture commune du monde et de nos intentions” en s’opposant aux puissances russe et chinoise qui prêchent le “relativisme des valeurs” et en se libérant de l’emprise technologique chinoise et américaine. Il faudrait parachever “notre monnaie”, penser les “sujets sociaux” et “agir politiquement pour définir des objectifs communs qui ne sont pas simplement une délégation de notre avenir au marché”.

Cet énoncé de formules creuses et de vœux pieux semble tiré du résumé des propos tenus lors d’un dîner-en-ville par un technocrate centriste il y a vingt ans – sauf pour la Chine qui était alors “l’atelier du monde”. Pour effacer cette impression, Emmanuel Macron souligne ses propres réussites. “Nous avons réussi à faire bouger les choses” en matière de souveraineté européenne et d’autonomie stratégique. “L’Europe de la défense, qu’on croyait impensable, nous l’avons faite”. Nous avons “un vrai budget” européen depuis cet été.

De manière très étrange, l’apologie de la “souveraineté européenne” fait bon ménage avec l’apologie de la “souveraineté westphalienne” définie comme “l’idée de dire qu’un peuple au sein d’une nation décide de choisir ses dirigeants” – alors que le système westphalien repose sur le principe de la souveraineté d’Etats européens aux frontières strictement délimitées. C’est à se demander si la question du journaliste a été comprise.

Ce qui est clair, en revanche, c’est l’irréalité des propos tenus. Pas le moindre signe tangible d’une refondation du capitalisme. Ou d’une lutte effective contre les inégalités. Ou d’un coup d’arrêt à l’agressivité chinoise. Ou d’un refus concret de “l’extraterritorialité du dollar” dénoncée dans le texte… Un homme rêve à voix haute devant un micro et croit que ce qu’il dit est en train de se réaliser.

Puis le réel vient briser le rêve éveillé. Le 17 novembre, le ministre allemand de la Défense a rappelé que “L’idée d’une autonomie stratégique de l’Europe va trop loin si elle nourrit l’illusion que nous pourrions assurer la sécurité, la stabilité et la prospérité de l’Europe sans l’OTAN ni les Etats-Unis”. Berlin ne suivra pas plus Paris dans une éventuelle offensive contre l’Otan que dans une confrontation avec la Turquie. Après une courte ingérence dans les affaires libanaises et une gesticulation en Méditerranée orientale mais sans prendre le temps de noter la perte d’influence française en Transcaucasie, Emmanuel Macron lance un message souverainiste assorti d’une profession de foi européiste, donne dans l’anticapitalisme tout en récusant le populisme, joue au président-philosophe en essayant de nous faire prendre les obscurités de son langage pour de la profondeur. La chouette macronienne n’est qu’une figurine aux ailes de plomb.

***

Editorial du numéro 1200 de « Royaliste » – décembre 2020

COMITE VALMY
Le mentor d’Emmanuel Macron
était pétainiste
par Valentin Martin

En 2015, Emmanuel Macron déclarait à la presse « avoir été rééduqué sur le plan intellectuel par le philosophe Paul Ricoeur ».

Qui était donc ce mentor ?

Dans sa jeunesse, Paul Ricoeur fut un des doctrinaires oubliés de l’idéologie pétainiste. Il se fit par la suite le continuateur en France et à l’étranger de l’oeuvre conceptuelle de philosophes nazis. Plusieurs de ses articles soigneusement cachés mais récemment retrouvés vont dans ce sens. (http://www.sens-public.org/article537.html)

Au début 1939, Ricoeur écrit un article dans Terre Nouvelle où il évoque la « pureté du discours d’Hitler ». Cela faisait référence au discours du 30 janvier 1939 devant le Reichstag où le Fuhrer exhortait à « l’annihilation de la race juive en Europe ». Ricoeur y fustigeait les « valeurs impures de la démocratie » et « la dureté de la France pour l’Allemagne désarmée ».

En 1939, Ricoeur comprend « qu’il se tournera vers la philosophie allemande ». Il est alors sélectionné pour la participation à l’université d’été de Munich de l’été 1939.

Fait prisonnier dans un oflag en 1941, il rédige cette même année plusieurs textes de propagande qui seront repris dans la revue pétainiste L’unité française : « Propagande et culture », « La jeunesse et le sens du service social », « Le Risque ».

l débute alors sa thèse de philosophie sur la « Volonté » en se nourrissant de la lecture d’Etre et Temps du philosophe Martin Heidegger, membre éminent du parti nazi

A la fin de cette année 1941, sont créés les Cercles Pétain qui sont des universités internes aux Oflag visant à promouvoir l’idéologie pétainiste auprès des prisonniers. Ricoeur devient « l’un des plus brillants conférenciers » du Cercle Pétain.

Après 1945, en tentant de minimiser cette « passade pétainiste », il poursuivit sa carrière internationale de philosophe en développant en France la philosophie irrationaliste de « l’herméneutique », centrée sur les thèses de Heidegger et de Gadamer.

Heidegger fut un des idéologues majeurs du régime nazi.

Gadamer fut également un conférencier du Troisième Reich. En mai 1941, à l’Institut allemand de Paris alors occupée, il prononça une conférence sur « Le peuple et l’histoire dans la pensée de Herder » où il justifiait la défaite des Lumières françaises face au nationalisme allemand.

Cette philosophie a eu une influence réelle sur Emmanuel Macron, car non seulement il s’en revendique - « Aux côtés de Ricoeur j’ai appris le siècle précédent et appris à penser l’Histoire » écrit-il dans son dernier ouvrage -, mais en plus il en a conservé les concepts. Ainsi des mots d’ « herméneutique » et de « récit » dont il abreuve les auditeurs de France Culture par exemple.

A chacun ses lectures et ses amitiés.

Mais voir aujourd’hui un candidat à la présidence de la France se faire le porte-drapeau de la cause anti-fasciste, alors même qu’il affiche avoir eu pour mentor un doctrinaire pétainiste, relève de la mascarade.

Valentin Martin
Comité Valmy, juin 2017

 

jeudi 2 mai 2019, par Comité Valmy

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