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Ça n'empêche pas Nicolas                                      Ça n'empêche pas Nicolas

La Russie, toujours dans le colimateur des puissances occidentales, est l'objet  d'une offensive interne menée par un agitateur, Navalny, qui est devenu la coqueluche des médias hexagonaux.

"Ca n'empêche pas Nicolas" donne la parole à des chercheurs français (la VIDEO) et au responsable des communistes russes.

Nos lecteurs pourront ainsi s'instruire diversement sur la réalité russe.

https://www.editoweb.eu/nicolas_maury/photo/art/default/49821898-38633245.jpg?v=1600158425

Un texte percutant du président du KPRF qui dit l’essentiel sur ce qui se passe non seulement en Russie mais dans le monde au-delà de l’affaire Navalny (préparée dans des laboratoires occidentaux), que peut-on attendre d’un partenariat avec les USA ? Il souligne l’importance du discours de Xi à Davos par rapport à tout ce qui nous menace. Et sans doute le plus important il dénonce la manière dont l’oligarchie au pouvoir joue avec Navalny et les fascistes que l’occident envoie, la nécessité d’un gouvernement patriotique capable de refaire l’unité du pays.

(Note de Danielle Bleitrach et traduction de Marianne Dunlop).

26 janvier, le Président du Comité central du Parti communiste Guennadi Ziouganov a pris la parole lors de la séance plénière de la Douma d’État.

26-01-2021

https://kprf.ru/party-live/cknews/200023.html

– Chers collègues !

En 2014, nous nous sommes rendus aux Jeux olympiques de Sotchi avec un grand groupe de députés. Mais j’ai été obligé de quitter d’urgence Sotchi à bord d’un avion militaire afin de fournir des mesures de sauvetage à nos gars, qui à ce moment-là étaient mitraillés, arrêtés, battus à Kiev. Nous savons très bien comment ils ont mis le feu aux bureaux du Parti communiste d’Ukraine et tabassé brutalement ses dirigeants. Nous devions à tout prix les sortir des hôpitaux et les soigner en Russie.

Puis cette tragédie s’est répétée dans plusieurs autres régions. L’été dernier, nous avons vu comment un scénario similaire avait été tenté en Biélorussie. Mais je voudrais lancer un appel au «parti au pouvoir»: vous voyez que vos «partenaires» occidentaux ont décidé de se heurter de front à notre pays. La question n’est pas Navalny. Il est juste un “obus incendiaire” qui a été préparé et envoyé ici pour faire s’embraser un Maïdan chez nous et mettre à bas l’indépendance de notre pays. Nous sommes catégoriquement contre une telle évolution des événements.

Nous savons parfaitement où tout commence et comment cela s’organise. Soit dit en passant, presque tous les participants du Maidan de Kiev ont souffert par la suite de syndromes de sevrage [de la drogue], car ils avaient reçu les substances appropriées. La même chose s’est produite en Ossétie du Sud, lorsque des agents de sécurité géorgiens aux yeux vitreux sous la direction de généraux américains ont tué pour la première fois nos soldats de la paix et mitraillé 49 écoles sur 50.

Je considère que des conclusions de grande portée devraient être tirées de ce que nous avons vu samedi. Tout d’abord, je voudrais m’adresser au président. Il a accepté de rassembler les chefs des factions et de discuter de la situation qui s’est développée dans notre pays. A l’heure actuelle, on n’arrête pas de dire que les Américains sont nos partenaires. Je suis pour un partenariat avec les États-Unis. Je suis pour commercer et développer des relations avec tous les pays. Mais hier, à l’ouverture du forum à Davos, Xi Jinping a été le premier à s’exprimer. Il a dit que nous entrions dans une situation politique et économique très dangereuse. Et même la Chine, avec son économie gigantesque, bien qu’elle ait connu une croissance de plus de 2%, subit d’énormes dommages. La crise financière et économique et les conséquences de la pandémie de coronavirus ne peuvent être surmontées que par des efforts conjoints, à condition qu’il y ait une solidarité raisonnable entre les États. Nous soutenons pleinement ce point de vue.

Le Parti communiste de la Fédération de Russie et le Parti communiste chinois ont signé un mémorandum correspondant, qui est mis en œuvre avec succès aujourd’hui.

Mais j’aimerais que nos oracles, qui racontent à l’infini comment tout ira bien demain, se rappellent un tout petit peu l’histoire. Pour les Américains, nous ne sommes ni ne serons des partenaires. Pour être forts, intelligents et prospères, nous devons nous souvenir de cela. Je ne citerai que quelques faits. Woodrow Wilson, exactement deux mois après l’établissement du pouvoir soviétique, nous a déclaré la guerre. Il a pris la parole au Sénat et a déclaré que la Russie devrait être divisée en vingt régions et privatisée morceau par morceau. Suite à cela, les États-Unis sont intervenus dans la guerre contre nous du côté de l’Entente.

Puis est venu Roosevelt, qui s’est rendu compte que le pays soviétique était quelque chose d’exceptionnel. Il a envoyé ses experts ici et a convenu avec nous d’une coopération. Mais la classe dirigeante des États-Unis a perçu sa sympathie pour l’URSS et Roosevelt n’a pas vécu pour voir la victoire dans la Seconde Guerre mondiale. De nombreux historiens vous diront qu’il n’est pas mort de son plein gré.

Nixon a signé un accord avec nous. Et avant cela, John F. Kennedy a préconisé un partenariat avec l’Union soviétique. En conséquence, Kennedy a été abattu et Nixon a été retiré du pouvoir suite à sa mise en accusation.

Reagan a appelé l’URSS l’ «empire du mal». Et Joe Biden, avant même de prendre ses fonctions de président, a déclaré ennemi numéro 1 la Russie.

Kisselev [un animateur TV, NdT] ce week-end a montré en détail l’essence de ce qui se passe dans trois reportages. Mais il a omis, – je pense, tout à fait consciemment, – la question essentielle : comment l’ «affaire Navalny» a été préparée dans des laboratoires hors de nos frontières et directement dans notre pays.

Bastrykine [conseiller d’État de justice, NdT] a réprimandé ses “indics” pour avoir libéré Navalny, qui, avec l’ancien gouverneur de la région de Kirov, Belykh, avait organisé un groupe criminel. Or ce gang s’était fait beaucoup d’argent sur chaque mètre cube de forêt. Nous avons envoyé notre député Kachine enquêter dans la région de Kirov. Tout le monde sait ce qui s’est passé là-bas, mais sur un appel de Moscou, le tribunal a immédiatement libéré Navalny.

Puis ça a été les élections à la Mairie de Moscou. Nous avons avancé la candidature d’Ivan Melnikov. C’est une personne talentueuse, l’un des députés les plus expérimentés, avec une excellente formation scientifique. Nous avons proposé le programme «De la ville des problèmes à la ville du succès». Et quand les autorités ont vu que notre candidat était activement soutenu par la population, elles ont ramené en urgence Navalny.

Des secrétaires de section sont venus me voir et m’ont dit: «Guennadi Andreïevich, c’est quoi cette maison de fous? On contraint le parti au pouvoir à collecter des signatures pour Navalny! » J’ai fait ma petite enquête, et il s’est avéré que le feu vert venait du Kremlin. Et là, Navalny, sous la direction du «parti du pouvoir» et avec le soutien de l’une des tours du Kremlin, a recueilli 1,8 million de voix à Moscou. Alors qu’on sait que pour renverser un gouvernement, il suffit de faire descendre 200 000 combattants actifs dans la rue.

Trois chaînes de télévision ont accompagné l’opération du retour de Navalny en Russie. J’ai moi-même servi dans les forces spéciales et je sais comment cela se goupille. Le “Comité régional de Berlin” est déjà chargé de savoir où aller, quoi faire, comment organiser des émeutes, qui battre et comment provoquer les jeunes. Ce sont des techniques purement fascistes! Quand je préparais un film sur la façon dont mon cher pays d’Orlov [une région de Russie centrale, NdT], a combattu Hitler au prix de son sang, nous avons trouvé des images où le Führer s’avance dans les rangs, tapote des gamins sur la joue avec sa main et leur donne des grenades antichars. Avec pour mission de tuer nos soldats qui ont traversé toute l’Europe et sont venus libérer Berlin.

Des gredins emmenés par Navalny font de même aujourd’hui. Et cela est retransmis à loisir sur toutes les chaînes de télévision. Il faut arrêter avec ça! Ce salaud, s’il arrive au pouvoir, vous liquidera le premier! Ce sera la même chose qu’à Kiev. Ceux qui sont arrivés au pouvoir ont commencé par se débarrasser des récalcitrants. Le reste des mécontents a été dispersé et emprisonné. Et le résultat est sous nos yeux!

Tout sera plus compliqué et pire dans notre pays qu’en Biélorussie. Là, ni les forces de sécurité ni les ouvriers n’ont trahi le Bat’ka. Nous l’avons également soutenu. Mais j’ai dû intervenir sur les principales chaînes de télévision et exhorter: «Mais qu’est-ce que vous fabriquez? Vous chassez notre dernier allié! Et demain ce sera votre tour! Et des personnes complètement différentes s’assiéront à vos places ».

Nous devons absolument étudier et enquêter sur ce qui s’est passé. En tant que chef de l’Union patriotique populaire, je lance un appel au président de la Douma d’État: nous devons tenir une séance à huis clos du Conseil de sécurité et discuter de la situation actuelle. Ce n’est pas un hasard si des prolos qui ne sont pas satisfaits de cette vie sont sortis dans la rue. Ils sont de plus en plus démunis et perdent leurs emplois. Ils ne sont en rien des partisans de Navalny, mais ils l’ont fait pour protester contre cette politique socio-économique sans avenir.

Des jeunes sont descendus dans la rue, à qui vous aviez enlevé la possibilité d’étudier pleinement. Vous avez expurgé Pavel Kortchaguine et la Jeune Garde du programme. Mais d’un autre côté, vous avez inclus l’antisoviétique et falsificateur Soljenitsyne, qui pendant de nombreuses années s’était dévolu à la préparation idéologique de la destruction de l’URSS.

J’insiste pour que vous arrêtiez l’attaque des pillards criminels sur la ferme d’État Lénine. Et il est grand temps de réhabiliter Vladimir Bessonov [un député communiste en prison depuis des années pour avoir organisé une manifestation ‘illégale’, NdT]. Mais au lieu de prendre ces décisions, vous continuez à opposer les gens les uns aux autres.

Vous continuez vos attaques haineuses contre Staline. Mais lui au moins avait assez d’intelligence et de volonté pour rassembler le pays dans le contexte de l’arrivée au pouvoir d’Hitler en Allemagne. Staline fit la paix avec les cosaques, avec les koulaks, avec l’intelligentsia, et s’excusa auprès des prêtres. Et vous ne pouvez même pas vous mettre d’accord avec l’opposition de gauche, qui a défendu et défend l’État avec persévérance et opiniâtreté!

Sur qui les nazis ont-ils tiré en premier lieu? Sur les ouvriers! Qui a été envoyé aux camps? Les communistes. Avec qui Hitler a-t-il réglé ses comptes? D’abord avec les communistes, puis avec les socialistes, puis avec les syndicats. Après cela, il a commencé à faire griller des nations entières dans les fours d’Auschwitz et de Dachau.

Il est nécessaire de tirer des conclusions de tout ce qui se passe et de résoudre les problèmes. Nous sommes prêts pour cela. Mais nous espérons que tant le Conseil de sécurité que le “parti au pouvoir” prendront les mesures appropriées.

Frédéric Taddeï reçoit :

Jean Radvanyi, professeur émérite de géographie de la Russie à l’INALCO,

Arnaud Dubien, directeur de l'Observatoire franco-russe,

et Frédéric Pons, journaliste.

Tag(s) : #Russie PC
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