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Pour satisfaire les exigences des actionnaires, Michelin annonce vouloir supprimer 2300 emplois en trois ans. Elle rejoint ainsi d’autres membres du CAC40, parmi lesquels Danone, Sanofi ou Total qui suppriment des emplois alors qu’elles versent des dividendes et profitent de l’argent public.
En lieu et place des traditionnels vœux de nouvelle année, les salariés de Michelin ont appris que leur direction souhaitait supprimer 2300 emplois sur trois ans : 1200 dans les activités industrielles, et 1100 dans les activités tertiaires du groupe. « Il s’agit de l’un des plus grands plans sociaux qu’ait lancé l’entreprise alors que les usines tournent à plein régime et que le groupe fait 1,7 milliard d’euros de bénéfice », a réagi avec colère et surprise Jérôme Lorton, délégué syndical central Sud chez Michelin et cité par Le Monde.
Michelin indique de son côté vouloir augmenter « sa compétitivité jusqu’à 5 % par an » et « améliorer significativement l’agilité et la performance globale de ses activités ». Un peu plus d’un an après avoir annoncé la fermeture des usines de la Roche-sur-Yon en Vendée (619 salariés) et de Bamberg en Allemagne (858 salariés), Michelin fait à nouveau de la suppression d’emplois, ici plus de 10 % des 20 000 que le groupe compte dans le pays, la principale source de cette recherche de « compétitivité ».
En pleine pandémie de Covid-19, le groupe a pourtant maintenu un juteux dividende de 357 millions € pour ses actionnaires. Soit l’équivalent de 155 000 euros pour chaque emploi qui doit être supprimé sur les trois prochaines années. Les actionnaires du groupe sont ainsi doublement servis : au versement du dividende s’ajoute un cours de l’action durablement orienté à la hausse depuis le milieu de l’automne 2020, et encore raffermi par cette annonce de suppression d’emplois.
Après Danone, Total ou Sanofi (lire notre article), voilà donc un nouvel exemple d’une multinationale du CAC40 qui supprime des emplois pour soutenir sa valorisation boursière et rassurer ses actionnaires. Une pratique qui ne semble pas déranger un gouvernement toujours aussi peu enclin à conditionner l’accès aux aides publiques. Michelin a obtenu 65 millions € de CICE depuis 2013, dispositif censé soutenir la création d’emplois, et bénéficie du plan de soutien au secteur de l’automobile. La firme a également pu compter sur plus de 12 millions d’euros d’argent public pour payer le chômage partiel d’une partie de ses salariés en 2020. En réduisant de seulement 3 % le dividende versé à ses actionnaires, Michelin aurait donc pu se passer d’argent public pour rémunérer ses salariés pendant le confinement.
Alors que l’écart des rémunérations dans l’entreprise varie de 1 à 100, qu’une filiale du groupe sur quatre est domiciliée dans un paradis fiscal, Michelin a été épinglée par l’Observatoire des multinationales comme un des nombreux corona-profiteurs du CAC40 qui préfèrent rémunérer leurs actionnaires que contribuer à l’intérêt général. Sous perfusion d’argent public, ces entreprises suppriment des emplois à tour de bras. Avec le consentement de fait d’Emmanuel Macron et son gouvernement.
- Le rapport Allô Bercy ? Aides publiques : les corona-profiteurs du CAC40 est à télécharger sur le site de l’Observatoire des multinationales.
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