Royaliste
Arnaud Montebourg s’engage
L’ancien ministre n’est pas encore candidat mais il pré- sente dans les médias des éléments de son programme et ses amis ont lancé un mou- vement qui vise au rassemble- ment, par-delà la droite et la gauche.
Vieux renard, Jean-Luc Mélenchon avait vu venir le coup. Dès le 8 novembre, il avait annoncé sa candidature à la présidentielle. Rien ne pressait, mais le Fregoli de la gauche radicalement louvoyante voulait poser son pion sur l’échiquier avant celui qu’il craint plus que tous les autres : Arnaud Montebourg. Le pion a été posé à la suite d’une pétition quelque peu ridicule puis il ne s’est plus rien passé. Méluche donne toujours des coups de gueule, mais c’est l’ancien ministre de François Hollande qui retient l’attention des médias et d’une frange de l’opinion qui est à la recherche d’un candidat capable d’éviter le duel Macron-Le Pen.
Il faut dire qu’Arnaud Montebourg trace sa route avec méthode. D’abord un retour en douceur, ponctué de longs et solides entretiens, puis la publication d’un récit, L’Engagement, aux éditions Grasset, et, voici peu, le lancement par ses proches d’un mouvement politique qui reprend le titre du livre. Ce qui frappe, dans ces écrits et déclarations, c’est la rude clarté du propos. .
Quant à l’actuel locataire de l’Élysée, pas de quartier : « Pour moi, Macron, c'est l'anti-homme d'État qui a vendu Alstom et Technip aux Américains, Alcatel au finlandais Nokia, Lafarge au suisse Holcim et les Chantiers de l'Atlantique à l'italien Fincantieri. Il continue à abandonner tous les jours des entreprises entre les mains de l'étranger, alors qu'il a le pouvoir juridique et légal de bloquer ces ventes.»
Dans le domaine économique, Arnaud Montebourg reste persuadé que la démondialisation est indispensable et que la France doit à nouveau fabriquer ses médicaments, produire son énergie et retrouver la maîtrise de sa technologie dans la perspective de la transition écologique. Même clarté sur l’Union européenne : « Il faut faire passer la France avant l'Europe comme les Allemands font passer l'Allemagne avant l'Europe. Il ne faut plus que la France défende l'Europe avant la France », déclarait-il en novembre sur Europe 1, sans rien céder au nationalisme puisque l’éventuel candidat souhaite une « Europe constituée en une forme nouvelle de confédéra- tion d’États-Nations. »
Sur les institutions de la Ve République, on est heureuse- ment surpris de lire dans Le Figaro qu’Arnaud Montebourg « regrette l’abandon du sep- tennat, qui permettait que le rythme parlementaire soit indé- pendant de l’agenda de l’exécu- tif. La séparation des pouvoirs permettait de faire procéder chacun d’eux d’une légitimi- té différente ; aujourd’hui, ils procèdent tous du président qui concentre les pouvoirs et les problèmes. Le président doit redevenir un arbitre, en laissant l’initiative au chef du gouver- nement sous le contrôle sérieux et étroit d’un Parlement ne re- nonçant pas à ses pouvoirs. Aujourd’hui, le président de la République fait du micro-ma- nagement de ses ministres ! Ce n’est pas son rôle constitution- nel ». L’esquisse ne manque pas de cohérence.
Il faudra suivre avec attention la manière dont elle sera précisée.
■ YVES LANDEVENNEC