Education et santé : l'essentiel du budget cubain
Le contexte de la réorganisation monétaire introduit nécessairement des transformations dans le budget de l'État cubain, qui pour cette année 2021, avec pour souci la recherche d'une utilisation plus adéquate des ressources, se propose de supprimer les subventions excessives, sans laisser de côté le caractère essentiellement social qui définit ses fonctions, en plaçant l'être humain au centre de la vie du pays
Le contexte de la réorganisation monétaire introduit nécessairement des transformations dans le budget de l'État cubain, qui pour cette année 2021, avec pour souci la recherche d'une utilisation plus adéquate des ressources, se propose de supprimer les subventions excessives, sans laisser de côté le caractère essentiellement social qui définit ses fonctions, en plaçant l'être humain au centre de la vie du pays
C'est ce que Meisi Bolaños Weiss, ministre des Finances et des Prix (MFP), a déclaré lors de l’émission de télévision La Table ronde, tout en précisant que durant cette année qui touche à sa fin, le pays a dû faire face à l'intensification du blocus économique étasunien ; à une crise économique mondiale, due à la pandémie de COVID-19, et à la contraction d'importants niveaux d'activité, comme le tourisme, ce qui a affecté l'entrée de devises étrangères dans le pays, d’où des répercussions négatives sur d'autres secteurs, notamment celui des productions liés à l'activité touristique.
Elle a expliqué que ce scénario complexe a imposé de procéder à des réajustements du Plan de l’Économie et du budget de l'État pour cette année, et qu'il a provoqué une augmentation significative du déficit du fait d’une réduction importante des revenus.
« Avec la décision de mettre l'être humain au centre de l'attention et de faire face à cette pandémie, le budget a pris en charge un peu plus de 1,3 milliard de pesos, alors que l'année n’est pas terminée. Il s'agit de chiffres réels, qui ont été financés pour soutenir et donner de la vitalité aux actions de prévention et de lutte contre la COVID-19. Cette garantie budgétaire sera maintenue », a-t-elle déclaré.
À propos de la réforme des salaires, elle a expliqué qu'il s'agit de l'un des objectifs purement sociaux, qui comprend l'augmentation des revenus du secteur budgétisé et des entreprises, ainsi que des pensions et des prestations d'aide sociale.
Et d’ajouter que bien que la réorganisation sera appliquée à partir du 1er janvier 2021, les salariés recevront une avance sur salaire au mois de décembre. Cela implique que le budget assume un montant de dépenses plus important, pour couvrir le secteur budgétisé et celui des pensions.
Pour cette raison, a-t-elle indiqué, il y aura une augmentation du déficit, qui s’élèvera à la fin de l’année à environ plus de 8 milliards de pesos. « Si l’on ajoute le déficit budgétaire estimé pour 2020, il est d'environ 20, 733 milliards de pesos.
Le budget 2021, récemment approuvé comme loi par l'Assemblée nationale du Pouvoir populaire, et dans sa première année de la Tâche de réorganisation, a déjà un effet de correction progressive des prix de gros et de détail. Selon la ministre, celui-ci atteint d'autres dimensions en ce qui concerne les revenus et les dépenses, puisqu'il croît en fonction de l'effet de l'augmentation des coûts des biens et des services.
En raison de sa nature sociale, a-t-elle rappelé, tous les services qui s’acquièrent dans l'économie pour pouvoir financer les secteurs et les services de base relèvent du secteur des entreprises.
« Le budget cubain est clairement social, et tout ce qui est acquis dans l'économie pour financer les secteurs et services de base et sociaux se reflète dans le secteur des entreprises », a-t-elle déclaré.
Toutefois, a-t-elle ajouté, nous avons prévu une contention et des mesures anti-inflationnistes afin que l'augmentation ne dépasse pas celle prévue par le budget.
« Pour ne pas prendre 2020 comme année de référence, en raison de sa complexité, nous parlons d'un déficit qui en 2019 a été d'environ 7 milliards de pesos. Nous parlons maintenant d'un budget qui prévoit un déficit de 86 milliards de pesos, c’est-à-dire presque dix fois plus important », a-t-elle déclaré.
Concernant les objectifs de l'année prochaine, Bolaños Weiss a rappelé que la priorité est de relancer l'économie en mettant en œuvre la Stratégie économique et sociale. « Nous aurons des contractions de revenus, des tensions financières, mais les conditions sont créées dans le pays pour promouvoir les exportations et la production de secteurs stratégiques, qui donneront leurs résultats dans le courant de 2021. »
« C'est pourquoi nous ne renonçons pas aux objectifs et aux indicateurs fixés quant au PIB et de développement de l'économie dans ses différentes phases du Plan de développement économique jusqu'en 2030. »
GARANTIES DU BUDGET À PARTIR DE 2021
Sur les quelque 375 milliards de pesos alloués aux dépenses, environ 65 % sont consacrés à l'activité budgétisée, ce qui signifie que même dans les circonstances dans lesquelles se trouve le pays, il est maintenu dans un scénario de réorganisation des services de base pour la population.
Ainsi, outre le soutien du secteur de la santé publique, en 2021, l'éducation sera également prioritaire. De même, a souligné la ministre, nous avons maintenu la subvention des matériaux de construction pour les personnes à faibles revenus qui doivent réparer leur maison.
Elle a expliqué que la contribution à la sécurité sociale est payée par les employeurs ; les formes étatique et non étatique apportent leur contribution, mais pas suffisamment, en raison du vieillissement de la population. La masse des personnes ayant ce droit à la retraite, à son financement, dure plus longtemps que la formation de la masse de ceux qui y contribuent. Le budget de la Sécurité sociale est toujours déficitaire, si bien que le budget de l'État doit financer ce déficit. Par ailleurs, les personnes qui s'occupent d'un membre de leur famille et qui ne sont pas en mesure de travailler reçoivent l'aide du pays par le biais des prestations d'assistance sociale.
La ministre a également souligné que le budget traduit l'effet de la suppression des subventions excessives, et qu'il y a à cet égard une transformation importante.
Elle a souligné qu'il existe une réserve budgétaire de 18 milliards de pesos pour soutenir les entreprises qui ne parviendront pas, lors du démarrage de la réorganisation monétaire, à couvrir l'ensemble de leurs dépenses avec leurs revenus, comme les augmentations de salaires et les effets de la dévaluation et de l'augmentation des coûts.
Concernant les subventions qui sont maintenues, la ministre a signalé le financement des prix de détail tels que les produits destinés aux enfants, aux régimes pour femmes enceintes, à la layette, ainsi qu'une grande partie des médicaments, ces derniers à plus de 7 milliards de pesos. Elle a également déclaré que le financement destiné à l'attention des personnes vulnérables en raison des effets de la réorganisation monétaire, est couvert à hauteur de 716 millions de pesos.
CONTRIBUER AU SOUTIEN DES DÉPENSES SOCIALES
Vladimir Regueiro Ale, premier vice-ministre des Finances et des Prix, a donné des détails sur l'impact de la réorganisation monétaire et financière sur la structure des recettes du budget de l'État.
Il a précisé, tout d'abord, que les recettes ont été projetées en fonction de la croissance discrète que l'économie devrait connaître l'année prochaine, et que cela exige la responsabilité de tous les acteurs dans l'accomplissement de leur devoir de contribuer à la durabilité des dépenses sociales du pays.
Il a indiqué un montant des recettes planifiées de l’ordre de 291 259 millions de pesos, un chiffre qui n’a aucun précédent dans les budgets antérieurs, mais qui se révèle insuffisant, car il ne permettra de financer qu'environ 75 % des dépenses prévues.
La plus grande transformation, a-t-il dit, concernera la structure des recettes : jusqu'à présent, les recettes fiscales ont progressivement atteint 74% des recettes totales ; cependant, au cours de cette première année de mise en œuvre de la réorganisation, elles seront de l'ordre de 39%, tandis que les recettes non fiscales représenteront 61%.
Ce dernier chapitre prévoit des impôts sur les bénéfices et les revenus des personnes physiques, ce qui implique une meilleure application des principes de généralité, d'égalité et de capacité contributive, sur lesquels repose le système fiscal.
Regueiro Ale a indiqué que les contributions sur les résultats des entreprises, liées aux impôts sur les bénéfices et sur le rendement des investissements de l'État, participent à 30 % du revenu total (87, 367 milliards de pesos), tandis que l'impôt sur le revenu des personnes physiques qui doit être perçu à hauteur de 6, 844 milliards de pesos.
Autres changements dans la structure fiscale : les taxes sur les ventes en gros sont supprimées et les taxations spéciales sur les boissons alcoolisées et autres produits sont suspendus, sauf dans la vente au détail des véhicules.
Le premier vice-ministre des Finances et des Prix a expliqué que les ajustements fiscaux ont également été mis en œuvre pour réduire la charge fiscale sur les formes de gestion non étatiques.
Pour le secteur non étatique, il est également prévu une exemption minimale de 10 000 à 39 120 pesos, a-t-il dit, et il a annoncé que pour la prochaine campagne de Déclaration sous serment, tous les travailleurs à leur compte qui ont suspendu ou limité leur activité pour une période de six mois ou plus, dans le cadre de la lutte contre la COVID-19 et du fait de son impact seront exemptés de paiement annuel.
Il a également indiqué que le taux général de 1 % a été ratifié pour l'impôt foncier et que les conseils municipaux ont été autorisés à utiliser 50 % de ce revenu.
La loi budgétaire de l'année prochaine prévoit l'extension de l'application de l’impôt sur les terres agricoles en friches et forestières à toutes les provinces et à la municipalité spéciale de l'Île de la Jeunesse, a-t-il dit.
Yahily Garcia Poma, directrice de la Politique des revenus du MFP, a souligné que la taxe de 4% pour l'embauche de travailleurs à l'étranger n'est pas nouvelle, mais qu’elle a été établie en 2013, tandis que Lourdes Rodriguez Ruiz, vice-ministre de ce ministère, a évoqué les changements qui vont affecter les prix de collecte de la production agricole.