L'ancien ministre socialiste, qui envisage de se présenter l'année prochaine, réalisait samedi une séance de dédicaces de son dernier livre, L'Engagement, dans un magasin parisien.
«Excusez-moi, je vois que vous vous êtes fait mouiller», glisse Arnaud Montebourg aux trois étudiants devant lui, trempés de la tête aux pieds. L'ancien ministre de l'Économie avait donné rendez-vous à ses sympathisants, ce samedi après-midi, pour une séance de dédicace à la «Belleville Manufacture», boutique de vêtements de luxe «made in France», au cœur du 2ème arrondissement de Paris. «C'est là que j'achète mes costumes», explique-t-il en préambule. La pluie et la neige qui s'abattent dehors sont un beau test. L'ancien ministre, intéressé par la présidentielle, peut jauger la motivation de ses fidèles, contraints d'attendre dehors pour respecter les normes sanitaires.
«On se donne des nouvelles»
Résultat : un peu plus d'une centaine de sympathisants ont bravé le froid pour faire signer leur livre, L'Engagement (Grasset), dernier essai d'Arnaud Montebourg où il raconte son quotidien à Bercy sous François Hollande. L'affluence réjouit ses proches : peu relayé sur les réseaux sociaux, l'événement était resté quasi confidentiel. Cela n'a pas empêché Sylvain et son fils de venir depuis Anthony (Hauts-de-Seine). «Je pense qu'avec vous, on peut faire beaucoup de choses», lâche-t-il à l'auteur. Réponse de l'intéressé : «Ah bon? Vous pensez?»
Des jeunes comme des moins jeunes, séduits par le personnage et son combat pour le «Made In France» depuis plusieurs années, veulent savoir comment aider. Au-dessous des autographes en bas de la première page, le presque candidat gratte son adresse mail. «On se donne des nouvelles», souffle-t-il. Ses équipes récupèrent des numéros de téléphone. «M'engager avec lui m'intéresse. Avec la crise on voit qu'il faut créer de l'emploi en France. Sa candidature représente un motif d'espoir», raconte une jeune femme, enchantée à l'idée de se joindre à l'aventure Montebourg. Selon les proches de l'intéressé, deux mille personnes auraient déjà rejoint son association, qui porte le même nom que son livre : «L'Engagement». À l'approche de la présidentielle, reste à mettre les troupes en ordre de bataille.
«Tout doux, tout doux»
Entre deux signatures, les journalistes l'interpellent : «Serez-vous candidat à la présidentielle?». «Chaque chose en son temps», répond l'ex-ministre. Un invité surprise entre dans la salle : l'ancien cadre socialiste Gérard Filoche. Exclu du PS pour avoir partagé sur les réseaux sociaux un montage antisémite, il reste une figure appréciée du monde syndical. «Je viens parce que je connais Arnaud depuis quelques décennies. Et puis, j'habite juste à côté», précise-t-il. L'ancien inspecteur du travail met son ami en garde contre la division de la gauche. «Il faut qu'ils se mettent autour d'une table et qu'ils trouvent un accord, sinon les électeurs vont leur botter les fesses», prédit-il. Arnaud Montebourg a promis de lui passer un coup de fil.
Les livres signés, l'ancien socialiste se met de côté pour répondre aux journalistes. Forcément, la question de sa candidature revient sur la table. «Tout doux, tout doux. Un pas après l'autre», balaie-t-il, même s'il n'exclut pas de tenter sa chance en solitaire. À gauche, nombreux s'interrogent sur le financement d'une potentielle campagne, alors que des millions d'euros sont nécessaires - ne serait-ce que pour atteindre le premier tour. «C'est effectivement un des sujets qui se trouvent devant nous. Je ne peux pas répondre pour l'instant», admet-il.
Les mêmes à gauche dénoncent ses accointances avec des souverainistes de droite, comme les députés LR Julien Aubert ou Guillaume Peltier. Les deux l'ont salué publiquement ces derniers jours. «Ils n'ont pas dit qu'ils me soutenaient, ils ont simplement dit qu'ils me comprenaient, ce que je trouve déjà pas mal», corrige Arnaud Montebourg qui rêve d'un «de Gaulle collectif» pour la France en 2022. Sous-entendu : un gouvernement qui dépasserait les clivages traditionnels... Mais à l'entendre, toutes ces péripéties ne l'intéressent pas vraiment. Avant de repartir, il s'enflamme : «Moi, je veux quitter les eaux de la politicaille! Je veux prendre de la hauteur!»
Tout un programme.