Le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi
et sa monnaie panafricaine le dinar-or
Le gouvernement de Kadhafi disposait d'une réserve d'or de 143 tonnes et d'une quantité comparable d'argent (métal). » L'or avait été accumulé longtemps avant l'insurrection dans le but de développer un monnaie panafricaine sur base du dinar libyen, couvert par cet or. Ce plan aurait été imaginé « afin de proposer aux pays africains francophones une alternative au franc CFA ».
C'est pour empêcher cela que les Français ont entamé la guerre contre la Libye.
La Libye aujourd'hui
Par Manlio Dinucci
Il y a dix ans, le 19 mars 2011, les forces USA/OTAN initiaient le bombarde-ment aéronaval de la Libye. La guerre fut dirigée par les États-Unis, d’abord via le Commandement Africa, puis par l’OTAN sous commandement USA. En sept mois, l’aviation USA/OTAN effectue 30 mille missions, dont 10 mille d’attaque, avec plus de 40 mille bombes et missiles. L’Italie -avec le consensus multi-partisan du Parlement (Partito democratico au premier rang)- participe à la guerre avec 7 bases aériennes (Trapani, Gioia deL Colle, Sigonella, Decimo-mannu, Aviano, Amendola et Pantelleria) ; avec des chasseurs bombardiers Tornado, Eurofighter et d’autres, avec le porte-avions Garibaldi et d’autres na-vires de guerre. Avant même l’offensive aéro-navale, avaient été financés et armés en Libye des secteurs tribaux et groupes islamistes hostiles au gouverne-ment, et infiltrées des forces spéciales notamment qataris, pour propager les affrontements armés à l’intérieur du pays.
Ainsi est démoli cet État africain qui, comme documentait la Banque Mon-diale en 2010, maintenait “de hauts niveaux de croissance économique”, avec une augmentation annuelle du PIB de 7,5%, et enregistrait “de hauts indica-teurs de développement humain” parmi lesquels l’accès universel à l’instruction primaire et secondaire et, pour plus de 40% aux universités. Malgré les dispa-rités, le niveau de vie moyen était en Libye plus haut que dans les autres pays africains. Environ deux millions d’immigrés, en majorité africains, y trouvaient du travail. L’État libyen, qui possédait les plus grandes réserves pétrolifères de l’Afrique plus d’autres en gaz naturel, laissait des marges de profit limitées aux compagnies étrangères. Grâce à l’exportation énergétique, le balance commer-ciale libyenne avait un excédent de 27 milliards de dollars annuels. Avec de telles ressources l’État libyen avait investi à l’étranger environ 150 milliards de dollars. Les investissements libyens en Afrique étaient déterminants pour le projet de l’Union Africaine de créer trois organismes financiers : le Fonds mo-nétaire africain, avec siège à Yaoundé (Cameroun) ; la Banque centrale afri-caine, avec siège à Abuja (Nigeria) ; la Banque africaine d’investissement, avec siège à Tripoli. Ces organismes auraient servi à créer un marché commun et une monnaie unique de l’Afrique.
Ce n’est pas un hasard si la guerre OTAN pour démolir l’État libyen com-mence moins de deux mois après le sommet de l’Union Africaine qui, le 31 janvier 2011, avait donné son feu vert pour la création dans l’année du Fonds monétaire africain. Le prouvent les e-mails de la secrétaire d’État de l’Adminis-tration Obama, Hillary Clinton, mis en lumière ensuite par WikiLeaks : États-Unis et France voulaient éliminer Kadhafi avant qu’il n’utilise les réserves en or de la Libye pour créer une monnaie pan-africaine alternative au dollar et au franc CFA (la monnaie imposée par la France à 14 de ses ex-colonies).
Ceci est prouvé par le fait que, avant qu’en 2011 n’entrent en action les bombardiers, ce sont les banques qui entrent en action : elles séquestrent les 150 milliards de dollars investis à l’étranger par l’État libyen, dont la plus grande partie disparaît. Dans la grande rapine se distingue Goldman Sachs, la plus puissante banque d’affaires étasunienne, dont Mario Draghi a été vice-président.
Aujourd’hui en Libye les entrées de l’export énergétique se trouvent accapa-rées par des groupes de pouvoir et des multinationales, dans une situation chaotique d’affrontements armés. Le niveau de vie moyen de la majorité de la population s’est effondré. Les immigrés africains, accusés d’être “des merce-naires de Kadhafi”, ont été emprisonnés jusque dans des cages de zoo, torturés et assassinés. La Libye est devenue la principale voie de transit, aux mains de trafiquants d’êtres humains, d’un chaotique flux migratoire vers l’Europe qui a provoqué beaucoup plus de victimes que la guerre de 2011.
À Tawerga les mi-lices islamistes de Misrata soutenues par l’OTAN (celles qui ont assassiné Kad-hafi en octobre 2011) ont accompli un véritable nettoyage ethnique, contrai-gnant presque 50 mille citoyens libyens à fuir sans pouvoir y revenir. De tout cela est responsable aussi le Parlement italien qui, le 18 mars 2011, engageait le Gouvernement à “adopter toute initiative (c’est-à-dire l’entrée en guerre de l’Italie contre la Libye) pour assurer la protection des populations de la région”. Édition de mardi 16 mars 2021 d’il manifesto
https://ilmanifesto.it/perche-la-nato-dieci-anni-fa-demoli-la-libia/
Traduit de l’italien par M-A P.
Édition de mardi 16 mars 2021 d’il manifesto
Note pour la version française :
“Déclaration du Gouvernement sur l’intervention des forces armées en Libye et débat sur cette déclaration”, séance du 21 mars 2011 à l’Assemblée Natio-nale : Fillon, Juppé, Ayrault etc. “tous ensemble, tous ensemble…”
https://www.assemblee-nationale.fr/13/cri/2010-2011/20110144.asp