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EQUATEUR, PAYS AUX MILLE VISAGES | Espaces Andins

Rafael Correa — Wikipédia

Rafael Correa, le libérateur,

Lenín Moreno — Wikipédia

le traitre Lenin Moreno

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et Guillermo Lasso, le candidat élu des banquiers

Le 11 avril 2021, lors du deuxième tour des élections présidentielles, Guillermo Lasso (52,4 %), le candidat de la droite, a devancé Andres Arauz (47,6 %), le candidat soutenu par Rafael Correa et une partie de la gauche. Lasso a été élu grâce à la division de la gauche car une partie importante de celle-ci, qui a perdu toute confiance dans Rafael Correa, a appelé à voter nul. Les voix du camp populaire, qui était clairement majoritaire au premier tour des élections de février 2021, se sont divisées et cela a permis à un ancien banquier d’être élu président. La situation est grave car une occasion de rompre avec la politique néo libérale brutale de Lenin Moreno a été perdue.

L’ex-banquier Lasso, quoique critique par pur électoralisme des positions de Lenin Moreno, va poursuivre le même type d’orientation néfaste : l’approfondissement de politiques néolibérales, la soumission aux intérêts privés du Grand capital, en particulier du puissant secteur bancaire équatorien, du secteur importateur-exportateur et la soumission à la superpuissance nord-américaine. Comment est-il possible qu’une partie importante des voix du camp populaire ne se soit pas reportée sur Andres Arauz pour éviter l’élection de Guillermo Lasso ? Cela s’explique par le rejet qu’a suscité dans une partie de la gauche, notamment dans la CONAIE, la Confédération des nations indigènes de l’Équateur, la politique de Rafael Correa en particulier à partir de 2011.


L’élection de Lasso comme président ouvre une nouvelle étape dans l’application d’une politique encore plus favorable au Grand capital équatorien, aux multinationales étrangères, à une alliance entre les présidents de droite en Amérique latine et à la poursuite, voire au renforcement, de la domination des États-Unis sur le continent

La victoire de Lasso n’était pas du tout garantie car, au premier tour des élections, les deux forces politique sorties victorieuses du scrutin étaient d’une part le mouvement politique soutenu par Rafael Correa avec 42 député·es et d’autre part Pachakutik, le bras politique de la CONAIE avec 27 élu·es, qui a obtenu le meilleur résultat parlementaire de toute l’histoire du mouvement indigène. Au niveau des élections présidentielles, le résultat du premier tour des présidentielles était clairement favorable au camp populaire car l’addition du résultat d’Andres Arauz (un peu plus de 32 %) et celui de Yaku Perez (un peu moins de 19 %) donnait une majorité à laquelle on pouvait ajouter une partie du candidat arrivé en quatrième position qui se présentait comme social-démocrate et qui avait obtenu près de 14 %. Lasso, l’ex-banquier venait certes en deuxième position avec 19 % mais avec un avantage très limité face à Yaku Perez, le candidat présenté par Pachakutik aux élections de février 2021, et 13 points de moins qu’Andres Arauz. Yaku Perez et la CONAIE ont d’abord dénoncé ce qu’ils ont appelé une fraude électorale massive. Puis Yaku Perez a passé un accord de soutien mutuel avec Guillermo Lasso quelques jours après le deuxième tour, accord qui a été rompu rapidement par Lasso. Ensuite la CONAIE a appelé avec différentes forces de gauche à voter nul au second tour en refusant de reporter leurs voix sur Andres Arauz pour battre Guillermo Lasso. Sur cette question la CONAIE et Pachakutik se sont divisés car un secteur de droite dans Pachakutik a appelé a voté en faveur de Lasso tandis que le président de la CONAIE, Jaime Vargas, avait appelé à voter pour Andres Arauz avec le soutien d’une majorité d’organisations indigènes de la partie amazonienne de l’Équateur membres de la CONAIE. Malgré les voix discordantes qui annonçaient qu’elles voteraient pour Lasso contre celles qui appelaient à voter pour Arauz, la CONAIE réaffirma ensuite l’appel à voter nul qui finalement a atteint 16,3 % le jour des élections.

L’élection de Lasso comme président ouvre une nouvelle étape dans l’application d’une politique encore plus favorable au Grand capital équatorien, aux multinationales étrangères, à une alliance entre les présidents de droite en Amérique latine et à la poursuite, voire au renforcement, de la domination des États-Unis sur le continent. Le résultat électoral du 11 avril 2021 est un jour sombre pour le camp populaire. Pour comprendre comment une partie importante du camp populaire a refusé d’appeler à voter en faveur d’Arauz pour battre Lasso, il convient d’analyser la politique suivie par Rafael Correa après avoir été réélu président en 2010.

 Rappel sur la politique suivie par Correa entre 2007 et 2010

Commençons par un rappel concernant la présidence de Rafael Correa de 2007 à 2010 que j’ai analysée dans plusieurs articles antérieurs. L’Équateur a offert l’exemple d’un gouvernement qui adopte la décision souveraine d’enquêter sur le processus d’endettement afin d’identifier les dettes illégitimes pour ensuite en suspendre le remboursement. La suspension du paiement d’une grande partie de la dette commerciale, suivie de son rachat à moindre coût, montre que le gouvernement ne s’est pas cantonné aux discours de dénonciation. Il a procédé en 2009 de fait à une restructuration unilatérale d’une partie de sa dette extérieure et a remporté une victoire contre ses créanciers privés, principalement des banques et des fonds d’investissement des États-Unis.

En 2007, le gouvernement de l’Équateur au début de la présidence de Rafael Correa est entré en conflit avec la Banque mondiale, le représentant permanent de la Banque mondiale a été expulsé. Entre 2007 et 2010, pendant la présidence de Rafael, il faut ajouter qu’une série de politiques positives importantes a été initiée : une nouvelle constitution a été adoptée d’une manière démocratique ce qui a annoncé d’importants changements qui par la suite n’ont pas débouché sur une authentique et profonde concrétisation ; l’Équateur a mis fin à la base militaire étasunienne de Manta sur la côte pacifique ; l’Équateur a tenté de mettre en place une banque du Sud avec l’Argentine, le Venezuela, le Brésil, la Bolivie, l’Uruguay et le Paraguay ; l’Équateur a quitté le tribunal de la Banque mondiale.

 Le tournant de Rafael Correa à partir de 2011

Ensuite 2011 a marqué un tournant dans la politique du gouvernement équatorien sur plusieurs fronts, tant sur le front social qu’aux niveaux de l’écologie, du commerce et de la dette. Les conflits entre le gouvernement et une série de mouvements sociaux importants comme la CONAIE d’une part, les syndicats de l’enseignement et le mouvement étudiant, d’autre part, se sont envenimés.

Rafael Correa et son gouvernement ont avancé dans des négociations commerciales avec l’UE au cours desquelles ils ont multiplié les concessions. Au niveau de la dette, à partir de 2014, l’Équateur a recommencé à augmenter progressivement le recours aux marchés financiers internationaux. Sans oublier, les dettes contractées auprès de la Chine. Sur le plan écologique, le gouvernement de Correa a abandonné en 2013 le projet de ne pas exploiter le pétrole dans une partie très sensible de l’Amazonie. Correa a pris également des positions patriarcales et réactionnaires sur la question de la dépénalisation de l’avortement et sur les LGBTQI.

 L’abandon de l’Initiative Yasuní-ITT en 2013

L’Initiative Yasuní-ITT avait été présentée en juin 2007 par Rafael Correa. Elle consistait à laisser sous terre 20 % des réserves de pétrole du pays (environ 850 millions de barils de pétrole), situées dans une région de méga-biodiversité, le parc national Yasuní, au nord-est de l’Amazonie [1].

Comme l’explique Matthieu Le Quang : « Pour compenser les pertes financières de la non-exploitation, l’État équatorien demandait aux pays du Nord une contribution financière internationale équivalente à la moitié de ce qu’il aurait pu gagner avec l’exploitation (3,6 milliards de dollars calculés à partir des prix du pétrole de 2007). Cette politique était ambitieuse notamment dans ses objectifs de changer la matrice énergétique d’un pays qui, bien qu’exploitant et exportant son pétrole, n’en est pas moins un importateur de ses dérivés et en restait dépendant pour la génération d’électricité. » [2]]

Matthieu Le Quang poursuit : « Une décision forte du gouvernement équatorien était d’avoir inscrit l’Initiative Yasuní-ITT dans la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, c’est-à-dire d’avoir mis l’accent sur la non-émission de gaz à effet de serre qu’engendrerait la non-exploitation du pétrole. » En août 2013, Rafael Correa, qui avait été réélu pour la troisième fois à la présidence en février avec plus de 57 % des voix dès le premier tour, a annoncé la fin de ce projet. Il a justifié sa décision par la faiblesse bien réelle des engagements pris par différents pays pour financer la non-exploitation du pétrole de Yasuni-ITT.

Tag(s) : #Equateur
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