Les syndicats ont manifesté devant le siège de Saint-Gobain le 5 mai 2021 pour protester contre l'opération de rachat par Mutares.
Lapeyre vit des moments difficiles. Des milliers d'emplois sont en jeu en France. Une holding allemande, au passif controversé, devrait faire main basse sur cette entreprise historique. A l'heure du made in France l'Etat est pour l'instant muet.
La stratégie made in France et de réindustrialisation est-elle une illusion et une vaine promesse politicienne de l'exécutif ? Depuis plusieurs mois, Emmanuel Macron et le gouvernement insistent sur un nouveau cap industriel plus national. Ainsi, l'heure serait désormais à la souveraineté, à la relocalisation, à la réindustrialisation en France.
Le 28 août 2020, Emmanuel Macron avait de fait annoncé que 15 milliards d’euros seraient consacrés à l'innovation et à la relocalisation industrielle. Le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, disait pour sa part croire «profondément» le 9 février, «à la réindustrialisation de notre pays». «C’est un des objectifs de "France relance" qui aide à financer la localisation de nouvelles productions sur le territoire», ajoutait-il.
Les 3 500 salariés du groupe de menuiserie Lapeyre auraient certainement aimé que s'applique ce protectionnisme vanté dernièrement par le gouvernement.
Créée en 1931 et rachetée en 1996 par Saint-Gobain, Lapeyre fait face à de lourdes difficultés financières depuis 2012. Or, selon une source interne que nous avons contactée, «ni les 150 millions d’euros d’investissements réalisés ces cinq dernières années par Saint-Gobain, ni la reprise de l’activité post-confinement n’ont permis d’améliorer la situation de Lapeyre en 2020».
Saint-Gobain a ainsi entamé des négociations exclusives avec la holding allemande Mutares dont la réputation est critiquée par les salariés. «Mutares est connu pour avoir entre autres coulé Pixmania et Grosbill.com», rappelle Jérôme Garrec, représentant syndical Force ouvrière au micro de RT France. Tout aussi critique, le délégué syndical CGT Hervé Grillon explique qu'on ne peut absolument pas parler d'une «reprise», la tactique de Saint Gobain étant, selon lui, «tout simplement d'externaliser un plan social à grande échelle en confiant l'entreprise à Mutares». «Il apparaît que sur leur business plan, au bout de trois ans, il n'y ait plus un seul sou dans la caisse»,
CLIQUEZ CI-DESSOUS