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Vélodrome-d'Hiver-dit-Vel-d'Hiv  VELDHIV.ORG

Que s’est-il donc passé à Paris le 15 mai 1940 sur décision du gouvernement en place de l’époque dirigé par Paul Raynaud et en application de l’article 2 du décret du 12 octobre 1938 sur les « indésirables » ?

Ni commémorés, ni célébrés, pas même mentionnés, des événements de notre histoire nationale restent quasi tabous encore aujourd’hui.

Il aura fallu attendre 1995, pour qu’un président de la République reconnaisse la responsabilité de la France dans la rafle des 16 et 17 juillet 1942 qui vit le Vel d’Hiv devenir pour nombre d’entre eux l’antichambre d’Auschwitz. Reconnaissance certainement d’autant plus facilitée que les responsables, les Pétain, les Bousquet et les Laval étaient les « félons » de l’Etat Français, allié aux nazis.

En fait le Vel d’Hiv, deux ans auparavant, avait déjà servi à emprisonner des milliers de personnes.

Et pourtant quand on saisit « Vel d’Hiv » dans un moteur de recherche, il n’est pas question de mai 1940, mais seulement de juillet 1942. Et même résultat négatif si l’on fait cette recherche sur le site de la Fondation pour la Mémorial de la Shoah.

Que s’est-il donc passé à Paris le 15 mai 1940 sur décision du gouvernement en place de l’époque dirigé par Paul Raynaud et en application de l’article 2 du décret du 12 octobre 1938 sur les « indésirables » ?

Les rares historiens qui en ont parlé et les survivantes ont avancé le chiffre de 5 000 femmes internées au Vel d’Hiv. Arrêtées car étrangères, « indésirables », susceptibles de faire partie de la « 5è colonne » selon la tristement célèbre expression de Charles Maurras. Alors même que beaucoup avaient été déchues de leur nationalité d’origine. Ce fut le cas de ma mère pour avoir dès janvier 1933 quittait l’Allemagne où Hitler venait de s’installer. Il s’agissait donc en grande partie des femmes originaires d’Allemagne et d’Autriche, souvent juives, pratiquement toutes antinazies, souvent militantes de la gauche dans leur pays d’origine. Donc toutes des réfugiées fuyant la barbarie nazie.

Il suffit de lire les souvenirs des rescapées de cette épisode pour voir que les conditions qu’elles vécurent dans cette enceinte sportive sont les mêmes que celles que vécurent les raflés de juillet 1942 : pas de nourriture pendant plusieurs jours, les rares toilettes très vite bouchées, pratiquement pas d’eau, l’interdiction de communiquer avec l’extérieur, la promiscuité …

Puis ce fut le transfert vers le camp français de Gurs1 dans les Pyrénées où le gouvernement, depuis 1939, « hébergeait » dans le plus grand dénuement des soldats républicains espagnols, des brigadistes internationaux, des communistes français. Dans son livre sur Gurs, au titre prémonitoire « Les oubliées »2, Lilo Petersen résume la situation prévalant à Gurs en ces termes « Les Allemands faisaient crever, les Français laissaient crever ». Aussi Gurs où plus de 60 000 personnes furent « internées » verra plusieurs trains partirent vers les camps de la mort.

Etant moi-même fils d’une raflée de mai 40, né en octobre 1942, interné à Gurs à partir de mes …13  ours, je ne vois qu’une seule explication à ce quasi-silence : ces faits relèvent non pas d’un gouvernement de « traites », mais d’un gouvernement légal et républicain.

Regarder notre histoire commence par ne pas occulter ce qui fait tache dans « notre roman national républicain » !

Paquito Schmidt, le 28 avril 2021


1 « Le camp de Gurs : 1939-1945. Un aspect méconnu de l’histoire de Vichy », Claude Laharie – J&D éditions – octobre 1993

2 « Les Oubliées », Lilo Petersen – Editions Jacob-Duvernet – octobre 2007

17 février 1939, nous sommes encore en République et en paix...

COMMENTAIRE DE JEAN LEVY

Février 1939, nous étions encore sous la Troisième République. Edouard Daladier est président du Conseil. En application des décrets pris en 1938 contre les "étrangers indésirables", ainsi nommés les hommes et les femmes qui fuyaient l'Allemagne nazie et les régimes fascistes de l'est européen, s'ouvre en France le premier camp de concentration...

Donnons la parole aux Archives nationales et départementale de la Lozère :

 

FranceArchives: Portail National des Archives de France

Le camp d’internement de Rieucros, 1939-1942. L’internement, de la République à l’État français

Une publication des Archives départementales de la Lozère, 2008, 

 

De la Troisième République finissante à l’établissement, en juin 1940, du régime de Vichy, une continuité en matière de politique et d’état d’esprit de la population vis-à-vis des étrangers n’est-elle pas discernable ? En Lozère, le 21 janvier 1939, le gouvernement Daladier décide de l’ouverture à Rieucros, à proximité de la ville de Mende, du premier camp d’internement destinés aux « indésirables », en application d’un décret du 12 novembre 1938 « relatif à la situation et à la police des étrangers », visant les étrangers « moralement douteux, indignes de notre hospitalité ».

Rieucros est d’abord réservé aux hommes – les premiers sont des volontaires des Brigades internationales de la Guerre d’Espagne, des communistes, des droits communs. Puis, à partir d’octobre 1939, Rieucros est transformé en camp de femmes jusqu’en février 1942, mois au cours duquel les 357 internées sont transférées au camp de Brens, dans le Tarn. Extraites de la prison de la Petite Roquette à Paris, les premières détenues sont allemandes, tchèques ou polonaises ; certaines sont juives ou communistes. Après la défaite, Vichy y envoie aussi les femmes de « l’anti-France » : politiques, détenues de droit commun et prostituées. Les autorités ne sachant que faire de leurs enfants, ceux-ci sont également internés : ils sont 43 en août 1941.

Suite du commentaire de Jean LEVY

Comme le rappellent les Archives nationales, il y a eu continuité entre la IIIème République finissante et régime de Vichy en matière de répression des "Rouges".

Cela a donc commencé envers les "étrangers", puis à l'encontre des combattants républicains espagnols en mars 1939. Cela a continué à l'égard des Français antifascistes, les communistes en premiers. La chasse à ces derniers a pris son ampleur maximum avec l'interdiction du PCF en août 1939, sous prétexte que celui-ci refusait de désavouer le fameux pacte entre Moscou et Berlin, acte qui permis à l'Union soviétique de "gagner" deux ans pour parer à l'offensive des troupes allemandes le 22 juin 1941.

Morale de l'histoire : toute législation répressive porte en elle le danger d'être utilisée par tout pouvoir antipopulaire encore plus brutal, qui pourrait lui succéder.

A l'époque actuelle, la politique d'Emmanuel Macron en matière de lois, dites "sécuritaires", devrait nous faire réfléchir...

Tag(s) : #Histoire
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