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Un bureau de vote dans les Pays de la Loire, dimanche. S'ils vont plus aux urnes que les jeunes, l'abstention a fortement progressé chez les plus 65 ans.

Un bureau de vote dans les Pays de la Loire, dimanche. S'ils vont plus aux urnes que les jeunes, l'abstention a fortement progressé chez les plus 65 ans. (AFP)

Régionales : portrait-robot de l'abstentionniste du premier tour
 

Jamais les Français n'ont autant boudé un scrutin depuis le référendum sur le quinquennat en 2000. Les deux tiers des électeurs ne sont pas allés voter dimanche au premier tour des élections régionales. C'est même plus de sept sur dix dans le Grand Est (talonné par les Pays de la Loire et l' Ile-de-France ). Mais qui forme la cohorte des abstentionnistes ? Revue de détail, à la faveur d'une enquête OpinionWay pour « Les Echos », réalisée le jour du vote auprès d'un échantillon très large, de plus de 4.500 personnes.

· Les jeunes…. de moins de 50 ans

Comme à chaque élection, les moins de 25 ans ont été nombreux à bouder les urnes dimanche. Pas moins de 72 % se sont abstenus au premier tour des régionales. Soit 6 points de plus qu'en 2015. Mais cette fois, ils ont été rejoints par les tranches d'âges supérieures. Les électeurs âgés de 25 à 49 ans n'ont pas fait mieux et les 50-64 ans guère mieux (68 %).

Chez les plus de 65 ans, l'abstention tombe à 58 %, ce qui reste un niveau élevé. La poussée abstentionniste des plus âgés est même l'un des faits les plus notables de cette élection. En 2015, ils n'étaient que 29 % à ne pas avoir voté. Malgré le coup de frein à l'épidémie et l' allègement des contraintes sanitaires, « un Français sur dix n'est pas allé aux urnes par peur du Covid », observe Bruno Jeanbart, le vice-président de l'institut OpinionWay

Dans la mesure où les seniors sont plus nombreux, cela n'a pas désavantagé la droite. De manière assez classique, ils ont mis ses listes en tête, pour 36 % d'entre eux, quand les moins de 25 ans se sont en priorité tournés versles écologistes (à 30 %).

· Surtout les femmes

Elles avaient été 56 % à ne pas aller voter au premier tour des régionales de 2015, contre 40 % des hommes. Cette fois, 74 % d'entre elles ont boudé les urnes, contre 62 % des hommes. On n'observe pas en revanche, entre les unes et les autres, de différence fondamentale en termes de vote (alors que c'était souvent le cas, par le passé, sur le vote d'extrême droite, plus masculin). A une exception près : les femmes ont mis, proportionnellement, un peu plus de bulletins écologistes (à 15 % contre 11 % pour les hommes). « Les décrocheurs macronistes qui vont vers les écologistes sont les jeunes et les femmes », note Bruno Jeanbart, parlant de « tendance lourde ».

· Les faibles revenus

Ce facteur a été déterminant dimanche. Plus que l'âge ou le niveau de diplôme, « c'est le revenu qui a structuré le vote, un peu censitaire », souligne le vice-président d'OpinionWay. Les électeurs vivant dans des foyers gagnant moins de 1.000 euros par mois se sont abstenus à 84 %, contre 56 % dans ceux qui disposent de plus de 3.500 euros. Or, ces derniers votent plus à droite (à 38 % dimanche). L'abstention a plus augmenté dans les catégories populaires, où elle était déjà plus élevée. Cette fois, 76 % des employés et ouvriers ne sont pas allés voter, soit 18 points de plus qu'en 2015. Les cadres et professions intellectuelles ont fait de même à 57 %, soit 14 points de plus qu'il y a six ans.

A ces régionales, les ouvriers sont la seule catégorie professionnelle qui a placé l'extrême droite en tête (alors que c'était aussi le cas, en 2015, des employés et des professions intermédiaires). Mais de très peu, ce qui explique la contre-performance du RN : 32 % des ouvriers qui ont voté ont opté pour les listes RN et 28 % pour la droite, loin devant tous les autres partis.

En marche n'a recueilli que 3 % de leurs suffrages exprimés. Plus grave encore pour le mouvement présidentiel, il n'a pas dépassé 13 % chez les cadres et professions intellectuelles, alors que le tiers d'entre eux s'étaient portés sur Emmanuel Macron à la présidentielle. La droite est cette fois loin devant. Plus de cadres ont même voté écologistes qu'En marche.

« Un tiers des macronistes de 2017 qui ont voté aux régionales s'est porté vers la droite et presque un autre tiers vers la gauche - 18 % vers le PS et 12 % vers les écologistes », analyse Bruno Jeanbart, soulignant la faible implantation du parti présidentiel, dont les trois meilleurs scores ont été réalisés par des porte-drapeaux Modem. Quand ils sont allés aux urnes, les Français qui se disent « satisfaits » du président de la République ont d'abord voté… à droite.

· Des électeurs de Le Pen

70 % de ces derniers ne sont pas allés aux urnes, soit plus que la moyenne. C'est plus que ceux de Jean-Luc Mélenchon (56 %), d'Emmanuel Macron (57 %) et, surtout, de François Fillon (53 %). En 2015, à peine 37 % des électeurs de la patronne de l'extrême droite en 2012 s'étaient abstenus au premier tour des régionales. Et plus de neuf sur dix étaient allés voter pour ses listes.

Marine Le Pen capte toujours, en revanche, la plus grosse part des électeurs des « gilets jaunes » et des anti-vaccins . Le tiers des votants qui disent « soutenir tout à fait » la colère apparue en 2018 sur les ronds-points ont mis un bulletin RN dans l'urne dimanche. Soit 18 points de plus que pour les autres formations. La même proportion de votants pas vaccinés et ne voulant pas l'être s'est tournée vers l'extrême droite, 12 points de plus que vers la droite.

Tag(s) : #Politique française
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