Les salariés du domaine de l’énergie (électricité et gaz) se sont rassemblés mardi 22 juin dans la capitale pour protester contre les projets de restructuration d’EDF et Engie. Ils ont été rejoints par des cheminots venus de la France entière.
Paris, reportage
À travers la pluie battante, on pouvait distinguer quelques casques EDF, des vestes siglées Enedis, et bien sûr les incontournables chasubles rouges de la CGT. Mardi 22 juin, des milliers de salariés du secteur de l’énergie, venus de la France entière, ont bravé les mauvaises conditions météorologiques pour défiler dans les rues de Paris. Ils manifestaient contre deux projets de restructuration des entreprises EDF et Engie.
Le premier vise à diviser EDF en trois entités distinctes : un « EDF bleu », qui regrouperait les activités nucléaires, détenu à 100 % par l’État ; un « EDF azur », dédié à la production d’hydroélectricité ; et un « EDF vert », rassemblant notamment les énergies renouvelables et la distribution d’électricité via Enedis. Celui-ci serait ouvert à hauteur de 30 % environ aux capitaux extérieurs. Une réorganisation est aussi prévue pour le groupe Engie, qui serait séparé en plusieurs morceaux mis à la vente. « Il faut arrêter de tout casser ! s’emportait Gaëlle, chargée d’affaires pour une centrale nucléaire de l’ouest de la France, venue dans la capitale pour le rassemblement. On ne peut pas séparer l’énergie, c’est quelque chose de national qu’il faut garder tel quel. »
« En France, l’énergie, notre bien commun, devient une marchandise. Nous voulons mettre en échec toutes ces réformes », a lancé au micro Sébastien Ménesplier, secrétaire général de la Fédération nationale mines-énergie CGT, à la fin de la manifestation parisienne. Les travailleurs craignent des pertes d’emplois (menacés par l’externalisation de certaines activités), la fragilisation de leurs statuts et une hausse des coûts pour les usagers.
- Malgré la pluie battante, des milliers de cheminots et de salariés de l’énergie se sont rassemblés place de la République à Paris. © Justine Guitton-Boussion/Reporterre
Le tout pour rémunérer les actionnaires de sociétés privées, tandis que le secteur le plus déficitaire — le nucléaire — serait payé par l’État, soit les contribuables français. « Ce n’est pas normal que des entreprises privées gèrent des choses nécessaires à tous les Français : l’énergie, mais aussi l’eau ou le téléphone par exemple », estimait Samuel, technicien d’exploitation venu de Lunel (Hérault) pour l’occasion. « Le service public de l’énergie prendrait tout son sens s’il était demain géré par deux établissements publics à caractère industriel et commercial (Épic), un pour l’électricité et un pour le gaz comme l’étaient autrefois EDF et GDF. Nous voulons ces Épic nationalisés, 100 % publics ! », a conclu Sébastien Ménesplier, acclamé par la foule.
La lutte de ces salariés a été rejointe par d’autres : parmi la masse de personnes regroupées sur la place de la République, on pouvait aussi trouver des cheminots, à l’image de Laurent, venu de Calais pour la journée. « Je suis venu défendre les salariés de l’énergie, c’est un service public attaqué de toute part, estimait-il. On est solidaires avec eux. »
Malgré la pluie, des centaines de cheminots avaient fait le déplacement pour l’occasion. Dans un appel à manifester, le collectif Convergence nationale rail écrivait que le secteur ferroviaire, comme le domaine de l’énergie, étaient menacés « par des attaques convergentes cherchant à les démanteler et les soumettre aux lois du marché ».
En ligne de mire : l’ouverture à la concurrence des lignes de TER en 2019, gérées par les régions. Le Grand Est, les Hauts-de-France et Provence-Alpes-Côte d’Azur ont notamment publié plusieurs appels d’offres, dans l’espoir d’intéresser des opérateurs privés. « La propagande patronale affirme que l’ouverture à la concurrence des trains de voyageurs permettra de faire baisser les prix. C’est un discours entendu mille fois et jamais vérifié », a fulminé au micro Laurent Brun, secrétaire général de la CGT Cheminots.
Démantèlement d’EDF, ouverture à la concurrence des trains, même combat ? « La CGT fait le choix de fédérer les luttes, a poursuivi le syndicaliste. Nous montrons aujourd’hui qu’à partir de réalités différentes, de calendriers différents, par nos choix, nous pouvons mobiliser ensemble, construire des démarches revendicatives communes, et que notre message est plus fort grâce à cela. »
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