Les Gilets jaunes sont réapparus en force dans les cortèges tourangeaux contre le pass sanitaire.
© (Photo cor. NR, Xavier Desnos)
Certains Gilets jaunes de la première heure sont au cœur du mouvement contre le pass sanitaire. Les raisons de la colère sont différentes mais les modes d’action se ressemblent.
Samedi dernier, dans une petite rue du Vieux-Tours, ils recueillaient des bouchons apportés par les manifestants. Des Gilets jaunes avaient pris l’initiative de compter de cette manière les personnes présentes dans le cortège, pour contester les chiffres officiels donnés par la police. C’est sur la page Facebook « Officiel Gilets Jaunes 37 » qu’avait été lancé l’appel à venir manifester avec un bouchon afin de permettre ce décompte de la mobilisation. Finalement, la différence entre les estimations de la police et celles des organisateurs ne sera pas flagrante. Mais cette initiative reflète la défiance des manifestant vis-à-vis des autorités qu’ils soupçonnent de minimiser la mobilisation.
Pour autant, malgré ce rôle actif, les Gilets jaunes d’Indre-et-Loire disent ne pas être à l’origine de la mobilisation contre le pass sanitaire. « Après le discours de Macron du 12 juillet, explique G., une Gilet jaune, les gens se sont mobilisés spontanément. On a vu arriver des gens qui n’étaient pas avec nous au début. »
G. a 37 ans. Elle est infirmière en maison de retraite privée. Elle est restée dans l’action des Gilets jaunes depuis 2018. Comme David, 40 ans, un passionné de moto hostile au contrôle technique comme au pass sanitaire. « Nous, nous sommes mobilisés contre ce système depuis 2018, explique-t-il. Le pass sanitaire, c’est encore une mesure imposée d’en haut sans concertation. »
Dans le cortège des manifestations, les Gilets jaunes se reconnaissent avec leur chasuble et leurs banderoles. Le mouvement anti-pass ressemble à leur mouvement du début, avec pourtant des thématiques très éloignées. « Pour nous, ce qui a mis le feu aux poudres, c’était la hausse des taxes sur le carburant, souligne David. Mais après, c’est tout le système de décision du gouvernement qui nous a mis en colère. Nous voulons être entendus, d’où la volonté d’imposer le référendum d’initiative citoyenne. »
Pour G., même si le thème sanitaire est très différent de celui qui l’a incitée à se révolter, la mobilisation d’aujourd’hui est « dans la continuité » de celle des Gilets jaunes. « Le pass sanitaire, c’est une décision liberticide contre le peuple, encore une fois », martèle-t-elle. Même quand on lui fait remarquer que cette décision a un objectif de santé publique face à un virus très contagieux, elle répond que « le Covid, c’est une maladie peu létale, ce n’est pas la tuberculose ni ebola ».
David aussi a épousé l’hostilité aux mesures sanitaires qu’il juge « liberticides » et minimise également la gravité de l’épidémie.
Une chose est sûre, c’est que le mouvement anti-pass a emprunté la forme de la mobilisation des Gilets jaunes : des appels à manifester lancés sur les réseaux sociaux, une mobilisation chaque semaine qui se veut spectaculaire, un circuit non déclaré en préfecture… « Nous sommes avant tout des citoyens bafoués », résume l’infirmière.