Une manifestante poussé au sol par les forces de l'ordre lors d'un rassemblement contre le confinement à Melbourne, le 18 septembre (image d'illustration).
Confinements drastiques, surveillance hi-tech, répression violente : soucieuses de s'adapter au nouvel «ordre mondial», les autorités australiennes ont pris des mesures restrictives uniques au monde. Sans émouvoir les chancelleries occidentales.
«Nous sommes une démocratie libérale fière. Nous croyons en un ordre mondial qui se bat pour la liberté» : lors de son adresse par visioconférence devant l’Assemblée générale de l’ONU le 25 septembre, le Premier ministre australien Scott Morrison s’est lancé dans un vibrant plaidoyer sur la façon dont son pays respecterait «les droits et les libertés des individus», et supporterait «la dignité et la liberté d’expression de tout le monde». Un discours somme toute sans surprise de la part d’un dirigeant d’une démocratie occidentale, mais qui dans les circonstances actuelles revêt une dimension singulière, tant il vient se heurter avec violence au mur de la réalité.
Depuis le début de la crise sanitaire, l’Australie qui visait une stratégie «zéro Covid» n’a en effet eu de cesse de mettre en place des mesures restrictives draconiennes, parmi les plus sévères – si ce n’est les plus sévères – au monde. Sa politique de confinement, décidée au niveau des Etats, est à ce titre unique : la capitale Canberra ou encore la ville d’Alice Springs ont ainsi été confinées après la découverte... d’un seul cas positif. Melbourne, la deuxième ville la plus peuplée du pays, est en passe de devenir la ville la plus confinée au monde depuis le début de l’épidémie. Lorsque les restrictions seront levées, le 26 octobre prochain si la date n’est pas prolongée d’ici là, les habitants de Melbourne auront passé près de neuf mois enfermés chez eux.
S'il est dans la nature humaine d'engager la conversation avec les autres, d'être amical, ce n'est malheureusement pas le moment de le faire
Des mesures drastiques appliquées dans une ambiance oppressante, régulièrement alimentée par les autorités. A Sydney par exemple, l’armée a été déployée fin juillet pour faire respecter un confinement de plus en plus critiqué par la population. L’objectif, selon le ministre de la Police de l'Etat David Elliott, est de mettre au pas une petite minorité d'habitants qui pensent que «les règles ne s'appliquent pas à eux». Une manière de justifier des scènes qui pourraient par ailleurs sembler surréalistes, comme l’arrestation en grande pompe fin août de «l’ennemi sanitaire numéro 1», un individu à qui il était reproché d’avoir refusé de s’isoler après un test positif.
Dans cette recherche de sécurité sanitaire absolue, les autorités ont été jusqu'à initier des recommandations ubuesques, notamment éviter au possible les conversations. «S'il est dans la nature humaine d'engager la conversation avec les autres, d'être amical, ce n'est malheureusement pas le moment de le faire. Donc, même si vous rencontrez votre voisin dans le centre commercial, n'engagez pas la conversation. C'est le moment de minimiser vos interactions avec les autres», expliquait ainsi fin juillet la responsable de la Santé de l'Etat de Nouvelle-Galles du Sud, Kerry Chan. Le Premier ministre de l'Etat de Victoria annonçait de son côté le 16 août l'interdiction de retirer son masque pour boire un verre dehors : «Il n'y aura pas de retrait de masque pour consommer de l'alcool en plein air, vous ne pourrez plus retirer votre masque pour boire un cocktail dans un jardin public ou sur le chemin de la tournée des pubs.»
Camps de quarantaine, application de reconnaissance faciale
Au-delà de ces mesures uniques au sein des démocraties occidentales, l'Australie se démarque également par les restrictions mises en place sur les déplacements de ses ressortissants à l’international ou à l’intérieur du pays. D’une part, Canberra a tout simplement interdit à ses citoyens de quitter le territoire, à de rares exceptions près. D'autre part, les Australiens qui rentrent au pays en provenance de l’étranger ou qui voyagent entre différents Etats australiens classifiés en «zone rouge», doivent se soumettre à une quarantaine de 14 jours. Si elle s'effectue normalement à l'hôtel, la ville de Darwin a été la première à mettre un camp à disposition que les Australiens de la région peuvent privilégier à cet effet, moyennant 2 500 dollars.
Les policiers sont venus voir cette femme en face. Parce qu'il se passait environ cinq secondes entre les gorgées du thé qu'elle buvait, et qu'elle enlevait son masque
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