SOURCE : Aujourd'hui
La vente par son actuel propriétaire, le Finlandais UPM, de la papeterie Chapelle Darblay de Grand-Couronne (Seine-Maritime) à Samfi Invest et Paprec pour en faire un site de production d’hydrogène a conduit la métropole à sortir de sa réserve pour donner sa chance à l’offre concurrente de Veolia.
Les dés sont-ils jetés pour la papeterie Chapelle Darblay dont l’usine de Grand-Couronne (Seine-Maritime) est fermée depuis juin 2020 ? Ce vendredi, le conseil de surveillance de son propriétaire finlandais, le groupe UPM, a acté la vente du site aux sociétés Samfi Invest et Paprec qui portent un projet reposant, d’un côté, sur la production d’hydrogène par électrolyse, d’ici trois à cinq ans, et de l’autre, sur une activité de tri de déchets papiers et plastiques. À terme, d’après les repreneurs, près de 300 emplois devraient être créés, mais seulement une cinquantaine dans l’immédiat.
Cette décision a provoqué la colère des représentants syndicaux, qui défendaient eux l’offre de reprise concurrente déposée, jeudi en urgence, par le groupe Veolia associé à la société Fibre excellence. « On préfère un hypothétique projet de fabrication d’hydrogène et une activité de tri sans recyclage à une offre qui permettait de conserver sa vocation papetière au site et son savoir-faire en matière de recyclage tout en créant dans la foulée entre 200 et 250 emplois directs, sans compter les centaines d’emplois induits », assure Arnaud Dauxerre, délégué syndical sans étiquette, associé à ses deux camarades de la CGT.
Pour Bruno Le Maire, l’offre de Veolia mérite d’être examinée
L’organisation syndicale et son secrétaire général Philippe Martinez était monté au créneau lors d’une manifestation de soutien en juin dernier pour défendre « ce site exemplaire en matière d’économie circulaire et environnementale ». Mis en cause dans ce dossier par la CGT, qui regrette amèrement que « ni l’écologie, ni l’industrie, ni l’emploi ne (soient) au cœur des préoccupations du gouvernement », Bruno Le Maire, le ministre de l’Économie, et Agnès Pannier-Runacher, la secrétaire d’État chargée de l’Industrie ont fait savoir qu’ils regrettaient « qu’UPM n’ait pas retardé sa prise de décision alors même que les deux offres n’ont pas pu bénéficier d’un examen suffisamment détaillé ».
Les deux ministres rappellent « qu’il est de la responsabilité d’UPM de mener à bien, avec l’ensemble des parties prenantes, une analyse approfondie de toutes les options disponibles (…) Nous estimons que l’offre alternative de Veolia mérite d’être examinée dans le détail ». Une prise de position qui n’oblige en rien UPM a revoir sa copie.
Mais, du côté de la Métropole Rouen-Normandie, et de son président, le socialiste Nicolas Mayer-Rossignol, une autre voie se dessine. Ce dernier n’a jamais caché ses interrogations sur le projet « hydrogène » et sur le bien-fondé de ce choix stratégique pour son territoire. « Va-t-on se résigner à abandonner le recyclage papier/carton en France ? À exporter le papier/carton vers d’autres pays à des centaines de kilomètres, à l’enfouir ou le brûler, au mépris du coût carbone ? Alors que la France vient d’être condamnée pour ses manquements en matière de lutte contre le réchauffement climatique, veut-on, oui ou non, développer enfin l’économie circulaire et restaurer notre souveraineté industrielle nationale ? », demande l’élu.
Ce vendredi, Nicolas Mayer-Rossignol, a donc annoncé que la métropole allait « se mettre en ordre de bataille pour user de son droit de préemption, comme le permet la législation française ». Une parade qui a reçu l’assentiment des syndicats et devrait nécessiter un investissement de l’ordre de 7 à 8 millions d’euros de la part de la collectivité. « Cette solution serait risquée financièrement si Veolia n’avait pas déposé son offre », estime pour sa part le syndicaliste Arnaud Dauxerre, qui promet de tout faire pour faciliter le travail de la métropole. « Mais là, poursuit-il, nous sommes face à des investisseurs sérieux (NDLR Veolia) qui ont un vrai projet de reprise pour Chapelle Darblay ».