« Dans les années 70, le (vrai) PCF était encore puissant. Commettant l’erreur stratégique de l’alliance avec le Parti socialiste (mais ce n’est pas le sujet d’aujourd’hui, on en parlera une autre fois), il avait été unitaire pour deux et obtenu la signature du « Programme commun ». Très actif, il organisait régulièrement réunions publiques, meetings et manifestations pour le populariser. Comme le faisait également la CGT elle aussi encore puissante, et jouant son rôle de courroie de transmission. Eh oui, et il faut l’assumer, en ce temps-là la charte d’Amiens était bien oubliée.
Il arrivait que dans les réunions publiques et les manifestations déboulent des poignées de gauchistes qui venaient y brailler. Hurlant des slogans stupides comme celui des maoïstes français (!) Marx-Engels-Lénine-Staline-Mao ! Que ces imbéciles psalmodiaient en cadence. Mais surtout ils passaient leur temps à insulter le Parti et la Cégète. Traités de révisionnistes, réformistes et traîtres à la Révolution par ceux qui revendiquaient avoir seuls les clés pour la faire advenir. C’était assez énervant, de voir ainsi perturbées nos réunions entre potes. Par des gens qui n’y étaient pas invités et trouvaient normal d’y taper l’incruste en chiant sur le tapis du salon. Alors à l’aide de quelques paires de baffes si nécessaire, on leur demandait fort aimablement de bien vouloir dégager. Les invitant à se rendre dans la cabine téléphonique de leur choix pour y organiser leur propre manifestation de masse.
Il arrivait que les importuns deviennent agressifs, et renâclent un peu à suivre nos pertinents et amicaux conseils de débarrasser le plancher. C’est alors que les prolos des services d’ordre du Parti et de la CGT (je vous dis pas les engins…) se chargeaient de leur donner une rapide leçon de marxisme-léninisme avec les outils pédagogiques normalement efficaces que sont les manches de pioche. C’était sympa…
— Mais pourquoi tu nous racontes ça aujourd’hui ?
— Je ne sais pas, peut-être une bouffée de nostalgie. D’un temps où la pleurniche n’était pas une ligne politique. »