Quand Napoléon, par le blocus continental, tente d'interdire à la Grande-Bretagne tout commerce avec le continent européen
Décréter des sanctions économiques à l'encontre d'un état n'est pas chose nouvelle dans la politique européenne...
Napoléon en décrétant le "blocus continental" de la Grande-Bretagne en 1806, vise à interdire à cette puissance tout commerce avec les ports européens pour ruiner l'économie britannique.
De cette manière, l'Empereur espère empêcher, pendant quelques années, le Royaume-Uni d'écouler ses marchandises et ainsi provoquer une hausse massive des stocks, provoquant des faillites, et une raréfaction des importations susceptible de provoquer une hausse des prix et une chute du pouvoir d'achat.
Si l'Empereur a pris cette mesure, c'est qu'il sait que l'infériorité navale française ne lui permet pas de bloquer les ports de la Grande-Bretagne.
Le blocus, comme les sanctions aujourd'hui contre la Russie, est donc une arme de guerre économique.
Bien appliqué, ce blocus napoléonien devait mettre en péril de larges pans de l'économie britannique, tant pour l'importation (de céréales,, d'armes et de munitions) que pour l'exportation (de produits coloniaux et principalement de cotonnades et de lainages qui, réunies, représentent plus de 50 % du total des exportations britanniques).
Mais, à l'inverse, l'interdiction de commercer ne touche pas que "l'ennemi", les marchandises françaises et européennes n'ont plus de débouchés outre-Manche, et cela mécontente à force le monde des affaires européen.
Le blocus ne peut donc réussir que si l'ensemble du continent le respecte. Or, à fin 1806, le décret n'est exécuté qu'en France et dans les royaumes alliés et pays occupés, à savoir l'Italie, l'Espagne, le Royaume de Hollande, des provinces allemandes , ainsi que le Danemark.
Mais comment contraindre les autres pays de respecter l'interdiction de commercer ?
Par des traités, certes, mais aussi par la guerre.
Et cette option va être fatale à Napoléon.
Face aux états récalcitrants, tels le Portugal, Napoléon choisit la manière forte : l'invasion. Mais il faut traverser l'Espagne l'empereur se heurte au peuple. Les partisans lui infligeront sa première et douloureuse défaite, avant celle qu'il subira dans les plaines glacées de Russie, en 1812.
Aujourd'hui, les "paquets" de sanctions, qui frappe cette même Russie, ne peuvent priver celle-ci des débouchés vitaux pour son économie.
Adossée à la vaste Chine, liée par des traités au très riche Kasakhstan, aux BRICS*, la Russie ne peut être isolée dans le monde d'aujourd'hui.
Mais ni Washington, ni Bruxelles n'ont rien retenu de l'Histoire...
Et c'est tant pis.
*Les BRICS sont un acronyme pour désigner un groupe de cinq pays qui se réunissent depuis 2011 en sommets annuels : Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud . Et depuis, l'Algérie souhaite en faire partie...
JEAN LEVY
Publié mardi 28 février 2023