La France se situe parmi les Etats où la fabrication et le commerce des armes sont des plus florissants. Si cette industrie ne visait qu'à fournir le matériel nécessaire à la propre défense de la Nation, qui en trouverait ombrage ?
A condition, comme beaucoup d'autres secteurs de l'économie, que cette production soit d'Etat, qu'elle relève de la Nation, et que de ce fait, elle de soit pas source de profits. privés.
Or, en France, c'est tout le contraire.
La production est dans les mains de "marchands de canons" pour reprendre l'expression des milieux pacifistes dès la guerre de 14-18, qui ont , bien entendu de vendre le plus de matériel possible - les conflits permettant leur usure et leur destruction, donc de fabrication accélérée pour en fabriquer toujours plus.
La guerre en Ukraine permet aux industries françaises de l'armement de développer en permanence les fabrications de matériel militaire jetés en permanence dans la bataille pour l'accroître en nombre et le renouveler.
Les affaires, en temps de guerre, s'en portent toujours mieux.
Troisième exportateur mondial de matériel de défense, la France dispose d’une industrie capable d’assurer la quasi-totalité des équipements nécessaires à son armée. Regroupant près de 2 000 entreprises totalisant un chiffre d'affaires de 30 milliards d'euros.
La France dispose sur son territoire de capacités industrielles à même d'assurer de manière autonome la production et la fourniture de la quasi-totalité des équipements nécessaires aux armées pour remplir leurs missions.
S'inscrivant sur le temps long, le développement des industries françaises de défense est indissociable de celui de la puissance militaire de la France, et reste marqué par une relation étroite entre ces industries et l'Etat.
Or, avec la guerre en Ukraine et le choix de nos gouvernants de s'aligner sur les objectifs stratégiques de l'Otan, donc des Etats-Unis, la France livre à l'Ukraine en premier ses stocks d'armement, laissant notre armée démunie, dans un état inquiétant.
Sauf, le secteur nucléaire, propre à la France, et donc indépendant, selon l'orientation du général de Gaulle.
Aussi, nos industries mettent les bouchées doubles, en fournissant à Kiev toujours plus de matériel. Et sont intéressées à cette production nos entreprises phare en la matière, qui se goinfre de profits.
Constitués de grands groupes de défense (Airbus Group, Dassault Aviation, Naval Group, Thales, MBDA, Nexter, Arquus, Safran), ils présentent de premier abord une très grande hétérogénéité, à la fois de taille (en nombre d'employés et en chiffre d'affaires), mais surtout d'activités (très marquées sectoriellement) et de finalités (Airbus ou Safran réalisent ainsi près de 80% de leur chiffre d'affaires sur les marchés civils, à contrariodes entreprises comme Nexter ou MBDA sont exclusivement tournées vers l'armement).
Lisons le journal patronal
De quoi aiguiser les appétits des industriels..
Un effort exceptionnel de la France pour sa défense. C’est, en résumé, la tendance du nouveau budget des armées : 413 milliards d’euros pour la période 2024-2030.
Le projet de loi de programmation militaire (LPM) prévoit une augmentation des crédits dédiés de plus de 30 % par rapport à la précédente LPM (2019-2025).
Grâce à une hausse de 3 milliards d’euros par an d’une année sur l’autre, le budget annuel des armées va passer de 32 milliards d’euros en 2017 à 69 milliards d’euros en 2030.
La guerre en Ukraine et la prise de conscience du fait que la France pourrait être engagée dans un conflit de haute intensité dans la durée sont passées par là.
Pour le missile air-sol moyenne portée amélioré rénové (ASMP-R) de MBDA, qui équipe le Rafale de Dassault Aviation, c’est prévu durant la LPM 2024-2030
L’armée de terre poursuivra le renouvellement de ses matériels avec la réception de différents véhiculés blindés, dans le cadre du programme Scorpion, et de canons Caesar fabriqués par Nexter.
Des programmes assurés par Dassault Aviation et ses grands partenaires, Safran et Thales. Airbus bénéficiera quant à lui de la commande d’une trentaine d’avions de transport A 400M d’ici à 2030.
Augmenter les stocks de munitions
Le conflit en Ukraine a démontré la nécessité de disposer de stocks de munitions en grande quantité. Obus de 155 mm, missiles antichars, missiles de longue portée antinavires, torpilles lourdes... Quelque 16 milliards d’euros seront consacrés à ces stocks. Le missilier européen MBDA, et le spécialiste des explosifs Eurenco, qui vient de lancer une unité de production de poudre à Bergerac (Dordogne), devraient en être les principaux bénéficiaires.
Cinq milliards d’euros seront consacrés aux drones sur la période 2024-2030. De quoi aiguiser l’appétit de grands groupes comme Thales, Safran, MBDA, Airbus ; et de petits acteurs tels Novadem, Parrot sur le segment des drones aériens, Naval Group, Thales, Exail Technologies et Nexter pour le naval et le terrestre.
Ainsi, la crise d'Ukraine a des effets bénéfiques sur l'activité industrielle des entreprises des engins de guerre.
Il serait intéressant de connaître, à ce propos, leurs bilans et les sommes de profits accumulés et comparées depuis la veille de la guerre en Ukraine et ces présentes années.
D'autre part, l'intensification de la production de matériel militaire prévue dans les années qui viennent, va être portée par Macron et son gouvernement au crédit de la réindustrialisation du pays.
Tout ceci s'ajoute à l'essentiel : l'entrée en guerre matérielle de la France contre la Russie, porte en elle le danger primordial : celui d'une guerre généralisée, du fait que la France est belligérante dans un conflit mené de loin par les Etats-Unis, extérieur aux intérêts de notre pays.
JEAN LEVY
Article publié
jeudi 25mai 202
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