et aujourd'hui
Quotidiennes sont les émissions à la télé qui vitupèrent la Chine, son mode de vie, ses dirigeants. Cet État serait totalitaire, inquiétant pour son nationalisme, menaçant pour le monde. Et se revendiquant du communisme, par dessus le marché.
"Arte" est de ces chaînes-là, le meilleur exemple.
Et pourtant, c'est sur la même chaîne que fut diffusé, il y a quelques jours un documentaire qui nous relate posément l'historique de cette nation. Et qui explique, preuves à l'appui, qu'il fut, le long des siècles, l'objet de convoitises et d'agressions militaires de la part d'États, où les Européens eurent leur part. Ceux-ci cherchaient à s'approprier ses richesses, à dominer son commerce, à se partager ses ports par la force de ses canonnières.
Depuis 1773, le Royaume-Uni disposait du monopole de la vente d’opium en Chine et cherche alors à affaiblir la Chine, d'abord en droguant à mort sa population pour l'obliger de s'ouvrir aux puissances étrangères. À titre de réponse, en 1800, la Chine interdit la culture du pavot pour réduire l’hégémonie du Royaume britannique sur le marché chinois. La Grande-Bretagne importe alors le pavot d’Inde pour continuer à alimenter le marché, voulant l’imposer en paiement des marchandises qu’elle importe.
- La première guerre de l'opium fut déclenchée lorsque la Chine interdit l’importation et la consommation d’opium en 1839. Elle oppose donc la Chine au Royaume-Uni, jusqu’en 1842.
- La seconde guerre de l'opium se déroule de 1856 à 1860 et voit cette fois l’intervention de la France et des États-Unis aux côtés du Royaume-Uni. Et les soldats de notre pays, dans Pékin conquise, brûlent le Palais d'été, vénéré par la population.
- La défaite de l’armée chinoise en 1860 contre l’armée britannique alliée à celles des États-Unis et de la France, obligea la Chine à céder sa souveraineté, son commerce et le territoire de Hong Kong pour 99 ans à la Grande-Bretagne...
L'humiliation et la honte ont donc traversé ces derniers siècles, et nourri le sentiment national pour les générations successives, sentiment que les agresseurs d'hier reprochent à la Chine aujourd'hui, comme la marque d'un nationalisme exacerbé, dangereux et menaçant.
Le documentaire d'Arte, nous explique aussi, comment, au cours des siècles - où en Europe régnait la féodalité - la Chine impériale était administrée par un grand corps de fonctionnaires - les mandarins - recrutés sur concours ouverts à tous. Ils devaient réussir les examens fort compliqués tout au long de leur carrière, renouvelés jusqu'à 60 ans passés. Ces fonctionnaires lettrés étaient éduqués dans la tradition de Confucius, Ainsi, à la suite d'études de haut niveau, ils administraient l'empire.
Des mandarins
Et le documentaire présenté par Arte nous apprend le cours ultérieur de l'histoire de la Chine, sa volonté de s'adapter au monde moderne. Et c'est au début du 20ème siècle que le rêve s'est réalisé avec la révolution en 1911, et l'avènement de la République, en janvier 1912 précisément, la fin des empereurs - les derniers venus de Mandchourie - qui dirigeaient le pays depuis 221 av.Jésus Christ.
Ces quelques fragments d'histoire expliquent ce que ses ennemis d'hier et d'aujourd'hui nomment le "nationalisme chinois", et la fierté d'avoir été l'Empire du Milieu, terre de raffinement pour l'occident.
Mais le grand changement, le formidable bond en avant, c'est la révolution communiste qui a fait de la Chine avec Mao, en 1949, non seulement un Etat où la misère est écartée, une nation libre, et, en peu de décennies, l'une des deux plus grandes puissances mondiales, peut être la première en modernité et en technicité..
Qui pourrait reprocher à Pékin de tirer les leçons du passé, et de faire en sorte, que la Chine ne soit plus attaquée comme au siècle dernier par des puissances étrangères, qui lui ont fait la guerre pour la piller, la France en premier ?
JEAN LÉVY
Article publié
mardi 6 juin 2023
sur