Comme dans toute la France...
Le Mouvement politique d’émancipation populaire (M’PEP) appelle au boycott
des élections européennes.
De passage à Hénin-Beaumont, Jacques Nikonoff, son porte-parole, et Jean-
Claude Danglot, ex-sénateur communiste, s’en expliquent.
Quelle différence entre boycott et abstention ?
Jacques Nikonoff : « L’abstention est un acte individuel sans véritable contenu politique. Le boycott est un acte politique collectif, une participation à une campagne électorale sauf qu’on n’a pas de candidats. Nous essayons d’être la voix politique des abstentionnistes. »
Pourquoi boycotter ?
« L’enjeu de cette élection n’est pas le score du Front national mais de savoir quel sera le taux de l’abstention. Les abstentionnistes vont délégitimer le système de Bruxelles. Le vote légitime le système. Le discours politique dominant est de dire « Nous avons un cadre, c’est la preuve que l’Union européenne est démocratique ». L’enjeu est de savoir quelle sera la proportion du rejet de Bruxelles. »
Que reprochez-vous aux institutions européennes ?
« L’Union européenne est conçue par nature pour interdire la souveraineté des peuples. Le fondement de l’Europe, c’est d’interdire la démocratie. Quand un résultat ne plaît pas aux oligarques bruxellois, on fait revoter les gens. Regardez l’Irlande en 2005.
La deuxième raison, c’est que le parlement n’a strictement aucun pouvoir, c’est un parlement d’opérette. Les candidats Front national qui prétendent sortir de l’euro font comme les autres politiques, ils vont à la gamelle. »
Changer la majorité ?
« C’est une farce. L’Union européenne est conçue pour verrouiller toute possibilité d’expression des peuples. Le parlement n’est pas un vrai parlement en ce sens qu’il ne peut pas changer les traités. Et toutes les politiques de l’union reposent sur des traités. Quelle que soit la majorité, il ne se passera rien.
Si le parlement n’est pas d’accord, le conseil européen, qui regroupe les chefs d’État, sort du droit européen et passe au droit international, ce qui lui permet de gagner à tous les coups. C’est exactement ce qui se passe avec le pacte transatlantique sur le commerce. »
L’idée de boycott progresserait donc.
Jean-Claude Danglot : « Le terme est en train de prendre. Il y a une prise de conscience comme chez les syndicalistes. On est surpris de voir tous les dirigeants politiques monter au créneau contre le boycott : Jacky Hénin, Marine Le Pen. »
Que recherchez-vous in fine ?
Jacques Nikonoff : « Le démantèlement de l’Union européenne, le retour aux souverainetés nationales, pas par volonté nationaliste mal comprise mais parce que c’est la condition pour mener des politiques internationales. Il faut revoir l’ensemble des relations internationales et faire en sorte que les coopérations se fassent entre pays souverains, débarrassés des programmes libéraux. »