Depuis dimanche soir, la banlieue brûle à nouveau. Deux ans après le drame de Clichy-sous-Bois - deux jeunes avaient trouvé la mort en voulant échapper à la poursuite de policiers - deux autres ados sont tués à la suite d'une collision de leur moto avec une voiture de police, à Villiers-le-Bel. L'évènement met le feu aux poudres. Les jeunes du quartier n'acceptent pas la thèse de l'accident. Ils se rebellent contre l'ordre établi, et plus concrètement, contre tout ce qui, à leurs yeux, le représente. D'abord les voitures, les abris-bus, puis les vitrines, les bâtiments publics sont les cibles de la haine. Et bien sûr, les forces en uniforme, bottées et casquées, qui représentent l'Ordre honni. L'incendie gagne les villes environnantes. La rage accumulée jour après jour, se mue en violence brutale. Le mépris, les vexations renouvelées s'ajoutent aux rencoeurs d'une population souvent privée d'emplois, marquée du sceau de la pauvreté et, de ce fait, reléguée loin des centres villes. Ces jeunes "font peur aux honnêtes gens", comme le versifiait Jacques Prévert.
Les autorités s'inquiètent. Ministre et Président prêchent 'calme et modération', tout en activant la justice. Des compagnies de CRS supplémentaires sont dépêchées sur place. Les médias parlent de 'guerrilla urbaine'. Un scénario catastrophe, remake de celui de novembre 2005, va-t-il se réaliser ? Rien n'a changé depuis lors. La misère sociale s'étend à la périphérie de Paris, alors que la richesse s'exhibe avec cynisme dans les beaux quartiers. Le champagne coule à flots, Dior célèbre avec faste son énième anniversaire, deux cents familles gaspillent chacune un patrimoine de plus de cinquante millions d'euros, l'ordre règne à Neuilly. Mais les "barbares qui menacent la société" hantent toujours les fauxbourgs !
Comme au temps des canuts !