La course à la Maison Blanche a débuté dans l'Iowa, sous la forme d'un "caucus" (débats après votes).
Peuplé de 3 millions d'habitants, à 97% de population 'blanche' et fortement religieuse, cet Etat rural est qualifié par le Washington Post, d'Etat de "monoculture, maïs, soja et évangélique".
Huit candidats 'démocrates' et sept 'républicains' se présentent aux suffrages des électeurs, se disant soit du parti de "l'âne", soit du parti de "l'éléphant", ou se proclamant "indépendants".
Une intense campagne de terrain a mobilisé les aspirants à la magistrature suprême.
Selon les sondages, deux candidats, du côté 'démocrates", devaient arriver en tête :
Hillary Clinton, sénatrice de New York, protestante (méthodiste), qualifiée de "candidate du Big business" par son concurrent, Barack Obama, sénateur de l'Illinois, protestant lui aussi mais de "L'Eglise du Christ", hostile à la guerre d'Irak et proposant de réformes plus que mesurées.
Il faut signaler qu'il est métis, de père Kényan et de mère native de l'Amérique profonde.
En ce qui concerne les 'républicains', les sondages annonçaient comme devant arriver dans les premiers, Mike Huckabee, ancien gouverneur de l'Arkansas - qui fut pasteur - , proche de "la droite religieuse", et Mitt Romney, ancien gouverneur du Massachussetts, milliardaire très lié aux milieux d'affaires, supporter de Georges Bush.
Les citoyens qui ont pris part au 'caucus' - 15% des électeurs inscrits, le double du score antérieur - ont déjoué les pronostiques visant les candidats 'démocrates'. Hillary Clinton est arrivée troisième, loin derrière Barack Obama (38%) et John Edwards, lui, favorable au retrait des forces US d'Irak, défenseur d'un programme social plus affirmé.
Le 'républicain' Mike Huckabee, qui n'a pas eu l'appui des puissances d'argent, (il n'a récolté que 2,3 millions de dollars pour sa campagne contre 60,3 millions à son adversaire), qualifié de "social-populiste" par le NYT Magazine, a pourtant battu Mitt Romney !
Que peut-on tirer comme enseignement de ce scrutin ?
Les électeurs ruraux et 'blancs', généralement classés comme conservateurs, ont voté CONTRE les candidats qui semblaient représenter "l'établissement", l'ancien président Bill Clinton et l'actuel, George Bush.
Certes, il est bien trop tôt pour émettre des conclusions définitives. L'Iowa ne peut être considéré comme représentatif de l'ensemble des Etats-Unis.
Cependant, si la tendance se confirmait dans le New Hampshire, le 8 janvier, et au-delà jusqu'au "Super Tuesday" du 5 février, jour où des 'primaires' auront lieu dans 22 Etats (dont ceux de New York, de Californie, de Géorgie, du Massachussetts...), la vraie campagne commencera avec les deux challengers désignés qui s'affronteront jusqu'au premier mardi de novembre avec, pour toile de fond, la crise économique et la guerre d'Irak.
Inutile de préciser que les promesses de campagne, lorsqu'elles expriment une opinion 'progressiste' ou 'pacifiste', n'engagent que les électeurs qui y croient encore.
"L'heureux élu" ne peut être aux Etats-Unis que celui qui possède les moyens financiers nécessaires à sa campagne. Rien que pour le très petit Etat d'Iowa, 40 millions de dollars ont été dépenses par les candidats. Deux d'entre eux disposent du plus gros trésor de guerre : Hillary Clinton ( 90,9 millions de dollars) et Barack Obama ( 80, 3 millions), devant Mitt Romney qui ne vient qu'en troisième position avec 6o millions !
C'est dire sur qui compte le " Big business" !
Pour changer les choses, il faudrait que les pauvres, les laissés pour compte de la société, les dizaines de millions d'Américains privés de couverture sociale participent au vote. Ce qui n'est pas le cas : 50% des électeurs s'abstiennent lors des 'présidentielles' et ce sont ces couches-là qui en fournissent le plus fort contingent.
Ce que nos laudateurs de la "démocratie" étatsunienne 'oublient' de rappeler.
Ce qui en dit long sur la confiance du peuple américain accorde à ses politiciens ...