Coca-Cola et Pepsi-Cola sont deux marques concurrentes de boissons gazeuses. Mais leur composition est quasi identique. Le choix des consommateurs peut se comparer au dilemne auquel sont confrontés les heureux citoyens des "grandes démocraties" occidentales. Dans le langage politique, on appelle cela le "bipartisme". C'est ce que nous appelons, sur notre blog, le Parti Bleu et le Parti Rose. Concurrents certes, mais leur "produit" offert, comme on dit dans les banques, est des plus ressemblants. Le "bipartisme" constitue le label exigé de la qualité "démocratique" du système.
Il est utilisé même au sein d'un même parti. Regardez ce qui se passe aux Etats-Unis, au sein du Parti démocrate : Hillary Clinton ou Barack Obama. Le Monde commente l'évènement en titrant, le 23 avril :
"L'argent, élément décisif pour départager les candidats démocrates à la Maison Blanche".
Le "bipartisme" permet donc de poursuivre "courageusement" une politique rejetée majoritairement par la population, qu'elle soit menée par le Parti Bleu ou par le Parti Rose. Quand le sentiment de rejet vis-à-vis de l'équipe au pouvoir est tel, le citoyen peut alors changer la couleur de son bulletin de vote, sans modifier le cours des choses.
Ainsi est établi la stabilité nécessaire au marché et à la concurrence libre, valeurs essentielles de la "démocratie". On appelle cette pratique, "l'alternance", ce qui évite d'offrir un réelle "alternative".
Le "bipartisme" s'oppose donc au système de Parti unique, en vigueur dans les dictatures où les citoyens ne peuvent exercer librement leur choix, comme en Occident. Le seul critère est devenu, non pas le contenu du régime économique et social du pays, mais l'existence ou non du "bipartisme", dans ce pays.
Certes, il arrive que face aux Partis Bleu et Rose, émerge une formation qui conteste leur politique. Dans ce cas, pour ne pas mettre celle-ci en cause , les Partis Bleu et Rose gouvernent ensemble, comme en Allemagne, en Autriche, en Hollande. On appelle çà "la grande coalition". Mais l'inconvénient du procédé, c'est de faire éclater au grand jour, l'identité de vue des deux partis, et de renforcer l'opposition du troisième larron. comme quoi, tout n'est pas toujours simple dans une "démocratie" !
Aussi, une forme encore plus raffinée de celle-ci prend corps.
Le Monde, du 23 avril, annonce la couleur :
"En Italie, un bipartisme sans parti".
Et d'expliquer que les deux blocs qui se sont disputés le pouvoir aux denières élections, de l'autre côté des Alpes, le Parti du Peuple et de la Liberté, de Silvio Berlusconi, et le Parti Démocrate de Walter Veltroni sont :
"deux formations supposées en constituer l'ossature sont tout sauf des partis politiques classiques. Le PPL se résume à un homme, Silvio berlusconi.Il en était de même de Forza Italia qui l'a porté pour la première fois au pouvoir en 1994 (...) Le PD est à la recherche de la modernité dans le dépassement du clivage gauche-droite (...) Toutefois, aucune de ces deux formations n'a de structures, d'identité, de règles de fonctionnement".
En clair, le PPL et le PD n'ont pas de statuts, pas de militants, seulement un "état-major" qui décide souverainement. Il faut reconnaître que cette trouvaille est géniale, et qu'elle porte le"bipartisme" à un rang supérieur de "démocratie". C'est vrai, quand un parti doit, même formellement, demander l'avis des adhérents, il y a un risque de "populisme" qui peut contrarier l'orientation décidée "en haut". Le "bipartisme sans parti" évite cet écueil.
L'exemple italien est à méditer pour parfaire encore la "démocratie".
La France est encore en retard sur ce plan.
La mue complète du Parti socialiste en parti OFFICIELLEMENT "social-libéral", exigée par ses partis frères européens, et plus qu'encouragée par le Nouvel Obs' de Denis Olivennes et de PPR, et Libération de Joffrin-Rothschild, n'est pas totalement réalisée du point de vue formel. La "Déclaration de principes" qui va être soumise aux militants du PS (c'est tout le hic de la chose), a beau rappeler la fidélité du parti à l'"économie de marché", il lui faut encore, pour la forme, intercaler "sociale et écologique" entre "économie" et "marché". C'est le prix à payer pour obtenir l'assentiment des adhérents !
Avec le "bipartisme sans parti", plus de scrupules ni de finasseries...
C'est le fin du fin de la "démocratie" !