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Le film Les citronniers* nous conduit au coeur de la Palestine occupée.
Par le biais d'une fiction, nous sommes confrontés à la domination coloniale de l'occupant israélien sur des territoires dont il s'est arrogé le droit de disposer à sa guise. Certes, il s'agit d'une fiction avec ses invraisemblances. Mais, d'entrée, nous ressentons l'humiliation qui pèse sur un peuple, le mépris avec lequel il est traité.  
A partir d'un cas individuel, Salma, une Palestinienne depuis dix ans veuve, cultive avec amour une plantation  de citronniers dont on sent presque le parfum. Elle en fait des jus et des préparations qui vous mettent l'eau à la bouche. Ses grands enfants vivent loin d'elle. Un vieux jardinier, déjà dévoué au père qui avait planté ces arbres magnifiques, l'aide de tout son savoir faire.
Tout irait bien si le hasard n'avait pas conduit un Israélien a emménager dans une superbe maison qui jouxte les fameux citronniers. Or, ce nouvel arrivant n'est autre que le ministre de la Défense de l'Etat hébreu. Et, le fameux mur de séparation qui isole les territoires occupés d'Israël n'est pas encore construit à cet endroit. Les services de sécurité sont sur les dents : les arbres fruitiers pourraient fournir une cache à des terroristes. La décision est prise par l'autorité militaire. Il faut abattre tous les citronniers.
Notification en est faite à la propriétaire. Celle-ci, horrifiée à l'idée de perdre tous ses arbres qui ont plus qu'une valeur marchande - l'adminitration israélienne lui offre une indemnisation - se pourvoit devant les tribunaux. En attendant une décision de justice, le champ est entouré d'une haute barrière métallique. Et Selma n'a plus droit d'y pénêtrer.
Tel est le combat de cette femme contre l'arbitraire qui défend sa terre, ses citronniers, face à la toute puissance de Tsahal. Elle défend son bon droit bafoué par les autorités de Tel Aviv. Elle est aidée par un avocat palestinien, dans cette lutte inégale de David contre Goliath.

Laissons de côté les sentiments qui naissent entre eux pour ne retenir que la réalité quotidienne en Palestine occupée, faite d'humiliation, d'arbitraire doublé de la bonne conscience du colonisateur qui fait sien le bien des autres, sans état d'âme, ni même de méchanceté particulière.
Le ministre se croit dans son bon droit, car il a peur.  Il vit dans la psychose orchestrée par des 'gorilles' en lunettes noires, en permanence stressés. Un mirador domine le verger de citronniers, et en haut, de jour comme de nuit, un soldat guette l'ennemi invisible.
La pendaison de crémaillère organisée par le ministre, et à laquelle assiste la gentry israélienne, devient le symbole de l'humiliation de Salma, et plus généralement du peuple palestinien. Il manque les citrons pour que la fête commence. Le ministre expédie illico une escouade de militaires pour cueillir les fruits manquants dans le verger de Selma. Sans se soucier de lui demander l'autorisation, sans même la prévenir de cette incursion. Les Israéliens se croient chez eux partout. Tout leur appartient. Ainsi, la nuit festive, une détonnation retentit. Aussitôt, des soldats, armés jusqu'aux dents, pénètrent chez Salma, dévastent l'appartement, brisent des meubles, et s'en retournent, n'ayant rien trouvé.

Comme le film est l'oeuvre d'un réalisateur israélien, il lui faut équilibrer son récit. La femme du ministre garde des sentiments humains. Elle est bouleversée par l'injustice faite à sa voisine palestinienne. Une journaliste prend parti, dans la meilleure tradition hollywoodienne.
Certes, si le cinéaste avait été palestinien, la dénonciation de l'occupation aurait été plus incisive. Mais, justement, émanant d'un citoyen du pays colonisateur, la critique ne s'en fait que plus percutante, et pour les spectateurs occidentaux, plus convaincante.
Tel est le mérite politique du film, fort bien joué, avec une mis en scène sobre et intimiste.
Il aurait pu s'appeler Les citrons de la colère

* Les citronniers
Film franco-israélien-allemand de Eran Riklis


Tag(s) : #Internationalisme
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