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Construite à proximité des favelas de Mexico - les bidonvilles d'Amérique latine - qui s'étagent sur des collines jusqu'à l'horizon, "la Zona" est un domaine pavillonnaire, réservé aux riches, interdit aux pauvres.
Cerné par tout un réseau de hauts murs garnis de barbelés et constellés de caméras, cette cité abrite dans de confortables villas une population qui se veut à l'abri des "autres", protégée à la fois par un réseau "hight tech" électronique et par une législation intérieure propre, élaborée par ses habitants, en dehors de la loi commune.

"La zona"* est un film réalisé par Rodiguo Pla, réfugié politique au Mexique, dont la famille à fui l'Uruguay, en 1978.  
Pour lui, la réalité est encore plus terrible  que sa fiction : plus de 20% de la population mexicaine vit dans des favelas aux conditions misérables. Cela engendre une violence extrême. Les kidnappings sont quotidiens. Ils  visent à extorquer des rançons. Les classes moyennes sont les principales victimes, les riches ayant les moyens de se protéger. Dans une "Zona", par exemple.
Le film nous conte une péripétie de cette opposition brutale entre des familles ainsi "protégées" et l'immixion dans leur univers de trois jeunes venus pour  cambrioler. Deux d'entre eux sont massacrés. Le troisième, un ado de seize ans, se cache dans la cité.  Une battue est organisée.
"C'est la meute des honnêtes gens qui fait la chasse à l'enfant", comme l'a écrit Jacques Prévert..
Nous pouvons ainsi mesurer l'ampleur que prend la haine de ces riches vis-à-vis des pauvres.
Bardés de certitudes, ces nantis vivent dans la peur. Ils se sentent en permanence encerclés au milieu d'une multitude hostile. Ausi, ils s'enferment, au mental comme sur le plan technique, dans une "forteresse assiégée" où ils estiment avoir tous les droits, y compris le droit de tuer. Le scénario nous en montre tous les aspects. Il nous fait découvrir comme un condensé de cette société totalitaire.
La police gangrénée par la corruption absolue laisse faire, y compris les meurtres.
Rodrigo Pla pointe du doigt le type de société que la "globalisation" capitaliste engendre par le fossé insondable qu'elle creuse au sein de la population mondiale. Déjà, près d'un milliard d'hommes, de femmes et d'enfants vivaient, en 2003 dans des "favelas", des "barrios", des bidonvilles immenses.  Ceux-ci germent comme une pourriture qui se répand sur le globe, à l'ombre des oasis des riches.
Faut-il évoquer le plus grand bidonville mondial, de plus d'un million d'habitants, au coeur de Mumbaï (l'ancienne Bombay) qui côtoie les opulents quartiers d'affaires de la métropole indienne en pleine expansion ?
La Zona serait-il un film d'anticipation, à l'échelle du globe ?
Serait-elle une illustration de la "civilisation" que le Capital nous prépare : une minorité de maîtres du monde, dominant dans leurs bunkers, la masse des esclaves réduits à la misère ?

Peut-on éclairer d'une meilleure façon la lutte des classes qui se développe sous nos yeux ?

*
La Zona, propriété privée
    un film de Rodrigo Pla


Tag(s) : #Lutte de Classe
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