Aujourd'hui, 8 mai, jour ferié, nombre de Français partent quelques jours se détendre, au vert, à la campagne, ou sur le bord de la mer. Pour nombre d'entre eux, cette date correspond au début d'un vaste "pont" qui englobe, jusqu'à lundi, les fêtes de la Pentecôte.
Mais que signifie donc le 8 mai ? Que commémore-t-on à cette date ? Beaucoup l'ignorent.
La radio mentionne simplement que Nicolas Sarkozy se rend à Ouistréham pour rendre hommage à un commando français parachuté sur cette localité, lors du débarquement allié en Normandie.
C'est tout. Toute l'information est focalisée sur le soixantième anniversaire de la création d'Israël. Rien sur ce qui s'est passé le 8 mai 1945.
Et pourtant, ce jour-là, l'Allemagne capitulait sans condition, après la plus sanglante des guerres (cinquante millions de morts), qu'elle avait sciemment provoquée. A Berlin, le 8 mai, le maréchal Keitel, représentant le commandement allemand, signait l'acte de capitulation, face aux représentants militaires français, britannique, américain et soviétique. Hitler s'était suicidé huit jours plus tôt dans son bunker berlinois, alors que l'armée soviétique plantait le drapeau rouge sur le Reichstag, dans Berlin conquise.
L'offensive d'ensemble contre la capitale allemande a coûté 700.000 morts Soviétiques et 350.000 Allemands.
Cet anniversaire méritait plus qu'une escapade présidentielle dans un port normand.
La Russie, elle, commémore avec faste, sa victoire sur l'agresseur nazi, bien que le pays ait changé de régime politique. Le peuple garde au coeur la grande guerre nationale qu'il a menée durant quatre ans, au prix de plus de 20 millions de citoyens soviétiques, civils et militaires, tués au combat, massacrés par l'occupant, avec de vastes territoires systématiquement détruits.
Les dirigeants français boudent, eux, cet anniversaire.
Pourquoi ?
L'évènement est-il trop ancien ? Alors, pourquoi célébrer, chaque année, le 11 novembre 1918 ? Et seulement le 6 juin 1944, présenté comme le symbole de la libération de la France par "nos alliés américains et britanniques". Cette volonté d'occulter le 8 mai 1945 a des raisons politiques.
D'abord, les dirigeants français ont toujours eu le souci d'occulter la capitulation allemande à l'heure de la célébration du "couple franco-allemand", présenté comme "le moteur de l'Europe". Il ne faut pas froisser nos alliés d'outre-Rhin, qui considèrent toujours le 8 mai comme un désastre national. Il est frappant de constater que l'Allemagne fédérale n'a jamais célébré comme une libération la chute du nazisme.
Ensuite, la France officielle a changé de camp. D'"alliée", célébrée par de Gaulle, l'Union soviétique est devenue "l'ennemie" au cours de la guerre froide. Aussi, le souci de la "Propaganda Abteilung" française a toujours voulu "réviser" l'histoire, afin de cacher la vérité à l'opinion française, et en particulier aux jeunes générations. A cet effet, l'enseignement, qui leur est prodigué, travestit les faits (en particulier à travers des manuels franco-allemands d'histoire, pour les grandes classes de nos lycées), occulte les évènements de nature à s'inscrire en faux vis-à-vis de la version médiatique de la Seconde guerre mondiale.
Qui sait, aujourd'hui, que seulement 20% du potentiel militaire allemand faisait face aux forces alliées en Normandie, alors que 80% des effectifs de la Wehrmacht, de la Lutwaffe, tentaient vainement de contenir l'Armée rouge, sur un front de 2000 kms, à l'Est de l'Europe ?
Sans ce rapport de force, que se serait-il passé à l'Ouest ?
Qui connaît l'appel angoissé des dirigeants anglo-américains à Staline, fin décembre 1944, pour que celui-ci avance la date de son offensive, devant le désastre subi dans les Ardennes belges, à Bastogne, par les troupes alliées, bousculées par quelques divisions nazies ?
Qui se rappelle des tentatives américaines d'accord séparé avec les forces hitlériennes à l'Ouest, au printemps 1945, pour se retourner ensemble contre les Soviétiques, et du soutien apporté à cette initiative US par le numéro trois des SS, commandant les forces allemandes, en Italie ? Seul, le refus de Hitler a fit échouer cette opération. Pour "nos alliés", il s'agissait de tout faire pour que l'Armée rouge ne parvienne pas à Berlin, avant eux.
Qui se souvient des bombardements terroristes des villes allemandes par l'US Air Force, alors que celle-ci avait la consigne d'épargner les grandes entreprises où des intérêts américains n'avaient pas cessé de commercer durant la guerre, telle l'IG Farben, qui deviendra la QG des forces américaines d'occupation ?
Toutes ces vérités ne sont pas bonnes à dire, de nos jours, entre partenaires de l'Union européenne. C'est pourquoi, il est inutile d'attendre des médias aux ordres, la moindre parcelle de vérité sur ce qu'a été le 8 mai 1945.
Comme chacun sait : "la vérité est révolutionnaire !"