La Vème république est née officiellement le 28 septembre 1958. A cette date, les Français ont approuvé par référendum, la nouvelle constitution, voulue et pensée par le général de Gaulle.
Comment en est-on arrivé là ?
Il est bon de revenir sur les évènements qui ont précédé le changement de République.
La France livre en Algérie une guerre, qui n'ose pas dire son nom, depuis près de quatre ans. Les divers gouvernements - Mendès-France, Edgar Faure, Guy Mollet - Bourgès-Maunoury -Félix Gaillard - qui se sont embourbés dans le conflit depuis 1954, parlaient d'une simple "opération de police".
Pour eux tous, "l'Algérie, c'est la France !". Mais le FLN résiste à toutes les offensives. Les combats se font plus violents. Guy Mollet, après s'être fait élire sur pour faire la paix, envoie le contingent sous couvert de "pouvoirs spéciaux", votés en mars 1956, y compris par le vgroupe parlementaire communiste. Alors que Robert Lacoste, gouverneur de l'Algérie parle de "dernier quart d'heure", les massacres, la torture, les incendies de douars, le napalm, rien n'y fait. La lutte se fait âpre. En 1957, c'est la "bataille d'Alger" menée par les paras de Massu et de Bigeard, à qui le gouvernement donne les pleins pouvoirs de police. C'est aussi le début des conspirations militaires contre les autorités républicaines, des complots, perpétrés contre des personnages officiels par des éléments ultra, avec la complicité de politiques gaullistes (Michel Debré est cité dans un attentat contre le général Salan...).
Le PCF organise des Journées "contre la guerre en Algérie", telle celle du 18 octobre 1958.
Fin 57, début 58, la situation se déterriore. De nouvelles exécutions capitales d'Algériens ont lieu à Alger. Des soldats du contingent, tels Serge Magnien, Jacques Alexandre, Raphaël Grégoire, jeunes communistes, "refusent de faire la guerre au peuple Algérien". Ils sont condamnés par les tribunaux militaires. Le livre d'Henri Alleg, "La question", est saisi.
A Paris, l'agitation parlementaire de droite et les commandos colonialistes et fascistes créent une atmosphère de troubles.
Le 14 mars 1958, 7000 policiers en uniforme (une première !), se livrent à une manifestation antiparlementaire devant le Palais-Bourbon.
Le 15 mars, le ministre André Morice, Georges Bidault, Michel Debré, se réunissent à Nice avec Alain de Sérigny, directeur de l'Echo d'Alger. Ils réclament "un gouvernement de Salut public, dirigé par le général de Gaulle, seul susceptiblr de résoudre le problème algérien".
Maurice Duverger, écrit dans Le Monde, daté du 7 mars, :
"Tout le monde parle du retour au pouvoirdu général de Gaulle. La droite ouvertement : après monsieur Poujade, voici que monsieur Soustelle fait publiquement appel à l'homme du 18 juin et les cris de Debré rejoignent la campagne de "Carrefour". A gauche, on est plus discret : les traditions et les principes sont contraires à la théorie de l'homme providentiel, mais on est gagné par la contagion".
L'Express note, de son côté, le 20 mars :
"La chute du gouvernement Gaillard ouvrira-t-elle une crise comme les autres ou "La Crise". C'est la grande question que l'on se pose aujourd'hui à Paris et la fréquence avec laquelle le nom du général de Gaulle est prononcé comme celui du seul sauveur possible traduit bien le climat actuel".
Le 15 avril, le gouvernement Félix Gaillard est renversé.
Le 24, six "terroristes" algériens, dont l'étudiant Abderhamane Taleb, âgé de ving ans sont gillotinés à Alger.
Deux jours plutôt, Karl Oberg, chef suprême des SS et de la Gestapo, pendant l'Occupation, ainsi que son bras droit Knoren, et quatre autres tortionnaires sont graciés.
Il est vrai que le 1er janvier, était entré en vigueur le traité de "Marché commun" européen...
Le 9 mai, le FLN annonce que trois militaires français ont été exécuté "puisque la France se refuse à arrêter les exécutions de prisonniers appartenant à l'Armée de Libération Nationale".
Le général Bigeard déclare :
"Cette armée (française) doit être fanatique avec l'esprit des croisés (...) décidée à casser du fellagha".
Le 12 mai, le gouvernement du MRP Pfimlin, après trois semaines de crise ministérielle, se présente devant lAssemblée.
A Alger, le Comité de Vigilance (regroupant 17 associations patriotitiques, en fait ultra colonialistes), noyauté par des émissaires gaullistes, écrit au Président Coty pour lui demander la constitution d'un gouvernement de salut public. Ce Comité de Vigilance appelle "les Algérois à des cendre dans la rue le lendemain 13 mai", pour appuyer leur revendication.
Le Monde note :
"Il n'est pas exclu que les manifestations prévues revêtent un caractère de violence rappelant celles qui se déroulérent le 6 février 1956".
Nous verrons, demain, ce qu'il en advint.