Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Au cours du XXe siècle, les Français s'étaient crus à l'abri des catastrophes, protégés par une "muraille de Chine", faite d'avancées sociales et de lois démocratiques, acquises au cours de l'histoire depuis la grande Révolution. Ils considéraient ce rempart comme inébranlable pour assurer leurs libertés. Certes, de temps à autres, des menaces se faisaient jour. Alors le peuple uni montait au créneau et chassait l'intrus. Ces moments héroïques se nommaient le Front populaire et la Résistance.
Parfois, la Providence, ou du moins un personnage qui se faisait passer pour tel, se hissait au haut du donjon pour, disait-il,  conjurer le péril qui menaçait la République. Mais l'illusion ne durait pas. Un décennie au pire. 
Pourtant, le danger était ailleurs : un genre de termites, subrepticement, minait l'édifice. Cette engeance sussurrait :
"
La muraille  nationale enserrait le pays dans un espace trop restreint".
"
Il fallait ouvrir des portes sur l'extérieur
".
Et de creuser ici et là des ouvertures nouvelles.
"Conservons les remparts. Ils feront une belle promenade !", répétaient leurs maiîtres d'oeuvre. Cette perspective de "moderniser" l'édifice rencontrait un écho dans l'opinion.
Puis des voix autorisées n'eurent de cesse de crier à la réforme de la vie dans la cité. "Il faut désenclaver le travail, supprimer les entraves au progrès, les lois désuètes !". Et d'ajouter : "Il faut que chacun puisse circuler librement au-delà de la muraille, et que les autres entrent chez nous sans façon".
On s'émerveillait de voir s'étendre le champ des promenades, les lieux de rencontres.
Pendant ce temps, la muraille, qui cessait d'être entretenue, laissait apparaître des fissures de plus en plus menaçantes. Le personnel, dont le rôle était de surveiller l'édifice, prit, peu à peu, quelque distance avec la sécurité des lieux. De véritables lézardes se firent jour. L'enceinte menaçait de s'écrouler sur les habitants.
Certes, des voix s'étaient élevées au fil des ans, pour annoncer le danger. Une pétition massivement signée avait exigé des travaux de réparation. Sans résultat.
"Pourquoi consolider une muraille en ruine, qui ne protège plus rien, ni personne ?" répondaient les autorités. Et d'ajouter : "Il vaut mieux l'abatttre, pour raison de sécurité !".
On aurait voulu entendre sonner le tocsin pour réveiller le peuple, le rassembler pour defendre la cité. Ce fut un grand et lourd silence
Les édiles regardaient ailleurs, parlant du temps qu'il fait, préoccupés par leur devenir personnel.
C'est ainsi que la population s'est réveillée un jour sans sa muraille.
Les voleurs de droits sociaux, les escarpes de la finance, le clan du CAC 40, se mirent alors à piller à qui mieux mieux les biens communs, les richesses de la Ville, l'ensemble des citoyens jusqu'au dernier savetier, sans remparts ni personne pour les protéger.
Une leçon àméditer

Tag(s) : #Politique
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :