Nicolas Sarkozy a rendu publique la nouvelle politique de défense qu’il entend imposer à la France. Pour rendre « efficace » l’Armée française, selon les propos du président, il faut réduire ses effectifs et la doter des matériels les plus sophistiqués. L’objectif, c’est de disposer d’une force de 30.000 hommes, rompue au combat et disponible en six mois. Ce nombre restreint de soldats mobilisables, son armement réduit à quelques centaines de chars Leclerc, de Rafales et d’unités navales, explicitent clairement les buts de la réforme. Son objectif est de posséder une force d’intervention rapide pour la projeter sur l’ensemble de la planète, jusqu’à 8000 kms, afin de protéger "nos intérêts" dans le monde.
De quels intérêts s’agit-il ?
Bien sûr, il s’agit du pétrole et des sources de matières premières. On se croirait revenu au bon vieux temps de la politique de la « canonnière ».
Mais, au-delà de cette perspective, c’est l’intégration de notre armée dans l’OTAN, c’est-à-dire dans l’Alliance militaire dominée par les Etats-Unis, dont il est essentiellement question. Ainsi, l’Armée française deviendrait une sorte de « Légion étrangère » au sein de l’US Armee*.
Ce qu’avait délibérément refusé le général de Gaulle.
Tout au long de notre histoire républicaine, l’Armée était, disait-on à l’époque, le garant de la défense nationale.
Le service militaire obligatoire, depuis la IIIe République, permettait, en permanence, d’associer la Nation à la protection du territoire.
Certes, cette idée fut transgressée souvent au profit de guerres de conquêtes coloniales, et de guerres impérialistes.
Mais, la levée en masse, lors de la Révolution française, pour sauver la patrie et la République, les francs-tireurs de 1871, se substituant à l’armée impériale en déroute, les FFI durant la Résistance (dont les FTP furent une avant-garde héroïque), la colonne de volontaires du colonel Fabien, en Alsace, en 1944, montrent l’efficacité d’un peuple en armes, au service de la Nation.
La suppression du service militaire, il y a quinze ans, pour le remplacer par une armée de métier, a créé la première brèche dans l’idée de « défense nationale ».
Certes, il fallait revoir nombre d’aspects vétustes et dégradants de ce service. Cependant, en excluant les citoyens des moyens de défense du pays, le pouvoir visait déjà à revoir la nature même du rôle de l’armée. Avec son « Livre blanc », le pouvoir sarkozyste va plus loin. C’est la notion même de « défense nationale »qui est mise en cause. A celle-ci, est substituée la notion d’interventionnisme militaire mondial.
Nos paras pourront crapahuter partout où les intérêts du Capital seront jugés en danger. Les forces françaises seront mises à disposition de la stratégie de l’appareil militairo-industriel US.
Le président de la République « réforme » dans ce domaine comme dans les autres au profit exclusif d’intérêts privés, y compris d’outre-atlantique.
C’est l’avenir de la France qui est en jeu.
*Rappelons que le budget militaire des USA représente à lui seul 50% des dépenses mondiales d’armement, soit autour de 500 milliards de dollars, alors que le budget russe