Selon un sondage, si les Français étaient consultés par référendum sur le traité de Lisbonne, leur réponse serait négative à 53%. Cette information n’a pas été largement diffusée par les médias. Chacun comprend les raisons de cette « prudence ». De même, le refus opposé par Nicolas Sarkozy à une consultation des citoyens résulte de cette crainte : un nouveau rejet par la France du texte qui devrait remplacer le projet de constitution créerait une crise sans issue de la construction européenne. D’ailleurs, avec beaucoup de cynisme, le président de la République n’a pas caché la motivation du choix du recours à la voie parlementaires pour ratifier le traité.
Au-delà du déni de démocratie que constitue cette attitude, celle-ci reflète le désarroi de l’élite dirigeante, en divorce total avec l’opinion publique, qui veut imposer par tous les moyens une politique désavouée par la Nation.
Cette situation n’est pas propre à notre pays.
Tous les autres Etats de l’Union européenne, conscients de la rupture entre leurs peuples et les gouvernements, ont également choisi la voie parlementaire de ratification. Mais si, de cette manière, celle-ci a toutes les chances d’être obtenue « mécaniquement », l’hostilité populaire grandissante réduit largement les effets du traité sur les évènements, avec le risque de le rendre caduc.
Quelles sont, dans ces conditions, les perspectives ouvertes aux dizaines de millions de citoyens qui refusent d’être dépossédés de leur souveraineté ?
Faut-il appeler, comme n’a pas manqué de le faire, Marie-George Buffet (au nom du PCF ?) à « Reconstruire l’Europe » ?
Au moment où les peuples rejettent en bloc la notion même de « construction européenne », synonyme pour eux d’asservissement social et politique, la visée de la dirigeante communiste est à contre-courant du sentiment populaire.
A ce sujet, la déclaration de l’économiste Jacques Nikonoff et de Michèle Dessene, porte-paroles du Mouvement Politique d’Education Populaire (M’PEP) est intéressante :
« Une « autre Europe », avec ou non une constitution européenne au contenu progressiste, est rigoureusement impossible dans le cadre politique et idéologique actuel de l’Union européenne.
La plupart des dirigeants de la gauche doivent comprendre que le mythe européen est arrivé à son terme, ce dont témoignent particulièrement les trois référendums où le « NON » l’a emporté.
Il faut que toute la gauche s’y fasse et le reconnaisse : l’Union européenne actuelle n’est pas un cadre aménageable. Elle est à déconstruire pour que les peuples réapprennent à disposer d’eux-mêmes tout en retrouvant les voies de la solidarité internationale. L’idée même d’une « autre Europe » est devenue obsolète dès lors que l’oligarchie rejette la démocratie. Elle est en train de bâillonner les peuples d’Europe, elle est un garrot, un nœud coulant qui étouffe l’espoir. Cette Europe ne sera jamais sociale, ni démocratique, ni féministe, ni écologique.
La grande perspective qui s’offre aujourd’hui, enthousiasmante, passe donc par la sortie de l’Union européenne et la construction d’une Europe à la carte, ou à géométrie variable, fondée notamment sur les principes de la Charte de La Havane. C’est plus démocratique, efficace, réaliste et sérieux ! ».
Cette position permet d’engager un débat fructueux.
A chacun d’apporter son opinion, ses critiques, ses propositions.