L'Humanité vient d’éditer un ‘hors-série consacré à la Chine.
Cette publication rassemble divers points de vue sur la réalité chinoise, dans les domaines de l’économie, du social, de la politique, des activités culturelles. La volonté du quotidien de donner un éclairage « non partisan », sur les différents sujets proposés, le conduit à utiliser tant la forme du débat que celle de l’interwiev, s’ajoutant aux articles centrés sur un aspect particulier de l’actualité.
L’ensemble est chapeauté par un édito du directeur de l’Huma, Patrick Le Hyaric. Celui-ci présente le ‘hors-série’ d’une manière qui se veut ‘ouverte’, lucide, sans a priori, loin de la caricature, ou de l’apologie.
C’est ainsi qu’il écrit :
« La Chine a réussi à se placer au rang de quatrième puissance mondiale dans le cadre d’une modernisation à marche forcée. Elle investit dans l’éducation de sa jeunesse, dans de grandes infrastructures en maîtrisant sa sphère bancaire et en maintenant un cadre étatique et des secteurs publics qui occupent le cœur de l’économie ».
Le Hyaric poursuit :
« C’est aussi grâce à la Chine que l’économie mondiale n’a pas sombré dans la récession ».
Mais pourquoi ajouter :
« La démocratie politique telle que nous la connaissons, et telle que nous y aspirons, est notoirement insuffisante et les manquements aux libertés ne sont pas supportables ».
Pourquoi reprendre les termes employés par la propagande impérialiste ?
La « démocratie», telle que la connaissent les ouvriers de chez Goodyear, « jetés » par les patrons de cette multinationale pour majorer encore leurs profits, ou plus généralement les Français, privés du droit de s’exprimer sur l’avenir de leur nation, pour « mauvais esprit », illustre bien le caractère de classe de son contenu. Si le directeur de l’Huma voulait polémiquer, il aurait mieux valu évoquer la démocratie, telle que les communistes l’envisagent, après un changement de société.
Certes, Le Hyaric note avec raison la différence « entre la manière dont le gouvernement chinois a traité le dramatique tremblement de terre dans le Sichuan et la manière dont les dirigeants américains ont laissé les familles populaires enfouies dans les affres du cyclone Katrina ? ».
N’y a-t-il pas là pourtant matière à opposer l’attitude naturelle de solidarité nationale et populaire d’un pouvoir émanant d’un Parti communiste, et le comportement de classe du Capital étatsunien ?
Au-delà de l’intérêt que présente ce « spécial-Chine » de l’Humanité, on peut regretter l’absence de données statistiques sur la réalité chinoise et le manque d’informations sur le quotidien du vécu, tant d’un ouvrier, d’un cadre de Pékin et de Shanghai, que d’un paysan d’une province excentrée. Il aurait été bon que cette réalité soit exprimée en yuans, gagnés et dépensés, au niveau de la nourriture, de l’éducation, du logement, de l’accès à la culture.
Il aurait été profitable pour mesurer les progrès accomplis de montrer, chiffres à l’appui, ce qui a changé dans les dix dernières années dans l’existence des Chinois, combien d’entre eux sont sortis de la pauvreté, et acquis un niveau de vie comparable à celui de la population occidentale.
Une comparaison, non avec des pays comme le nôtre, qui ont mis un siècle et demi pour s’industrialiser, mais avec l’Inde, qui a acquis l’indépendance dans les mêmes années que la Chine, aurait été instructive quant à la nature de chacun des deux Etats par rapport à leur développement.
Cette étude reste à faire.