C’est en ces termes que Le Monde, reflétant l’opinion des « élites », décrit la situation créée après la reconnaissance de l’indépendance autoproclamée de l’Ossétie du Sud et de l’Abkhazie par la Russie. La décision de Moscou et l’attitude « désemparée » des Occidentaux confirment le nouveau rapport de forces mondial, dont nous avons fait état dans de récents textes publiés par notre blog.
Les évènements du Caucase n’en constituent que le dernier élément. Ainsi le fait que des navires de guerre US aient renoncé à débarquer à Poti de « l’aide humanitaire » (qualifiée de matériel militaire par le président russe), montre la limite des réactions, tant des Etats-Unis que de l’Union européenne.
« Nous n’avons peur de rien (pas même) d’une nouvelle guerre froide» a déclaré Dmitri Medvedev, tout en précisant qu’il n’en voulait pas. Cette phrase résume la détermination russe de ne plus céder, face aux manœuvres d’encerclement tentées par l’impérialisme américain.
« Injustifiable », « inacceptable », « contraire aux principes d’indépendance, de souveraineté et d’intégrité territoriale », telle sont les termes utilisés par les dirigeants, à l’Ouest, en premier par Nicolas Sarkozy, pour caractériser la reconnaissance des deux nouveaux Etats par Moscou.
Fortes paroles, que leurs auteurs n’avaient guère employées lors du démembrement de la Yougoslavie d’abord, de la Serbie ensuite, dont ils étaient solidairement responsables. L’Otan avait même déclanché une guerre contre Belgrade à cette occasion. La reconnaissance occidentale de l’indépendance du Kosovo, c’est-à-dire le démantèlement de la Serbie, portait pourtant atteinte à son « intégrité territoriale ».
En Géorgie, les Etats-Unis et l’Union européenne croyaient alors que la Russie les laisserait faire sans réagir.
L’impérialisme a mal évalué le nouveau rapport de forces mondial.
Dmitri Medvedev avait pourtant prévenu, le 24 mai, à Pékin :
"Le président chinois Hu Jintao et moi-même avons reconnu que la coopération sino-russe est devenu un facteur majeur de la sécurité mondiale, sans laquelle les décisions importantes sont impossibles (...) Je dirais franchement que tout le monde n'apprécie pas notre coopération, mais qu'il en va, selon nous, de l'intérêt de nos peuples, que cela plaise ou non ! (...) Nos deux peuples se préparent activement à un grand bond vers l'avenir".
Et, au-delà de la Russie et de la Chine, de nombreux peuples d‘Amérique latine (« l’arrière-cour » des Etats-Unis), se sont libérés des contraintes économiques et politiques exercées, jusqu’à peu d’années encore, par l’impérialisme américain. D’autres nations, tel l’Iran, se sont engagées dans la voie d’un développement souverain et indépendant.
Cette nouvelle situation doit être prise en compte dans l’analyse que doivent faire les communistes et tous les progressistes pour leur propre combat de libération sociale et politique.
Certes, les forces du Capital restent puissantes dans le monde. Pour défendre leurs intérêts, elles demeurent porteuses le de dangerosité et de nuisance extrêmes pour la liberté et la paix.
Mais elles ne peuvent plus dicter leur loi, imposer leur leader ship comme dans les années 90.
Ce n’est plus le temps où l’on annonçait « la fin de l’histoire ».
Au contraire, une nouvelle l’histoire commence : celle des peuples.