Des textes et analyses fusent de toutes parts, quelques mois avant la tenue du congrès du PCF. Elles émanent soit de militants communistes ayant rompu avec le Parti, soit de camarades qui en sont toujours membres, en désaccord profond avec l’orientation de la direction.
Pour les uns comme pour les autres, la cohésion du projet dépend de l’analyse que l’on fait de la situation, tant dans le monde qu’en France, aujourd’hui.
Il faut donc confronter nos pensées en la matière.
Sur deux aspects essentiels, apportons notre pierre au travail commun :
1° - la situation internationale,
2° - la politique économique et sociale en France.
Abordons aujourd’hui le premier point.
Nous ne pouvons plus concevoir l’élaboration d’un programme sans prendre en compte, comme donnée fondamentale, la réalité suivante :
Depuis dix ans, le rapport de forces a profondément changé. De l’hégémonie américaine des années 90, créant l’illusion d’un monde « unipolaire », le monde traverse une phase d’équilibre entre l’impérialisme US, soutenu par l’Union européenne, et la montée en puissance de nations comme la Chine, la Russie, l’Inde, les pays d’Amérique latine. Ces Etats et leurs peuples sont en mesure aujourd’hui de peser sur les évènements mondiaux, indépendamment des Etats-Unis et de l’Union européenne.
Les derniers développements militaires au Caucase attestent de l’ampleur des changements survenus : les Occidentaux sont contraints à la défensive. Ils ne sont plus à même de dicter leur loi.
De nouvelles formes de coopération se nouent face à l’impérialisme yankee et ouest-européen. Ainsi, l’Organisation de Coopération de Shanghai, qui groupe la Russie, la Chine, l’ensemble des anciennes Républiques soviétiques d’Asie centrale, s’est créée en 2002. Des politiques communes dans les domaines les plus divers sont élaborées (santé, éducation, économie…) dans l’intérêt de chaque Etat participant. En outre, des pays comme l’Inde, le Pakistan, la Mongolie, l’Iran participent à l’OCS comme observateurs. Quand on mesure le poids démographique et la configuration géographique que représente l’OCS, on ne peut que constater le bien fondé des paroles du président de la Fédération de Russie, Dmitri Medvedv, le 24 mai, à Pékin :
"Le président chinois Hu Jintao et moi-même avons reconnu que la coopération sino-russe est devenu un facteur majeur de la sécurité mondiale, sans laquelle les décisions importantes sont impossibles (...) Je dirais franchement que tout le monde n'apprécie pas notre coopération, mais qu'il en va, selon nous, de l'intérêt de nos peuples, que cela plaise ou non ! (...) Nos deux peuples se préparent activement à un grand bond vers l'avenir".
Sur un autre continent, l’Amérique latine, la coopération est également réalisée entre nombre d’Etats, qui se libèrent de l’impérialisme, dans le cadre de l’Alternative Bolivarienne des Amériques.
L’ALBA, regroupe Cuba, le Venezuela, la Bolivie, l’Equateur, le Nicaragua, la Dominique et le Honduras. On se souvient, il y a peu d’années encore, des interventions militaires systématiques US dans ce que les Etats-Unis appelaient leur « arrière-cour » dès qu’un de ces pays recherchait l’indépendance économique. Qui ne discernerait pas un changement fondamental dans les rapports de forces dans le monde ?
Il faut citer également les échanges réguliers politiques, économiques et militaires qui se développent entre la Chine, l’Iran, la Russie, d’une part, et les Etats de l’ALBA.
Et ceci, à peu d’encablures des USA, alors que ceux-ci sont englués dans leurs guerres d’agression sans fin en Afghanistan et en Irak.
Le cadre de la lutte des communistes, en France, a donc changé fondamentalement depuis dix ans.
Nous ne combattons plus « le dos au mur » face à l’impérialisme triomphant.
Ce combat se mène donc dans des conditions nouvelles. L’exemple des peuples asservis d’Amérique latine qui ont réussi à briser l’étau, nous montre le chemin.
Le peuple de France comme celui des autres peuples d’Europe, marque une hostilité grandissante à l’Union européenne.
Lier la lutte contre la politique économique et sociale, que celle-ci nous impose, avec la bataille pour l’indépendance nationale et la souveraineté populaire, telle et la clé du succès.
On ne peut dissocier les deux objectifs.
Qui peut prétendre changer de société dans le cadre européen ?
Qui peut croire à la possibilité d’imposer la rupture avec le système même du capitalisme au sein de l’Union européenne ?