Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Telle est la constatation péremptoire d'Eric Fottorino, le directeur du Monde.
Le fait que celui-ci signe l'éditorial du quotidien du soir, daté du 6 novembre, est emblématique de l'enthousiasme qui l'anime en faveur du nouveau Président des Etats-Unis.
Déjà, il y a sept annnées, le directeur d'alors, Jean-Marie Colombani avait titré, au lendemain même de l'attentat du 11 septembre, "Nous sommes tous américains !". Rien de changé donc, dans la dépendance morale et politique du Monde, vis-à-vis du "Big Brother" du moment. 
Hier, George Bush, aujourd'hui, Obama : il faut toujours un "protecteur" pour "l'élite" de notre pays, à l'ombre duquel celle-ci  s'incline avec la docilité de la soumission offerte. Pour Eric Fottorino, Barack Obama "offre au monde un autre visage".
Et de reprendre, à son propos,  l'expression de Jean-David Levitte, "conseiller diplomatique de Nicolas Sarkozy et excellent connaisseur des Etats-Unis"
: "Le nouveau président 'ne porte pas une vision différente du monde'". Le directeur du Monde se rassure et rassure ses lecteurs :
"Il (Obama), n'est pas marqué par une 'idéologie démocrate' qui viendrait se substituer à la précédente".
Considéré, avec soulagement, comme "pragmatique" par nombre d'observateurs, le 'multilatéralisme' de Barak Obama "n'ira pas très loin", selon Hubert Védrine, l'ancien ministre des affaires etrangères de Lionel Jospin, qui ajoute :
"Jamais il ne fera dépendre la politique des Etats-Unis d'une réunion de l'ONU". Autrement dit, comme ses prédécesseurs, Obama  se fiche comme d'une guigne de l'opinion des Nations Unies. L'exemple le plus récent de ce mépris impérial concerne le maintien du blocus de Cuba, condamné par 185 pays et maintenu par Washington.
 
Le Monde (avec son cahier spécial de douze pages consacré à l'évènement), reflète bien l'attitude de "l'élite" française. Libération jubile, Bernard-Henri Lévy philosophe, les leaders socialistes sont aux anges et le président de la République française, considère Obama comme le "Nicolas Sarkozy américain". C'est tout dire !

En fait, la classe politique française pousse un "ouf" de soulagement : enfin, à l'image de "l'affreux yankee", va succéder enfin celle du "bon américain", pas raciste pour un sou, soucieux d'égalité et de progrès social. On va pouvoir remettre sur le marché (libre et non faussé), le rêve américain, rénové et reblanchi :
"l'American Way of Live" de la libre entreprise, "où chaque citoyen peut devenir président".
"Tout devient possible !" a répêté mille fois Barack Obama, copiant le slogan  de Sarkozy...

Quant aux Américains eux-mêmes, nos médias les présentent baignant, globalement, dans une joie délirante. Et de parler d'un "raz de marée" en faveur du candidat démocrate.
Qu'en est-il en réalité ?
C'est vrai : de dix à quinze millions de citoyens, parmi les plus défavorisés, qui jusque là se jugeaient socialement exclus du champ électoral, ont cette fois voté en masse. Noirs, pour la plupart, très souvent chômeurs, vivant dans les ghettos délabrés des villes américaines, ces déshérités ont vu dans la candidature métisse de Barack Obama un symbole.   Le nouveau président représente, dans le pays qui fut celui de l'escavage, et qui en garde de nombreuses séquelles, l'immense espoir du changement.
Ils se sont rués aux urnes. Leur vote a fait l'élection. Les chiffres parlent d'eux mêmes : Obama a reccueilli entre 65et 67 millionsde voix , soit 52% des suffrages. Et parmi ceux-ci, l'immense majorité des 10 à 15 millions des nouveaux électeurs.
Faites le compte  : sans ceux-ci, McCain aurait été élu !
Cette situation porte en elle, une  exigence sociale de grande portée, de la part des citoyens les plus pauvres des Etats-Unis.
Et aussi un espoir, qui risque d'être rapidement déçu.

Tag(s) : #international
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :